Alors que la technologie transforme l’approche des entreprises, des analystes prédisent que, dans un avenir pas si lointain, «chaque entreprise sera une fintech».
Les entreprises qui n’avaient jusqu’à présent qu’un lien très limité avec les services financiers réaliseront un jour une part importante de leurs revenus dans des activités comme les prêts, les paiements et l’épargne. On observe déjà ce type d’activité dans de nombreux secteurs. Uber et son concurrent Lyft ont créé des services financiers qui servent de banque à leurs chauffeurs, par exemple. Apple, la célèbre multinationale spécialisée dans les produits électroniques grand public, propose désormais des cartes de crédit à ses utilisateurs dans l’espoir qu’elles deviennent indispensables comme l’iPhone.
De nombreux commerçants en ligne proposent également à leurs clients des crédits et des reports pour faciliter les paiements. La plupart de ces services sont rendus possibles par la technologie BaaS (banking-as-a-service), qui permet aux entreprises d’exploiter l’infrastructure bancaire digitale mise à disposition par les banques.
Le modèle
Contre rémunération, les entreprises accèdent aux plates-formes BaaS des banques, qui leur servent de support pour créer les produits qu’elles souhaitent. Au moyen du Banking-as-a-Service, des entreprises non bancaires créent des produits financiers sous leur marque pour leur clientèle. La banque ouvre son interface de programme d’application (API), permettant à une tierce partie de l’utiliser comme base – comme avec l’Open Banking, par lequel des acteurs non bancaires peuvent accéder partagent aux données de paiement des établissements financiers.
Quelles sont les raisons qui ont amené ce modèle d’entreprise à émerger ? Les banques centrales du monde entier exigent souvent des entreprises qu’elles respectent des réglementations strictes en matière de services financiers. Concrètement, les prestataires de services financiers sont tenus d’obtenir des licences bancaires qui imposent des exigences importantes en matière de capital et le respect de la réglementation sur le blanchiment d’argent et la protection des dépôts.
La licence étant souvent difficile et coûteuse à obtenir, les entreprises préfèrent généralement s’associer à une banque par le biais de plateformes BaaS. Les banques ont ainsi une opportunité unique d’augmenter leurs revenus en facturant à leurs clients des frais mensuels ou des frais fixes aux réseaux de cartes pour l’utilisation de leur système de paiement afin d’effectuer des transferts d’argent. Le plus souvent, les banques offrent des services aux fintechs afin de s’assurer qu’elles ne leur ravissent pas leurs clients, mais le BaaS peut également être utilisé de manière proactive.
L’opportunité en Afrique
Bien qu’il existe déjà de nombreux exemples de BaaS en Afrique, beaucoup d’établissements de crédit traditionnels du continent ont du mal à s’adapter à la tendance mondiale à la numérisation. Or la collaboration entre les banques et les entreprises peut apporter des avantages mutuels si les deux parties établissent des propositions de valeur claires.
Skaleet, une société installée à Paris qui propose des services bancaires essentiels à des banques en Afrique, en Europe et en Amérique latine, s’est récemment développée en Afrique en offrant des services BaaS aux banques et à d’autres acteurs.
Car, si les banques vendent souvent des services BaaS à des clients externes, l’API utilisée dans l’infrastructure du prêteur est fréquemment fournie par un tiers.
Présent sur 22 marchés africains, Skaleet recommande aux banques du continent d’adopter le logiciel pour ne pas passer à côté du boom de la fintech. « Avec l’explosion du nombre de fintechs africaines, la banque « as-a-service » est une opportunité unique pour les banques traditionnelles de créer des écosystèmes numériques locaux et inclusifs afin de mieux servir les gens », souligne Yves Eonnet, président et cofondateur de Skaleet.
Alors que de plus en plus de startups et d’entreprises en Afrique se tournent vers les services financiers complémentaires, les banques doivent être prêtes à saisir l’opportunité de se développer et d’accéder à des sources de revenus innovantes et diversifiées.
De nombreuses startups africaines spécialisées dans les technologies agricoles et les produits de grande consommation, par exemple, ont commencé à offrir des financements aux petits exploitants et aux entreprises en plus de leur activité principale. Les banques doivent y voir une occasion de vendre des services BaaS à l’écosystème technologique africain en plein essor, créant ainsi une situation où tout le monde y gagne.