Suite à son limogeage par le conseil d’administration sur la base des irrégularités rapportées en exclusivité par Financial Afrik, Andrew Pandeka Chimphondah, le désormais ancien directeur de Shelter Afrique, nous a adressé, le 19 mars 2022, un droit de réponse que nous publions en intégralité tout en rappelant qu’il a eu largement le droit, lui et l’ancien PCA, également démis, de s’exprimer dans ces colonnes.
Nairobi, le 11 mars 2022.
Monsieur le Directeur de Publication,
J’aimerais exercer mon droit de réponse et vous demander d’insérer le texte suivant dans le prochain numéro de votre mensuel afin que vos lecteurs aient également ma version lors de mon mandat de Directeur Général (“DG”) en réponse à vos différentes publications où j’ai été mentionné.
Au sujet de votre article du 18 février 2022
Le 18 février 2022, vous avez publié dans votre journal un article intitulé “Le Directeur Général de Shelter Afrique limogé”. L’article allègue que le DG a été licencié en raison de “sa gestion éclaboussée par une série de scandales qui ont conduit à la réduction de son mandat qui courait jusqu’en 2014”. Le mandat du Directeur Général expire en 2023 et non en 2014 comme indiqué. En outre, à l’époque des faits, je ne me reconnais pas dans la supposée “série de scandales”. Le rapport publié par PKF qui m’avait été transmis ainsi qu’aux actionnaire ne mentionne pas de détournement de fonds, mais plutôt des faiblesses dans le système qui remontent avant ma prise de fonction et les domaines nécessitant une amélioration de la part de mes subordonnés dans les domaines des finances, du risque et de l’audit afin de fournir un soutien efficace au Directeur Général (“DG”). Suite au rapport de PKF, des sanctions ont été prises à l’encontre de ces subordonnés afin d’améliorer leur niveau de service au DG. Le Directeur Financier, qui est maintenant le Directeur Général par intérim, le Directeur du risque d’entreprise et le Directeur de l’audit interne ont reçu des lettres d’avertissement écrites finales et une notification de non-renouvellement de leurs contrats à durée déterminée. Malgré ces recommandations, leurs contrats sont toujours en cours alors qu’ils ont dépassé la date limite. Pendant mon mandat, les recommandations qui ont été faites pour renforcer les systèmes de contrôle ont été mises en œuvre sous la supervision de l’auditeur interne de la société.
La publication mentionne que le salaire du Directeur Général est supérieur à celui du président Obama et fait référence à des avances sur salaire et à de nombreuses missions ou voyages pour lesquels des indemnités journalières ont été versées sans résultats tangibles. Il est important de préciser que les salaires à Shelter Afrique sont fixés conformément aux politiques approuvées et évalués afin de garantir que les échelles et les grades sont compétitifs sur le marché. Veuillez noter que le salaire payé au Directeur Général est déterminé et approuvé par le Conseil d’Administration et les actionnaires. Il est également important de noter que lors de mon mandat comme Directeur Général aucune avance sur salaire d’un montant de 14 000 $ US qui aurait été supérieur à mon salaire net n’a été pris. Toutes les avances prises par les membres du personnel sont toujours conformes aux textes de la société. Les missions ou les voyages effectués font partie de la description du travail du Directeur Général qui doit s’entretenir constamment avec les actionnaires de la société qui sont répartis dans les 44 Etats membres. Ces missions ont été menées pour encourager les États membres à investir davantage de capitaux propres dans la société. Les résultats positifs sont évidents à travers la multiplication par cinq des apports de capitaux propres en 2021 lorsqu’ils sont juxtaposés aux capitaux propres reçus en 2018. Lorsque j’ai rejoint l’équipe en 2018, les capitaux collectés auprès des actionnaires pour cette année-là s’élevaient à 5 millions de dollars US et en 2021, grâce à ces engagements accrus par le biais de missions et de voyages pour rencontrer les actionnaires, ce chiffre est passé à 25 millions de dollars US.
Le communiqué des événements à la presse lors de mes fonctions était géré par le responsable de la communication qui est soutenu par deux consultants externes en médias pour les régions anglophone et francophone. Les communiqués de presse ont toujours été factuels, à l’exception des erreurs journalistiques qui peuvent se produire et qui sont ensuite corrigées par le responsable de la communication. L’ouverture des branches sous-régionales en Afrique australe et Afrique du Nord, respectivement au Zimbabwe et au Maroc, s’inscrit dans le cadre de la stratégie de décentralisation approuvée par le Conseil d’Administration, qui vise à permettre à la société d’être plus proche de ses clients. Il est incorrect et irresponsable d’affirmer que “cela a été sorti du chapeau du Directeur Général”, comme l’indique la publication de Financial Afrik. En outre, la cotation de l’obligation en naira au Nigeria a été approuvée par la Securities Exchange Commission du Nigeria. Votre déclaration selon laquelle le licenciement du Directeur Général est dû à une motion de censure datée du 31 janvier 2022 et signée par 7 cadres supérieurs est incorrecte. Selon les statuts de la société, un Directeur Général ne peut être démis de ses fonctions par la signature d’une pétition par ses subordonnés.
