Par Philippe Wang, vice-président exécutif de Huawei Northern Africa
Tout en accélérant le développement du numérique sur le continent africain, la crise de la Covid-19 a parallèlement révélé d’importantes disparités en termes d’accès aux infrastructures, celles-ci ayant dès lors un impact sur l’accès aux réseaux et au haut-débit. En introduisant une distanciation sociale, la pandémie a renforcé le besoin de connectivité des populations. Loin d’être uniquement cantonné aux grandes villes, le virus s’est également propagé dans les zones reculées du continent africain, sous connectées pour la plupart. Ne disposant donc pas des technologies numériques nécessaires leur permettant d’accéder à des services jugés essentiels, les populations vivant dans ces régions se trouvent alors isolées et vulnérables dans la lutte contre la Covid-19. Dans ce paysage, les infrastructures numériques ont un rôle crucial à jouer.
Le défi de l’inclusion numérique dans les zones rurales
Quand bien même les infrastructures numériques sont essentielles au développement socio-économique de l’Afrique, de nombreuses inégalités existent et persistent entres les régions du continent, voire entre les zones d’un même pays. Ainsi, en 2020, en Afrique subsaharienne, 70% de la population n’avait pas accès à un réseau avec des vitesses 4G ou supérieures1. Dans les zones rurales, le défi de la connectivité, – et donc des infrastructures numériques -, s’impose avec d’autant plus de force que le réseau internet y fait grandement défaut. Trois problématiques principales caractérisent ces zones dites « blanches » : l’électrification, absente ou instable ; la transmission et le coût élevé de l’investissement pour les opérateurs de télécommunication pour apporter la connectivité.
Selon le GSMA (Global System for Mobile Association), en 2020, l’Afrique détenait le plus grand écart de connectivité entre les zones rurales et urbaines ; le taux de pénétration d’Internet mobile s’élevant ainsi à 16% en milieu rural contre 40% en zone urbaine2. Pourtant, en Afrique sub-saharienne seulement, près de 58% de la population vit en zone rurale (Banque mondiale, 20203). Au regard de ces données, le manque de connectivité dans ces zones est d’autant plus préjudiciable que cela a un impact sur le développement socio-économique de ces espaces pourtant essentiels à la croissance économique des pays.
L’inclusion numérique est donc essentielle. Chez Huawei, nous avons mis en place un certain nombre de projets phares tels que RuralStar afin de palier le problème des zones reculées. Déployé dans 10 pays africains, parmi lesquels le Mali, le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou encore le Cameroun, ce projet vise à mettre en œuvre une forme « d’autoroute réseau » au profit des zones reculées afin que les habitants de ces dernières puissent avoir accès à la connexion. Nous considérons le droit à la connectivité comme un droit humain essentiel et fondamental. C’est pourquoi nous avons également mis en place l’initiative TECH4ALL, qui s’articule autour de 3 grands axes : promouvoir l’inclusion numérique dans les communautés africaines, aider les populations les plus marginalisées à accéder aux nouvelles technologies et favoriser le progrès économique et le développement durable du continent.
L’investissement dans les infrastructures numériques, condition sine qua non de la reprise économique du continent africain
Le voyage vers la transformation numérique requiert des investissements conséquents mais bien essentiels au désenclavement des territoires, à l’amélioration des conditions de vie et à la reprise de la croissance économique du continent africain. En effet, selon un rapport de la Broadband Commission (2019), près de 100 milliards de dollars d’investissements sont nécessaires d’ici 2030 pour garantir un accès universel à Internet en Afrique4. Les États seuls ne pourront financer un tel coût, notamment après deux années marquées par une période de forte récession économique. Dans cette optique, nous considérons chez Huawei que la collaboration entre les acteurs privés et publics pourra permettre de mobiliser les fonds nécessaires.
Cependant, l’investissement dans les infrastructures ne doit pas uniquement être financier : il doit aussi comprendre une forte composante humaine. En effet, le développement des compétences est un élément crucial de l’infrastructure numérique. Chez Huawei, nous considérons que la Quatrième Révolution industrielle sur le continent africain ne pourra advenir sans une solide formation des nouvelles générations dans les technologies de l’information et de la communication (TIC). En Afrique et pour l’Afrique, notre groupe a inscrit l’éducation au cœur de son ADN. En témoignent les différents programmes et initiatives que nous avons développés sur le continent, tels que la Huawei ICT Competition ou encore la Huawei ICT Academy. Depuis 2016, ce programme a notamment bénéficié à 86 000 étudiants inscrits dans 600 universités, dans 28 pays africains. Le programme Seeds for the Future est également l’une des pierres angulaires de notre politique d’éducation et de formation. Depuis 2014, 1 900 jeunes Africains de 35 pays y ont participé et près de 1 000 d’entre eux se sont rendus en Chine pour recevoir une formation.
Outre constituer une force pour la main d’œuvre locale, ces talents numériques sont une véritable valeur ajoutée pour le continent, dans le sens où ils sont susceptibles d’élaborer des innovations – numériques– dont l’impact ne peut être que positif sur les populations, y compris dans les zones reculées. En effet, adaptées aux réalités locales, ces innovations technologiques seront tout à fait en mesure de répondre aux défis et besoins dans des secteurs essentiels que sont la santé, l’agriculture, l’énergie, notamment verte, etc.
Enfin, le développement des infrastructures numériques ne pourra pleinement advenir sans la mise en place d’un cadre législatif clair et adapté, à même de favoriser un environnement propice à une numérisation rapide. Il est donc du rôle des États africains de participer à cette transformation numérique. Chez Huawei, nous sommes persuadés que l’élaboration d’environnements réglementaires solides et harmonisés permettront d’étendre la couverture réseau à l’ensemble des pays et régions et ainsi de libérer le fort potentiel de l’Afrique.
1 « L’Afrique et ses télécommunications, entre “eldorado rêvé” et réalités », Morgan Philips Group.
2 « The State of Mobile Internet Connectivity 2020 », GSMA.
3 Banque mondiale – Données 2020.
4 “Connecting Africa Through Broadband. A strategy for doubling connectivity by 2021 and reaching universal access by 2030.”, Broadband Commission for sustainable development, October 2019.