Suite aux révélations de Financial Afrik, le Président du Conseil d’Administration de Shelter Afrique, Dr. Steve Mainda, a été remplacé en catimini le 6 décembre 2021 par un vote sanction du conseil d’administration, à raison de 10 voix contre 1. Dans la foulée, les administrateurs ont procédé à un vote pour nommer un nouveau président du Conseil en la personne de l’ougandais Ephraim Kizaa Bitchetero, représentant Africa-RE, un des actionnaires institutionnels (groupe B).
A noter qu’aucun communiqué ne sanctionne cette décision prise en catimini. L’information n’a pas été communiquée aux actionnaires, aux partenaires et plus largement au marché.
Apres l’éviction du Dr. Steve Mainda et l’élection de Mr. Bitchetero comme nouveau président, le conseil d’administration a désormais les coudées plus franches pour adopter et imposer les mesures idoines et notamment les recommandations du Comité ARF.
L’article de notre journal relatant le scandale était basé sur les conclusions de l’enquête PKF déclenchée suite aux allégations d’un lanceur d’alerte faisant état de paiements frauduleux et non-autorisés d’environ 5 millions de dollars.
Le rapport PKF avait formulé plusieurs recommandations dont notamment celle de suspendre le directeur-général et d’émettre des blâmes sévères à l’endroit de trois personnes clés au sein de l’institution, et de ne pas renouveler leurs contrats.
Le conseil d’administration, à l’instigation de son président, avait décidé de ne pas appliquer les recommandations du rapport endossées par le comité ARF et au contraire de protéger le directeur-général, M. Andrew Chimphondah. Avec le Limogeage du PCA, une digue vient de sauter au nom de l’intérêt des actionnaires.
Il est important de rappeler que les montants en jeu dans ces différentes affaires, estimés à hauteur de près de 5 millions de dollars US, et confirmés par l’enquête PKF, correspondent aux apports en capital combinés des 7 pays suivants au titre de l’exercice 2021 : Swaziland, Rwanda, Togo, Mali, Ouganda, Côte d’Ivoire et Cameroun dont certains ont de représentants au conseil d’administration (Togo, Mali et Cameroun qui assure également la présidence du Bureau de l’Assemblée Générale).
Ces enjeux importants expliquent notre intérêt pour ce dossier. Il faut le dire, la
situation délétère résultant des allégations du lanceur d’alerte faites au début de l’année 2021 et de leur confirmation par l’enquête menée par le cabinet PKF sous la direction du Comité ARF du conseil d’administration a abouti à une paralysie de l’institution financière.
Ainsi, le fonctionnement du conseil d’administration a été complètement paralysé par son président pour éviter la prise des décisions idoines qui découlent de cette crise institutionnelle majeure. Les désira du PCA ainsi que ceux de certains alliés au sein du conseil – tels que les représentants du Cameroun, du Togo, de la Namibie et du Maroc – de protéger le directeur-général, ont pris le pas sur la défense des intérêts de l’institution et ce en dépit de leurs responsabilités fiduciaires.
Par ailleurs, depuis le mois de juin et surtout le mois de septembre de 2021, les travaux du conseil ont été paralysés par Dr. Steve Mainda et ce avec la complicité active M. Andrew Chimphondah, le directeur-général et de Mme Cortes, Ministre Camerounaise de l’Habitat et du Développement Urbain et présidente nouvellement élue du bureau de l’assemblée générale (conseil des gouverneurs). En effet, celle-ci, outre-passant ses prérogatives a, dans une lettre, intimé l’ordre au conseil d’administration, la seule instance habilitée en la matière, de sursoir à toute décision relative au limogeage du président du conseil, à la suspension ou à la révocation du directeur-général.
Plus grave encore, à travers des manœuvres unilatérales et dilatoires, le président du conseil d’administration, le Dr. Steve Mainda, par ailleurs administrateur indépendant coopté par le conseil d’administration, a pu empêcher les administrateurs représentants les pays ou institutions internationales actionnaires (classes A et B), véritables propriétaires de l’institution de se réunir, de délibérer et de faire prévaloir leur droits et devoirs.
Il a également bloqué la demande de certains actionnaires qui, alarmés par la situation prévalant au sein de l’institution, ont requis une assemblée générale extraordinaire conformément aux statuts pour résoudre les problèmes graves de l’institution financière.
Paralysie opérationnelle
En plus de la paralysie au niveau institutionnel et de la gouvernance, le scandale Shelter Afrique a abouti à une paralysie opérationnelle de l’institution.
A titre d’exemple, à ce jour, plus de 60% du personnel de l’institution financière panafricaine sont employés sur la base de contrats à court terme qui expirent dans quelques semaines. En les plaçant dans une situation d’incertitude quant à leur présence au sein de la banque, voire de précarité professionnelle, le directeur-général a créé un climat peu propice à l’efficacité opérationnelle.