Au sujet de votre article du 1er février 2022
Dans l’article publié le 1er février 2022 intitulé “Scandale de Shelter Afrique (suite) : Le rapport allègue que le Directeur Général a effectué plusieurs voyages pour rencontrer les actionnaires, qui n’ont donné aucun résultat tangible. Ces déclarations sont calomnieuses et je vous conseille Monsieur le journaliste de vérifier les ragots rapportés comme des faits auprès du mis en cause afin de s’assurer du principe élémentaire d’équité. La réponse a été fournie dans le paragraphe précédent.
Dans l’article publié le 28 janvier 2022 intitulé “Scandale à Shelter Afrique(suite) : vers un Conseil d’Administration de toutes les peurs”, il est fait référence à la fraude et au détournement de fonds. Je vous prie une fois de plus de rétracter ces déclarations car il n’y a jamais eu de fraude ou de détournement de fonds signalés dans le rapport de PKF. Le prêt de 2,3 millions de dollars US garanti par la subvention d’infrastructure sur le compte du projet Rugarama a été autorisé par le comité des prêts présidé par le Directeur des risques d’entreprise. Le mandat du Comité des prêts de la Direction était d’approuver les prêts jusqu’à 4 millions de dollars US, conformément aux délégations de pouvoir approuvées par le Conseil d’Administration. Le rapport de PKF conclut qu’il n’y a aucune preuve de détournement de fonds par le Directeur Général contrairement aux allégations du lanceur d’alerte. En outre, il n’y a aucune preuve de fraude dans les paiements effectués au contractant Sichuan Huashi Enterprise Corporation, car ceux-ci étaient conformes aux termes du contrat EPC signé.
L’allégation supplémentaire selon laquelle la “politique de dénonciation” a été démantelée et que le dénonciateur, le consultant en gestion kenyan (“CGK”), a été victimisé est totalement infondée. Le consultant avait un contrat irrégulier qui a dû être résilié conformément aux instructions du Conseil d’Administration suivant les recommandations des auditeurs de PKF. Ce qui est préoccupant, c’est que ma personne comme Directeur Général est spécifiquement visée dans tous les rapports de Financial Afrik sans que je n’aie eu l’opportunité d’exercer mon droit de réponse afin d’avoir une version équilibrée et objective des faits et une compréhension du contexte.
L’affirmation supplémentaire selon laquelle “les actionnaires sont réticents à honorer leurs obligations et à accepter les opérations de Shelter Afrique” n’est pas factuelle. Au contraire, les actionnaires ont quintuplé leurs engagements en matière de capital, passant de leur contribution en 2018 de 5 millions de dollars US à un paiement de capital en 2021 de 25 millions de dollars US, comme l’a rapporté la presse. Il convient de noter que, lors de la réunion présentielle que j’ai tenue dans le cadre de mes fonctions avec le ministre nigérian des Finances, Dr Zainab Shamsuna Ahmed, le Nigeria a résolu d’honorer leur engagement initial de payer le solde des arriérés de capital de Shelter Afrique en quatre tranches. De même, lors d’une autre réunion physique tenue avec le ministre des Travaux et du Logement pour le Ghana, l’Honorable Francis Asenso-Boakye MP, le Ghana a promis l’engagement libérer leur capital à Shelter Afrique. Ce sont des faits vérifiables.
Au sujet de votre article du 6 janvier 2022
Dans une autre publication de Financial Afrik intitulée “Scandale à Shelter Afrique : Financial Afrik signe et persiste” datée du 6 janvier 2022, il est indiqué que le dénonciateur a été “poussé vers la sortie par le Directeur Général alors que les véritables auteurs du détournement de fonds dénoncé et confirmé par l’enquête de PKF sont toujours en poste”. Il est important d’affirmer catégoriquement une fois de plus que le rapport d’audit final de PKF distribué à tous les actionnaires a également confirmé qu’il n’y avait pas eu de détournement de fonds. Ceci est contraire aux écrits de Financial Afrik. Les raisons de la résiliation du contrat du Consultant ont été fournies. Il est important de noter qu’aucune fraude n’a été perpétrée par le Directeur Général, comme le laisse entendre la publication qui affirme : “Dès janvier 2021, le dénonciateur a attiré l’attention des membres du Conseil d’Administration sur des pratiques frauduleuses”. Cette allégation n’est pas factuelle. L’approbation des trois transactions citées, à savoir Rugarama (Rwanda), Othaya Road (Kenya) et Pine City (Kenya), a suivi une procédure régulière. Il est fait référence au fait que le montant en jeu dans ces trois transactions est de 5 millions de dollars US, mais en réalité il n’y a pas de montant en jeu car il y a un engagement à payer le prêt de 2,3 millions de dollars US accordé à Remote Estates Limited dans les trois mois à compter de la date de la publication. En effet, l’entrepreneur, qui est le débiteur, s’est engagé à rembourser le prêt de 2,3 millions de dollars US accordé à Remote Estates Limited dans un délai de trois mois, sous la supervision et avec le soutien du gouvernement rwandais, conformément à l’accord signé avec l’entrepreneur, les ministères concernés, le Rwanda Development Board, la Banque de développement du Rwanda et l’Office rwandais du logement. En outre, l’investissement de 2,1 millions de dollars US dans le projet Othaya Road était conforme aux obligations de paiement de l’entrepreneur et ce montant est recouvrable. Il n’y a pas eu de coûts encourus sur le projet Pine City, comme cela a été allégué précédemment, car ce projet n’a pas commencé.
