Par Samir Bouzidi*
A chaque Coupe d’Afrique des Nations (CAN) qui passe, cette même tendance qui s’affirme, non pas en termes de jeu ou d’enjeu mais relativement auprofil des joueurs… si bien qu’à quelques jours de la grande finale de Yaoundé, on peut affirmer que le suspense est faible sur un point : la nation championne d’Afrique 2022 reposera sur une équipe composée exclusivement ou majoritairement de joueurs issus de la diaspora…
Signe des temps, cette CAN au Cameroun a atteint un niveau jamais vu en termes de représentation des joueurs de la diaspora dans les sélections nationales. Ainsi, parmi le onze de départ des 16 équipes qualifiées pour les 8 émes de finale, pas moins de 12 sélections nationales sont composées exclusivement de joueurs de la diaspora (inclue la 2eme génération). Les sélections des Comores, Maroc, Guinée équatoriale, Guinée et Sénégal comptant même une majorité de joueurs nés à l’étranger. Une performance peu surprenante pour ces pays connus pour leur volonté d’intégration de leur diaspora (volonté politique, reconnaissance de la double nationalité…). Dans le tableau final, seuls l’Egypte et le Malawi font exception en faisant confiance d’abord aux joueurs du championnat national.
Quand elles gagnent ou qu’elles perdent avec les honneurs comme c’est le cas de la sympathique équipe des Comores, les sélections nationales sont des puissants vecteurs d’image, de bonheur et d’unité nationale. Mais au-delà de la performance sportive et d’image, ces «VIP» de la diaspora peuvent contribuer plus notoirement à atténuer notamment les clivages avec les diasporas prévalant dans bon nombre de pays africains. En Tunisie par exemple, l’éclosion du jeune joueur Hannibal Mejbri (Manchester United) en équipe nationale, a contribué à changer la représentation stigmatisante des Tunisiens envers les jeunes de la diaspora.
En matière de mobilisation des compétences par le mérite, les fédérations nationales de football aussi contestables par ailleurs soient-elles, sont entrain de montrer la voie à tout un continent. Beaucoup plus efficacement que les ambassades, ces dernières ont su construire des réseaux pour détecter précocement les meilleurs nationaux à l’étranger pour ensuite entreprendre de les engager à venir défendre les couleurs du pays. Au nom de ce qui marche, pourquoi ne pas s’inspirer du foot pour détecter et mobiliser ainsi nos champions à l’étranger dans les sciences, les technologies, l’industrie, la finance…?
*A propos de l’auteur
Samir Bouzidi est Ethnomarketer & expert international en mobilisation des diasporas africaines. Entrepreneur engagé, il est le CEO de la startup solidaire “Impact Diaspora”.