Impaxis Securities accompagne la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC) dans son emprunt obligataire de 120 milliards de FCFA, un record pour un émetteur non souverain en zone UEMOA. Le DG de Impaxis Securities, Ababacar Diaw, revient sur les caractéristiques de l’opération. Exclusif.
Impaxis Securities va arranger une émission qui s’annonce comme la plus importante opération d’un émetteur non souverain depuis la création du Marché Financier Régional ? Comment l’opération est-elle structurée ?
Tout d’abord, nous tenons à rendre grâce à Dieu pour cette opportunité. Nous en remercions également nos clients émetteurs ainsi que les investisseurs pour la confiance témoignée. L’accompagnement de nos confrères et de tout l’écosystème du marché financier régional est aussi à saluer.
Effectivement, l’émission de la BIDC, par sa taille de 120 milliards de francs CFA, s’annonce comme la plus importante levée de fonds obligataire d’un émetteur non souverain depuis la création du marché financier régional en 1996. Ce montant viendrait effacer le précédent record détenu par la Sonatel qui avait réussi à lever 100 milliards de FCFA en plein Covid en 2020.
Au-delà de la taille remarquable, cette opération démontre tout d’abord le développement progressif et la profondeur de notre marché financier régional. Les acteurs non souverains n’hésitent plus à solliciter le marché pour des montants de plus en plus conséquents. Le marché permet aux émetteurs de diversifier leurs sources de financement en ayant accès à un financement quasi illimité en complément de leurs financements classiques. Par ailleurs, la BIDC est un émetteur de référence ayant 6 émissions obligataires à son actif et œuvre au développement et au dynamisme du marché. C’est un bon signal pour notre marché.
Ainsi la BIDC sollicite à nouveau le marché financier régional. Le taux retenu pour l’opération sera de l’ordre de 5,90% net de toute fiscalité dans toute la région. L’emprunt aura une durée de vie de 7 ans incluant une période de grâce de 2 ans sur le remboursement du capital. Cette maturité correspond à une duration de 4,5 ans. Enfin, les intérêts seront payables semestriellement à partir de la date de jouissance de l’opération et le remboursement du capital sera semestriel, après les deux années de différé.
Cette émission devrait permettre à la BIDC de jouer pleinement son rôle de catalyseur dans le cadre de la relance post Covid et le soutien à nos économies dans le contexte macroéconomique actuel. Les ressources mobilisées serviront à financer des projets structurels dans les différents pays de la région UEMOA (infrastructures, agriculture, santé, etc.). Plus de 50% des fonds seront alloués à la sous-tranche Secteur Privé et le reliquat au Secteur Public.
La période de souscription sera ouverte du 30 mai au 13 juin 2022. Cette émission obligataire sera en monnaie locale (FCFA, monnaie arrimée à l’euro) et est ouverte à tous les investisseurs, personnes physiques et morales, indépendamment de leur lieu de résidence.
Qu’est-ce qui explique le choix d’Impaxis pour conduire cette opération ?
Il faut tout d’abord rappeler que cette émission de 120 milliards FCFA s’inscrit dans le cadre d’un programme de 240 milliards FCFA (équivalent 400 millions USD) comme annoncé lors de la Tranche 1 en mai 2021. C’est dans ce cadre que IMPAXIS a été mandaté par la BIDC en tant qu’Arrangeur Principal et Chef de file du Consortium en charge du programme de levées de fonds, à la suite d’un appel d’offre international. C’est donc tout naturellement que la même équipe a été reconduite pour poursuivre l’exécution du programme après le succès de la Tranche 1.
IMPAXIS a montré sur ces dernières années, sa capacité à mener des opérations de taille conséquente couronnées de succès et dans un délai record mobilisant à la fois des investisseurs régionaux et internationaux.
Enfin, sur cette opération, IMPAXIS est accompagné de Coris Bourse en tant que co-arrangeur et co-chef de file, et d’Ecobank Development Corporation (EDC) en tant que co-chef de file.
Lors de la première tranche, quelque 50 milliards FCFA avaient été mobilisés avec une sursouscription de 258% et une fermeture des guichets de collecte en quelques heures. Quels sont les pronostics pour cette deuxième phase ?
Tout d’abord, il faut rappeler que la BIDC est un habitué du marché financier. La BIDC est un émetteur de référence sur le Marché Financier Régional et l’emprunt à venir sera sa 7ème émission sur le marché.
Il faut souligner également qu’à date, la BIDC a toujours remboursé sans aucun retard les sommes dues même en période de Covid. Enfin, l’amélioration de la notation financière internationale de la BIDC par les deux agences de notation Moody’s et Fitch, met en exergue la solidité du profil de crédit de cet émetteur.
Nous avons également une banque de développement avec des fondamentaux très solides et en constante amélioration (un taux de NPL (1) net de moins de 2.5%, un ratio des fonds propres sur actifs pondérés de plus de 65%, un total bilan de plus de 700 milliards de francs CFA, etc.).
