L’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) reste l’une des régions les plus dynamiques du continent.
Le Comité de Politique Monétaire (CPM) de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a tenu, le mercredi 8 décembre 2021, sa quatrième réunion ordinaire au titre de l’année 2021, par visioconférence, sous la présidence de Monsieur Tiémoko Meyliet KONE, Gouverneur de la Banque Centrale, son Président statutaire.
Le Comité a passé en revue les principales évolutions de la conjoncture économique internationale et régionale au cours de la période récente, ainsi que les facteurs de risque pouvant affecter les perspectives à moyen terme d’inflation et de croissance économique dans l’Union.
Au titre de la conjoncture internationale, le Comité a noté une croissance continue de l’activité économique mondiale au troisième trimestre 2021, bien qu’à un rythme plus lent qu’au trimestre précédent. La dynamique de cette reprise reste inégale à l’échelle mondiale, avec des bases plus solides dans les pays développés que dans les pays émergents, en raison notamment des meilleurs taux de vaccination et des mesures budgétaires et monétaires plus expansionnistes.
Selon le Fonds Monétaire International, l’économie mondiale connaîtrait en 2021 une reprise avec une croissance de 5,9%, après une contraction de 3,1% en 2020. Toutefois, l’apparition d’un nouveau variant et la vague de contamination récente au coronavirus, débutée en Europe en octobre 2021, pourraient à nouveau conduire à l’instauration de mesures de restriction de déplacements et affecter négativement les perspectives de reprise mondiale.
Sur les marchés des matières premières, les cours des produits énergétiques ont poursuivi leur raffermissement sous l’effet de la reprise de la demande à l’échelle mondiale. Les indices des prix des matières premières non énergétiques exportées et des produits alimentaires importés par les pays de l’UEMOA se sont également accrus au cours du troisième trimestre 2021. Pour leur part, les prix des produits hors-énergie ont enregistré une légère baisse.
L’inflation s’est accélérée dans la plupart des régions du monde, en raison, d’une part, du dynamisme plus fort qu’attendu de la demande, en lien avec les mesures de soutien budgétaire et monétaire et, d’autre part, de la persistance des contraintes sur l’offre de biens et services.
Examinant la conjoncture interne, le Comité a relevé un raffermissement de l’activité économique au troisième trimestre 2021, avec une croissance, en rythme annuel, de 6,7% après 7,7% au trimestre précédent. Cette bonne évolution a été soutenue par un raffermissement progressif de la demande intérieure ainsi que par la hausse de la valeur ajoutée dans l’ensemble des secteurs d’activité.
L’exécution des opérations financières des Etats membres de l’UEMOA, au cours des neuf premiers mois de l’année 2021, laisse apparaître un creusement du déficit global, base engagements, dons compris, qui est ressorti à 4.492,8 milliards à fin septembre 2021 contre 4.388,4 milliards un an plus tôt, en lien essentiellement avec l’accélération des investissements publics dans le cadre des plans de relance mis en œuvre par les Etats membres.
Sur le marché monétaire, la détente des taux d’intérêt s’est poursuivie au cours du troisième trimestre 2021, en ligne avec l’orientation accommodante de la politique monétaire de la Banque Centrale. Le taux d’intérêt moyen pondéré sur le marché interbancaire, toutes maturités confondues, est ressorti en légère baisse, s’établissant à 2,60% au troisième trimestre 2021 contre 2,61% un trimestre plus tôt et 3,01% à la même période de l’année précédente. Le taux débiteur moyen des banques, hors taxes et charges, a également enregistré une baisse entre le deuxième et le troisième trimestre 2021 pour s’établir à 6,22% contre 6,36%.
Les créances sur l’économie se sont accrues, avec une progression, en rythme annuel, de 8,9% à fin septembre 2021. Les actifs extérieurs nets se sont également renforcés de 26,2% au troisième trimestre de l’année 2021. La masse monétaire s’est accrue, en rythme annuel, de 17,5% à fin septembre 2021. Les réserves de change de l’Union à fin septembre 2021 correspondent à un taux de couverture de l’émission monétaire de 81,7% et assurent à l’Union 6,1 mois d’importations de biens et services.
Le Comité de Politique Monétaire a relevé une progression de l’inflation, celle-ci ressortant à 3,8% au troisième trimestre 2021 contre 3,3% un trimestre plus tôt. Cette hausse des prix est imputable essentiellement au renchérissement des produits alimentaires, du fait de la baisse de la production céréalière dans certains pays, des difficultés d’approvisionnement induites par les crises sanitaire et sécuritaire dans d’autres pays ainsi qu’à la hausse de l’inflation importée. Le taux d’inflation sous-jacente est également ressorti en hausse, s’établissant à 3,0%, après 2,7% un trimestre plus tôt.
Selon les prévisions, l’inflation devrait revenir en dessous de 3,0%, dans le courant de 2022, à la faveur de l’atténuation progressive des tensions sur les prix des produits importés et de la bonne campagne agricole attendue pour 2021/2022.
Sur la base de ces analyses, le Comité de Politique Monétaire a décidé de maintenir inchangés le taux d’intérêt minimum de soumission aux opérations d’appels d’offres d’injection de liquidité à 2,00% et le taux d’intérêt du guichet de prêt marginal à 4,00%, niveaux en vigueur depuis le 24 juin 2020. Le coefficient de réserves obligatoires applicable aux banques de l’Union demeure inchangé à 3,0% depuis le 16 mars 2017.
Dans les mois à venir, le Comité de Politique Monétaire de la BCEAO demeurera vigilant sur la dynamique d’évolution de l’inflation et prendra, le cas échéant, les mesures nécessaires pour assurer la stabilité des prix, tout en soutenant le retour à une croissance forte.