Lorsque la pandémie a frappé les économies africaines en 2020, les dirigeants du continent savaient que le secteur bancaire ne serait plus jamais le même.
Alors que les banquiers se démenaient pour obtenir le soutien des régulateurs et rassurer les actionnaires, certains pensaient que la Covid-19 pourrait accélérer la transition digitale des banques africaines, qui peinait à progresser.
Et, en effet, les établissements financiers ont constaté une acquisition de clients à grande échelle sur leurs canaux électroniques et une migration vers ces services.
De ce fait, les banques africaines ont été moins sévèrement touchées que prévu. La capacité des établissements financiers à passer à la banque numérique s’est avérée un facteur décisif pour surmonter les répercussions de la Covid-19.
Plusieurs banques du Nigeria, par exemple, ont enregistré une croissance fulgurante sur les plateformes bancaires digitales et ont ainsi affiché de meilleurs résultats que leurs concurrentes. Ainsi, United Bank for Africa (UBA), deuxième banque du Nigeria, a vu ses revenus liés au digital bondir de 14,14 % en 2020, contre 102 millions de dollars l’année précédente.
Ce succès a incité la banque de premier rang à miser sur la transition numérique en lançant une nouvelle application bancaire mobile, qui facilite les transactions pour les clients. La migration de milliers de clients vers les canaux numériques durant la pandémie aura apporté une source majeure de revenus alors que d’autres sources se sont taries.
Selon Mckinsey, les banques africaines devraient privilégier trois impératifs pour «renforcer leur solidité et leur résilience » : la productivité, la gestion des risques et le développement de la technologie.
Le cabinet de conseil estime que le secteur bancaire africain pourrait perdre plus de 48 milliards de dollars de revenus cumulés d’ici 2024 si les banques ne s’adaptent pas au marché d’aujourd’hui.
Accélération de la digitalisation
Skaleet, une société basée à Paris qui fournit des services de Core Banking aux institutions financières en Afrique, en Europe et en Amérique latine, offre un point de vue unique sur la transition numérique des banques en Afrique. Le fournisseur de technologie aide les établissements financiers à se digitaliser sur le continent depuis plus de dix ans.
Hervé Manceron, CEO, estime que «la banque digitale africaine a atteint un premier niveau de maturité ».
«Nous avons presque fini d’équiper les pionniers, les first movers, en infrastructures digitales. Skaleet compte des clients dans quelque 25 pays d’Afrique et nous observons à présent un fort intérêt de la part des banques de second rang qui ont vu les avantages qu’elles apportent. Elles sont désireuses d’adopter notre technologie après avoir constaté la qualité des services et l’engouement des personnes bancarisées et non bancarisées pour les services numériques m».
Selon le CEO de Skaleet, le principal obstacle à l’adoption des nouvelles technologies est la méconnaissance des services comme le cloud. Benjamin Blondeau, directeur financier et de la stratégie de Skaleet, va plus loin : il prévoit une accélération spectaculaire de la digitalisation des banques de détail et de la modernisation de leurs systèmes informatiques.
«Depuis le début de la Covid-19, les banques africaines ont subi de plein fouet le ralentissement économique. Elles vont chercher à dynamiser leur croissance et à réaliser des gains de productivité pour retrouver les niveaux de rendement des capitaux propres (RoE) d’avant la crise », analyse-t-il. Une aubaine pour les fournisseurs de technologies comme Skaleet.
«C’est une opportunité fantastique. Avec une forte pression sur les prix, les établissements financiers, tout en se conformant aux réglementations, devront maintenir un faible coût de service. À l’ère du numérique, cela ne peut se faire qu’en utilisant des logiciels et des technologies de pointe, et c’est ce que nous faisons chez Skaleet », ajoute-t-il.
« Tous les conseils d’administration des banques du continent ont fait de la transformation digitale une priorité pour 2022 ou 2023. La Covid a accéléré cette évolution. Les banques traditionnelles vieillissent plus vite que jamais et il devient naturel d’adopter de nouvelles architectures comme celle de Skaleet pour proposer de nouveaux services dans des délais très courts et à des coûts optimisés », détaille Yves Eonnet, président et cofondateur de Skaleet.
Résultat : l’entreprise compte de nouveaux clients sur tout le continent, et son taux de croissance en Afrique devrait atteindre 30 % en 2022.