Des responsables du Groupe de la Banque africaine de développement et des représentants du gouvernement du Zimbabwe se sont rencontrés mercredi à Harare, pour discuter de l’apurement des arriérés du pays et de la situation du partenariat en cours entre ce pays d’Afrique australe et l’institution de développement. Ils ont constaté que des progrès avaient été réalisés dans le programme de réforme du Zimbabwe.
La délégation de la Banque conduite par Yacine Fal, vice-présidente par intérim chargée du Développement régional, de l’Intégration et de la Prestation de services du Groupe de la Banque africaine de développement, s’est rendue dans deux pays d’Afrique australe. À Harare, ils se sont entretenus avec le ministre des Finances, Mthuli Ncube. Celui-ci a présenté l’état des réformes en cours dans un contexte international marqué par les turbulences actuelles, les sécheresses, les cyclones, la pandémie de Covid-19 et, plus récemment, la hausse des prix du carburant et des engrais.
« Le gouvernement du Zimbabwe a réduit les taxes sur les carburants, apporté des modifications à sa politique foncière et est en train de mettre en œuvre une série de mesures de protection sociale tout en luttant contre la pandémie de Covid-19 », a déclaré Mthuli Ncube.
Deux projets, en particulier, se déroulent de façon satisfaisante. Le premier est un programme qui s’appuie sur les ressources agricoles et a aidé deux millions de ménages ; le second est un programme de transferts monétaires ciblant les enfants des familles défavorisées. Parmi les autres mesures figurent des soins médicaux subventionnés au profit des personnes âgées et divers groupes vulnérables de la population ainsi qu’un programme de distribution de céréales pour les populations des zones touchées par la sécheresse.
Mthuli Ncube a affirmé que le gouvernement discutait de la mise en place d’un nouveau programme supervisé par le personnel du Fonds monétaire international. Les programmes supervisés par le personnel sont des accords informels entre les autorités nationales d’un pays et le personnel du Fonds monétaire international (FMI) destinés à superviser le déroulement du programme économique mené par les autorités du pays.
Mthuli Ncube a déclaré que le gouvernement avait fourni des efforts considérables avant de se lancer dans la réalisation d’un nouveau programme, comprenant notamment des mesures de réduction de l’inflation. Il a demandé à la Banque africaine de développement d’élargir son guichet du secteur privé pour permettre au pays d’accéder à davantage de capitaux et de financements à long terme. Il a également affirmé que le pays aurait besoin d’un prêt-relais supplémentaire pour maintenir des taux d’intérêt stables.
Saluant les résultats obtenus en peu de temps grâce aux réformes, Yacine Fal a déclaré que la poursuite des efforts de coordination avec les partenaires en faveur des réformes et de la concertation étaient essentiels.
« Vous avez un programme de réforme très ambitieux et les obstacles sont nombreux », a-t-elle déclaré.
Pour Kevin Urama, économiste en chef et vice-président chargé de la Gouvernance économique et de la Gestion des connaissances du Groupe de la Banque africaine de développement, « les réformes réalisées par le Zimbabwe au niveau de ses entreprises publiques ont été une démonstration de sa volonté d’aller de l’avant. »
Le Centre africain des ressources naturelles de la Banque africaine de développement est susceptible d’apporter un appui et une assistance technique supplémentaires en matière de politique foncière. « Son académie de gestion des finances publiques, qui fournit un cadre permettant de soutenir les pays africains dans leurs efforts de gestion des finances publiques et de la dette, en particulier en ce qui concerne la formation, l’assistance technique et la concertation au niveau des politiques, est un autre outil important de la Banque pour apporter de l’aide », a affirmé M. Urama.
Leila Mokaddem, directrice générale du Bureau régional de développement et de prestation de services de la Banque pour l’Afrique australe, a déclaré que la Banque et d’autres partenaires de développement discuteraient d’un soutien financier en faveur d’un programme supervisé par le personnel qui, dans le cas de la Banque africaine de développement, pourrait potentiellement provenir de sa Facilité d’appui à la transition. « Sans soutien financier, un programme supervisé par le personnel ne peut pas fonctionner », a affirmé Leila Mokaddem, ajoutant qu’il serait indispensable d’y inclure le secteur privé et de lui fournir des incitations.
La délégation a également rencontré Misheck J.M. Sibanda, secrétaire en chef du Cabinet du président du Zimbabwe qui préside un comité tripartite du gouvernement, du Trésor et des services publics. Il a déclaré que malgré les nombreux obstacles, les priorités immédiates du comité au cours de ces derniers mois ont été d’instaurer des réformes en matière de gouvernance et de contrats. Il a remercié la Banque africaine de développement pour son programme de réforme de la gouvernance d’entreprise et de la passation des marchés au Zimbabwe, mené grâce au renforcement des capacités, au suivi-évaluation, au secteur de la santé et à un soutien institutionnel de 4,1 millions de dollars américains que la Banque africaine de développement a accordé aux entreprises publiques du pays.
« Nous avons réussi grâce à l’aide de la Banque africaine de développement », a déclaré M. Misheck J.M. Sibanda.
Le Zimfund, fonds fiduciaire multi-donateurs pour le Zimbabwe a été une source importante de soutien budgétaire pour le Zimbabwe notamment dans le secteur des infrastructures et de l’agriculture.
Moono Mupotola, directrice du bureau pays pour le Zimbabwe de la Banque africaine de développement, a affirmé que le programme décennal qui s’achève en juin 2022 sera remplacé par un nouveau fonds qui s’étendra aux TIC, au numérique et à la poursuite de l’assistance technique. « Nous souhaitons faire intervenir le secteur privé, en faisant appel aux investisseurs institutionnels du Zimbabwe, tels que les fonds de pension », a déclaré Moono Mupotola.
Yacine Fal a affirmé qu’un petit-déjeuner de travail organisé plus tôt dans la journée de mercredi par la Banque africaine de développement avec les ambassadeurs du G7, de l’Union européenne et d’autres partenaires du développement, avait été très encourageant.
« Nous nous félicitons de ce dialogue. Ce ne sont que des premiers pas, mais nous avançons », a-t-elle assuré.