Laboratoire financier à ciel ouvert de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), le Bénin vient de réaliser sa toute première opération d’émission d’obligations du Trésor par adjudication avec des taux de coupon inédits de 5,20% sur la maturité de 7 ans et 5,30% sur celle de 10 ans.
Il s’agit des coupons les plus bas affichés par un pays de l’UEMOA à ce jour, ce qui confirme la bonne opinion du marché envers la qualité de la gestion de ses finances publiques en général et celle de sa dette en particulier. Le Bénin qui a un portefeuille à risque modéré depuis 2016 est classé par la Banque Mondiale premier des 76 pays IDA en termes de transparence, pour la troisième année consécutive.
Au delà de cette prouesse, opine un analyste financier de la place, “ce sont les réformes en cours à et la pertinence des orientations économiques du pays qui sont plébiscitées”.
Dans la première opération, dénouée début février, le Bénin avait retenu un montant total de soixante-dix-sept milliards (77 000 000 000) francs CFA sur soixante-dix milliards (70 000 000 000) mis en adjudication avec un taux de couverture de 283,52%.
Par la suite, le 14 février 2022, le pays de Patrice Talon a de nouveau sollicité les investisseurs par une opération d’émission simultanée d’emprunt obligataire sur le marché financier régional pour un montant indicatif de cent cinquante milliards (150 000 000 000) francs CFA et une maturité de 20 ans, une première dans la région.
Par cette opération pilotée par le ministre de l’Economie et des Finances, Romuald Wadagni, le Bénin a réussi un double-exploit, en surclassant la maturité la plus longue actuelle sur le marché via une émission à 20 ans et en émettant à un taux de rendement inférieur au taux le plus bas actuel du marché pour la maturité de 15 ans.
Ce choix d’une maturité longue, dans les standards de ce qui se fait de mieux en ce moment à l’international, traduit la volonté des autorités béninoises d’investir dans des projets d’infrastructures. Le matching de tels instruments consiste à s’assurer que les maturités correspondent aux projets financés et au cycle de création de richesses permettant le remboursement aisé. Faut-il le rappeler, plus le crédit est long et plus les taux associés sont bas, plus le remboursement est aisé. D’ailleurs, le reprofilage de la dette béninoise initiée il y a deux ans et le remboursement par anticipation intervenue en novembre 2021 s’inscrivent dans cette stratégie de repousser le mur.
Le reprofilage permet de solder des dettes acquises à des conditions coûteuses et d’ en contracter de nouvelles à de meilleurs taux, la finalité étant d’alléger le service de la dette. Les économies ainsi réalisées sont reversées dans le financement des services sociaux et des projets non marchands.
En interne, toutes les sorties sur les marchés financiers sont précédés du même rituel : analyse des nouveaux emprunts sur la viabilité de la dette et évaluation de la capacité du pays à rembourser.
En clair, les succès du Bénin enregistrés sur le marché s’expliqueraient avant tout par une démarche alliant à la fois la rigueur dans la gestion des finances publiques et la transparence dans l’information mise à disposition des investisseurs de façon périodique.
La transparence dans la gestion des fonds collectés dont fait montre le ministère des Finances participe de la bonne opinion dont jouit le Bénin auprès des agences de notation et des prescripteurs en général. “Notre stratégie de gestion de la dette repose sur l’innovation et la proactivité” explique Arsène Dansou, directeur général de la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA) , sollicité par Financial Afrik. Régulièrement félicité par la Banque Mondiale et le FMI pour la qualité de sa gestion publique, le Bénin, devenu pays à revenu intermédiaire (PRI) aspire à de nouveaux paliers.