En visite au Sénégal, la directrice générale du FMI a été accueillie samedi 11 décembre au siège de la Délégation à l’entrepreunariat rapide (DER/FJ) des femmes et des jeunes. Plantant le décors, le ministre délégué à la DER/FJ, Pape Amadou Sarr a d’abord rappelé la conjoncture économique du Sénégal. Le pays table sur une croissance de 5,1% en 2021 et une projection de 10,8% en 2023. “Nous allons irrémédiablement vers l’émergence», déclare Pape Amadou Sarr. Et de présenter à la directrice du FMI cette structure innovante créée en 2017 sous l’impulsion du président Macky Sall. Le principe de la DER/FJ est simple : trouver des ressources courtes à taux bas (moins de 5% ) pour inclure les jeunes et les femmes. S’exprimant d’abord en français puis en anglais, après un remarquable “j’aime le Sénégal en” en Wolof, la DG du FMI a salué la naissance d’une telle structure destinée à des catégories souvent exclues par le secteur bancaire classique. «Nous ne pouvons pas parler du développement sans un focus spécial sur les jeunes dans un pays où 60% ont moins de 25 ans”.
Et Kristalina Georgevia de poursuivre : “l’entreprenariat est une solution à l’emploi mais aussi à l’innovation dans les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle. Et l’innovation est associée aux jeunes”.
En Afrique où 20 millions de jeunes intègrent le marché de l’emploi chaque année , il faut des emplois et surtout de bons emplois, a insisté la directrice du FMI,relevant que seuls 10% de cette masse trouve effectivement du travail. Engagée dans une démarche plutôt participative, l’institution de Breton Wood recommande au Sénégal de créer une économie formelle plus large pour permettre d’avoir des services sociaux de base. “Cela passe par le paiement des impôts”, a insisté la directrice du FMI. “Le Senegal doit être une économie formelle inclusive”, a-t-elle encore déclaré.
Abordant la conjoncture internationale, la directrice du FMI note que pour la première fois depuis des décennies, la convergence entre pays développés et pays en développement est interrompue.
“Cette divergence nous pousse à plus d’attention”, poursuit-elle rappelant que le Sénégal est plutôt sur une fourchette de croissance haute dans le contexte d’une Afrique subsaharienne en moyenne de croissance de 3,7% mais en dessous de la croissance mondiale de 5,9%.
Le FMI a très rapidement diagnostiqué la crise née de la pandémie de Covid-19. L’émission des DTS a permis d’allouer 36 milliards de dollars à 35 pays d’Afrique Subsaharienne dans un effort sans précédent. Le Sénégal a reçu
1 milliard de dollars de SDR dans le cadre de ce programme global de 675 milliards de dollars qui a concerné les 190 pays membres du FMI. “Ce que le Sénégal a reçu n’est pas de la dette”, a tenu à préciser la DG du FMI. “C’est un appui qui vient booster les réserves du pays pour lui permettre d’emprunter à de bonnes conditions et de financer des programmes comme les campagnes de vaccination».
Pour sa part, Pape Amadou Sarr est revenu sur les différents guichets de la DER, des Nano-crédits (engagements entre 1700 et 5000 dollars) aux PME (Jusqu’à 8500 dollars ) et les programmes de formation dédiés aux entrepreneurs.
En trois ans, la DER a alloué plus de 68,7 milliards de francs CFA pour financer plus de 3 996 entreprises et former 3 732 bénéficiaires sur l’ensemble du territoire national, a révélé Pape Amadou Sarr. Dans l’ensemble, 130 542 crédits ont été octroyés et 3 070 unités économiques formalisées.
À la suite de Pape Amadou Sarr, des sociétés innovantes bénéficiaires des financements de la DER ont fait des témoignages. Il s’agit notamment de Bamba Lo (Paps), Sophie Zinga (Dakar Design Hub), Aziz Yérima (PayDunya), Boussoura Talla Guèye (SetTIC), Yaye Souadou Fall (E-Cover), Faye Ely Manel (Solutroniq), Africa Smart Citizens S.A.S et Abdou Bakhy MBACKE (Ciprovis).
Le mot de la fin est revenu au DG de la DER pour dire que l’éducation reste la meilleure arme pour l’inclusion sociale. Au terme d’une visite riche où elle a animé une conférence de presse conjointe avec le président Macky Sall, futur président en exercice de l’Union Africaine, qui lui a rappelé la requête des chefs d’Etat africains pour une réallocation supplémentaire de 100 milliards de dollars US des DTS à l’Afrique, Kristalina Georgevia quitte Dakar avec des impressions positives d’un continent en transformation et d’une structure d’inclusion efficace, la DER/FJ, qu’il faut dupliquer dans les autres pays d’Afrique.