Les sanctions prises par les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et de l’Union économique et monétaire Ouest Africaine (UEMOA) contre le Mali préoccupent les populations qui ne cachent pas leur regret. Financial Afrik a fait le constat auprès de certains commerçants, clients, hommes de médias et clients de banque à Bamako.
D’abord, il faut reconnaître que la décision des deux communautés régionales a donné un autre élan au sentiment anti-français au Mali. Elles sont également au centre des débats dans toutes les grandes villes du pays. Et chacun appelle au rassemblement face à « l’ingérence des pays de la sous-région en complicité avec la France d’Emmanuel Macron », souligne un diplomate en poste à Bamako.
« La BCEAO n’a pas arrêté ses opérations. Les transactions bancaires continuent. Les sanctions annoncées au niveau des banques n’ont pas été appliquées. Actuellement, il y a plus de 20.000 personnes de la Minusma qui font eux aussi des transactions. Ils sont payés via nos banques. La Minusma fait des commandes à l’étranger et fait des transferts d’argent. Les grandes sociétés étrangères au Mali, parmi lesquelles Total, Orange, Semos, CFAO et Shell ont aussi besoin des banques pour fonctionner. Les sanctions feront mal à tout le monde », déclare Moussa Salif Diarra, un homme de médias.
Mohamed Diaby, un commerçant import-export au grand marché de Bamako, regrette également les décisions de la CEDEAO et de l’UEMOA, « qui ne sont autre chose qu’une manipulation. C’est inacceptable car les textes sont violés. C’est de la mauvaise foi de la part des chefs d’Etats envers un pays frère qui se trouve dans une situation de sécurité difficile ».
« Nous savons que c’est difficile. Mais, soutenons le colonel Assimi Goita et son gouvernement sans conditions. Pour moi, c’est du sursaut national et de l’union sacrée autour de nos dirigeants afin de déjouer les complots de la CEDEAO et ses complices de la communauté Internationale », déclare un employé de la BNDA.
Alassane Thiam, client d’une banque de la place, félicite aussi les autorités de la transition « qui se sont assumés pleinement face à cette injustice injustifiée des Etats de la CEDEAO qui ont refusé de voir le côté de la vérité. Désormais, les autorités ont décidé de prendre leur responsabilité ».
Notons que le gouvernement a exhorté les Maliens à sortir massivement le 14 janvier prochain pour montrer leur mécontentement face aux décisions qu’il qualifie d’« illégales », d’ « inhumaines », et d’ « illégitimes » prises par la CEDEAO et de l’UEMOA.
Les politiques appellent à éviter le populisme
Dans l’opposition, l’on demande au gouvernement de revoir sa copie dans ce dossier. C’est le cas de Dr Bokary Treta, un ancien dignitaire du régime d’Ibrahim Boubacar Keita, par ailleurs président du Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour une transition réussie. Pour lui, ces sanctions de la CEDEAO font suite à « un manque de volonté politique des autorités de la transition à respecter leurs engagements contenus dans charte convenue entre Maliens ».
« Le Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour une transition réussie invite les autorités de la transition à s’inscrire dans la voie de la recherche du consensus et de l’unité, de s’éloigner à toutes tentatives de populisme contre productives pour le Mali et de ne pas rompre le contact avec la CEDEAO et l’ensemble des partenaires du Mali », a-t-il fait savoir dans une déclaration le 10 janvier.