L’engouement des investisseurs pour du «papier BIDC» est un autre indicateur de la perception du risque quasi-souverain associé à cet émetteur. Avec le renouvellement de la confiance des investisseurs, une préparation méticuleuse et l’aide de Dieu, le Consortium avec l’appui du syndicat de placement constitué des SGI (2) espère mobiliser ce montant le plus rapidement possible.
Cependant chaque opération est unique et celle-ci n’est pas encore jouée. Toutefois il faut reconnaître qu’elle présente le meilleur couple risque-rendement par rapport aux opportunités présentes actuellement sur le marché. Il va nous falloir continuer à rester serein et présenter l’opportunité aux investisseurs qui à la fin de la journée ont le dernier mot.
L’opération intervient dans un contexte de hausse de l’inflation et de relèvement des taux d’intérêt à l’international. Comment Impaxis gère-t-elle la donne dans ses rapports avec les investisseurs locaux et internationaux ?
Vous avez raison de noter que nous sommes dans un contexte de risque de hausse des taux pour freiner une inflation au-dessus des limites fixées par les banques centrales. Les investisseurs resteront très attentifs à l’évolution de la tendance macroéconomique.
Le risque accru de hausse des taux est aussi le reflet de l’incertitude des acteurs économiques par rapport à la situation géopolitique actuelle et ses répercussions. Dans un contexte similaire, il y a également un « Fly to quality » qu’opèrent les investisseurs, situation qui peut être favorable à l’Emetteur.
La BIDC a vu sa notation internationale confirmée par Moody’s en décembre 2021 et par Fitch en avril 2022. Il faut noter que les deux agences ont relevé la perspective de la BIDC, qui est passé de négative à stable malgré la situation géopolitique complexe dans la zone CEDEAO. Cette amélioration de la perspective donne plus de crédit à la BIDC en tant qu’émetteur et confirme son statut d’émetteur de référence dans la zone UEMOA eu égard son risque quasi souverain et qui le place en quatrième position en termes de notation parmi les Etats. Ce relèvement de la note traduit également l’évolution positive et constante des fondamentaux de la banque dont on a précédemment parlé ainsi que l’équipe de gestion, composée de professionnels chevronnés, et la qualité de la gouvernance
En outre, on a observé à une baisse continue des taux d’intérêt dans la zone depuis juin 2020 et les émetteurs (les Etats en très grande majorité) en ont profité pour émettre à des taux très bas et des maturités de plus en plus longues même si ces dernières semaines, on a noté un léger frémissement au niveau des taux.
Nous pensons que la BIDC, en tant que banque de développement de la CEDEAO, qui bénéficie d’une défiscalisation dans toute la zone UEMOA, offre un taux très compétitif pour tous les investisseurs de la zone quel que soit leur pays de résidence et surtout pour une opération dont la duration est de moins de 5ans. Ces éléments combinés permettent d’offrir un couple risque-rendement optimal en cette période pour les investisseurs.
En tant que financier, quelle analyse faites-vous de l’évolution de la BRVM en 2022 ?
Sur le compartiment obligataire du Marché Financier Régional, 1100 milliards FCFA ont été levés depuis le début de l’année par rapport au 1815 milliards FCFA mobilisés sur toute l’année 2021.
L’année 2021 a été une excellente année au niveau du marché actions de la BRVM. L’indice phare, le BRVM composite, a clôturé l’année en hausse de 39,15%. Il faut toutefois noter que malgré cette hausse, on reste en deçà des niveaux connus en 2015, le marché actions ayant connu 5 années de baisse successives entre 2016 et 2020.
Les premiers chiffres publiés en 2022 (trimestre 1) montrent des résultats encourageants de la majorité des entreprises admises à la cote. Nous pensons que cette tendance devrait se poursuivre sur les trimestres à venir.
Toutefois, les investisseurs observeront avec attention la politique monétaire qui ne devrait pas en essayant de réduire l’inflation, casser la dynamique de la croissance. Un renchérissement du coût du crédit, combiné à une hausse des matières premières et du pétrole, impacterait négativement les résultats des entreprises et par ricochet la bourse.
Cependant, sur le moyen et long terme, nous devons noter une consolidation des fondamentaux macroéconomiques de notre région (nouvelles découvertes de ressources, renforcement du secteur secondaire avec la transformation des produits agricoles, etc.) qui pourraient présager un avenir radieux pour le développement de la région.
2 commentaires
‘ Tout d’abord, nous tenons à rendre grâce à Dieu pour cette opportunité’ , je cite .
Quelle contradiction . Recourir à des transactions à intérêt et oser remercier Dieu .
Monsieur Diallo que faites vous sur cette page si vous êtes contre des transactions à intérêt….franchement !!!