Au sujet de votre article du 15 novembre 2021
Le 15 novembre 2021, vous avez publié dans votre journal un article intitulé “Shelter Afrique : paiements non autorisés de 5 millions de dollars US (exclusifs)”. Vous y confirmez “des paiements non autorisés d’environ 5 millions de dollars US et une politique de gestion des ressources humaines chaotique”. Je tiens à démentir fermement toute insinuation qui laisserait croire à l’opinion publique qu’un montant aussi important que 5 millions de dollars US peut être effectivement payé sans autorisation. L’approbation du prêt de 2,3 millions de dollars US à Remote Estates Limited a été faite par le comité de gestion des prêts présidé par le Directeur des risques d’entreprise, comme indiqué dans les paragraphes précédents. Cela s’est fait dans le cadre des délégations de pouvoir approuvées par le Conseil d’Administration. L’approbation des projets Othaya Road et Pine City a été faite par le Conseil d’Administration lors de sa réunion du 3 décembre 2020. Les paiements ultérieurs effectués à l’entrepreneur qui a été choisi par un processus conforme à la politique de passation des marchés de Shelter Afrique et aux paiements progressifs spécifiés dans ce contrat dûment signé.
L’article a un sous-titre intitulé “Confirmation d’un détournement de fonds présumé dans un projet immobilier au Rwanda et deux projets au Kenya. Je tiens à affirmer avec force qu’aucun fonds n’a été détourné au Rwanda ou au Kenya comme le laisse entendre votre article et que le rapport d’audit de PKF a confirmé ce fait. L’article mentionne également “l’octroi d’un prêt personnel d’un million de dollars en faveur du Directeur Général” et l’article mentionne également “un prêt d’environ 1 million de dollars a été accordé au Directeur Général comme avance sur salaire pour l’achat d’une maison à Nairobi en l’absence de toute garantie sur le titre”. Contrairement au rapport fourni, les prêts immobiliers avancés au personnel sont tous conformes à la politique de logement du personnel et ledit prêt a été approuvé par le comité en charge du logement du personnel. Le prêt au logement du Directeur Général a été garanti et n’a jamais été payé par une avance sur salaire comme le laisse entendre l’article publié. Il n’y a jamais rien eu d’anormal dans l’octroi du prêt rapporté par votre publication qui implique un détournement de fonds qui n’existe pas.
L’article affirme en outre qu’il est surprenant que toutes les personnes impliquées dans ce détournement de fonds, et en premier lieu le Directeur Général, soient toujours en poste. Les auditeurs de PKF ont conclu qu’il n’y avait pas eu de détournement de fonds de la société, comme cela avait été sous-entendu, mais ont mis en évidence des domaines à améliorer dans les contrôles internes. J’exhorte Financial Afrik rapporter des faits exacts et doit retirer les déclarations qui insinuent toute référence à un détournement de fonds ou à une fraude, car elles sont sans fondement et constituent une diffamation de ma personne. Cela a causé un préjudice personnel à ma réputation, pour lequel j’exercerai mes droits en conséquence.
Je souhaite simplement laver mon nom en exerçant mon droit de réponse. Je voudrais exhorter les médias à être objectifs, justes et factuels dans leurs reportages et à éviter le sensationnalisme et les reportages inexacts comme le montrent les articles publiés par Financial Afrik. De tels reportages ne sont pas constructifs, sont trompeurs et peuvent détourner l’attention du lecteur. L’impact involontaire sera la perte d’appétit des investisseurs potentiels, des prêteurs et des actionnaires pour canaliser les capitaux nécessaires au soutien de la construction de logements à faible coût et abordables, nécessaires pour réduire le déficit croissant de logements qui frappe tous les pays africains.
Cordialement. /-
Andrew Pandeka Chimphondah
Directeur Général
SHELTER AFRIQUE
2018-2022