En adoptant les services de prêt digital de Skaleet, les banques devraient être en mesure de concurrencer sérieusement les fintechs qui ont récemment transformé le secteur du prêt personnel en Afrique.
Les nouveaux acteurs financiers tels que les fintechs, les opérateurs de télécoms et les néobanques, qui s’imposent de plus en plus sur le marché, poussent les banques traditionnelles d’Afrique à élaborer de nouvelles stratégies afin qu’elles puissent rester dans la course.
Bien que les opérateurs de télécoms et les banques coopèrent dans de nombreux domaines, l’essor des services d’argent mobile proposés par les opérateurs en Afrique a amené les banquiers du continent à faire appel aux régulateurs pour les convaincre de limiter la croissance de ces nouveaux entrants.
La prochaine cible des banques, qui tentent de regagner des parts de marché, est le prêt digital, affirme Hervé Manceron, CEO de Skaleet (photo) une société basée à Paris qui propose des services de Core Banking aux institutions financières en Afrique, en Europe et en Amérique latine.
« Aujourd’hui, le prêt digital est un véritable casse-tête en Afrique en raison de son coût et des risques associés. Les banques africaines se heurtent d’une part au problème de l’interopérabilité et d’autre part à la difficulté de développer ce type de prêt », analyse-t-il.
Développer des solutions
Fondée en 2008, Skaleet, anciennement TagPay, a d’abord créé un logiciel appelé Near Sound Data Transfer (NSDT) qui permettait aux institutions financières d’authentifier à distance les utilisateurs pour traiter les paiements.
Signant son premier contrat avec une banque en Namibie en 2009, le modèle commercial initial de Skaleet consistait à offrir des solutions de paiement mobile aux prêteurs traditionnels du continent.
Cela a permis aux banques de se lancer dans la digitalisation pour concurrencer les opérateurs de télécoms.
Se développant rapidement en Afrique centrale et occidentale, le fournisseur de technologies a depuis signé des contrats dans 22 pays africains et s’est également implanté en Europe et en Amérique latine.
Abandonnant le développement d’une infrastructure et de services digitaux en interne, les clients de Skaleet peuvent désormais utiliser le cloud pour intégrer et adopter des solutions de Core Banking en moins de quatre mois.
Ingénieur logiciel de formation, Hervé Manceron insiste sur le fait que l’entreprise cherche toujours à développer de nouvelles technologies pour répondre aux besoins des banques en Afrique et ailleurs.
Le fournisseur de logiciels s’est ensuite lancé dans le secteur du prêt digital.
« Notre activité principale aujourd’hui consiste à fournir des technologies aux banques pour qu’elles puissent concurrencer les fintechs. Nous sommes convaincus que les banques ont la capacité de faire face mais il faut pour cela qu’elles agissent », explique-t-il.
D’ailleurs, apporter aux banques les outils digitaux dont elles ont besoin pour répondre aux exigences du monde moderne est la mission que s’est fixé Hervé Manceron.
En 2018, le président et cofondateur de Skaleet, Yves Eonnet, a publié un livre intitulé Fintech : les banques contre-attaquent.
Les prêts digitaux
En l’espace d’une dizaine d’années, les fintechs africaines, jusque-là peu visibles, se sont imposées et certaines comptent parmi les plus grandes entreprises du continent, affichant une croissance rapide.
Trois des licornes africaines – ces entreprises évaluées à plus d’un milliard de dollars – sont des sociétés de technologie financière, allant des plateformes de paiement aux prêteurs numériques.
Dans le domaine des prêts, les fintechs ont réussi à attirer rapidement des clients en leur proposant un service efficace et des prêts basés sur des algorithmes, qui ne nécessitent pas de garanties ni de rendez-vous en personne.
Les prêteurs traditionnels, dont les services sont beaucoup plus difficiles d’accès, ont ainsi perdu des clients.
« C’est compliqué pour les banques car elles n’ont pas beaucoup changé depuis cent ans. La seule évolution a été le passage au paiement par carte, mais fondamentalement, rien n’a changé dans le cœur de métier », ajoute M. Manceron.
Toutefois, malgré les problèmes que rencontrent les banques pour attirer les clients, elles devraient à terme être en mesure de créer des modèles plus rentables que les prêteurs fintech, estime M. Manceron.
La plupart des fintechs s’endettent car elles fondent leur croissance rapide sur des modèles économiques qui n’ont pas fait leurs preuves et qui nécessitent des emprunts importants.
Les banques, en revanche, sont extrêmement prudentes et font tout pour ne pas perdre d’argent.
En adoptant les services de prêt digital de Skaleet, les banques devraient être en mesure de concurrencer sérieusement les fintechs qui ont révolutionné le secteur du prêt personnel en Afrique, assure M. Manceron.
Le CEO indique que la société a récemment lancé un service de prêt en ligne en République démocratique du Congo (RDC) avec la Trust Merchant Bank, l’une des plus grandes banques du pays.
Il insiste sur le fait que Skaleet continuera d’encourager les banques du continent à devenir des prêteurs digitaux dans les années à venir.