Basé à Séoul, le Global Green Growth Institute (GGGI) est une organisation inter-gouvernementale fondée en 2012 à l’occasion de RIO + 20. Financial Afrik a rencontré l’équipe d’investissement de la division Afrique de cette institution pour dresser les enjeux de développement de la finance verte en Afrique. Dans le cadre de ces activités, le GGGI a mobilisé près de 5 milliards de Dollars en 2021 pour ces pays membres. En 2022, le GGGI gère un portefeuille de projets sur le continent sur les investissements verts, le solaire, la gestion des déchets, la mobilité durable, l’Agriculture résiliente, les forêts durables, les bâtiments verts et dans les industries vertes pour un potentiel global de 1,3 milliard de dollars. En plus, un certain nombre de projets structurants sont en phase d’initialisation dans des pays africains.
Au Maroc, un des programmes, un projet PPP en cours de constitution, vise à établir 11 à 15 usines de transformation des déchets organiques en énergie dans les provinces urbaines du Maroc pour la valorisation des déchets organiques en électricité et en chaleur via le processus de conversion anaérobie. Dans ce cadre, GGGI en collaboration avec le ministère marocain de l’Energie, des Mines et de l’Environnement et la Fondation Klik, facilite la vente de crédits carbone potentiels générés par le programme afin d’améliorer la viabilité financière du programme et d’attirer les investissements du secteur privé. De même, GGGI accompagne aussi le Maroc dans le cadre d’un projet power-to-hydrogen. Ainsi, MASEN (Agence marocaine pour l’énergie durable) développe une usine pilote de production d’hydrogène vert pour permettre l’économie de l’hydrogène et accélérer la transition énergétique verte. Pour sa part, GGGI en collaboration avec l’IRESEN (Institut Marocain de Recherche sur l’Energie Solaire et les Energies Nouvelles), aide MASEN à mobiliser un financement préparatoire de projet auprès du Fonds Vert pour le Climat (GCF).
Par ailleurs, GGGI travaille pour un projet de fonds d’impact sur le climat, le Fonds Énergie-Climat de Côte d’Ivoire (FECLI-CI), de 126 millions de dollars qui entreprendra des investissements dans des projets d’énergie durable de petite et moyenne envergure qui ont un impact mesurable sur le climat et l’accès à l’énergie. Dans ce cadre, GGGI travaille avec la Banque Nationale d’Investissement (BNI), la banque nationale de développement de la Côte d’Ivoire créée en 1959, pour mobiliser des financements de la Banque africaine de développement (BAD) et du Fonds vert pour le climat (GCF) afin de capitaliser et d’opérationnaliser le fonds.
Dans ce même pays, GGGI, en collaboration avec le ministère des Transports, travaille avec la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) pour mobiliser des fonds du Fonds vert pour le climat (GCF) pour la mise en œuvre d’un programme de zéro émission de carbone dans le transport public.
Au Sénégal, le Fonds pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique (REEF) en préparation pour une capacité cible de 120 millions de dollars est un fonds de financement mixte conçu pour soutenir le développement de projets d’énergie renouvelable au Sénégal (minimum 50 % du fonds) et dans d’autres pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). GGGI soutient le sponsor du fonds – FONSIS, le fonds souverain pour les investissements stratégiques au Sénégal, pour développer le pipeline d’investissement et soutenir les activités de levée de fonds pour la capitalisation de REEF. Le fonds est conçu pour débloquer le financement par emprunt en monnaie locale auprès des banques locales qui manquent actuellement de capacité et disposent d’instruments financiers inappropriés (taux d’intérêt et échéance) à prêter à des projets d’énergie renouvelable.
Au Burkina Faso, GGGI en collaboration avec l’Agence d’électrification rurale du Burkina Faso (ABER) ABER, a identifié deux communautés rurales de Zuogo et Ledere pour la mise en œuvre d’un programme de mini-central solaire.
Au niveau panafricain, GGGI travaille avec Africa Finance Corporation (AFC), pour la mise en œuvre du Fonds pour les infrastructures résilientes au climat (ICRF) devant se concentrer sur les investissements qui améliorent à la fois la qualité et la longévité des infrastructures physiques (routes, ports, ponts, chemins de fer, télécommunications, projets d’énergie propre et de logistique en Afrique) dans le but de rendre ces actifs plus résistants aux les impacts du changement climatique.
Potentiel africain
Selon les experts, le montant total approuvé des différents fonds entre 2003 et 2021 est de 6,85 milliards USD alors que le montant décaissé n’est que de 2,47 milliards USD (36% du montant total approuvé). Le montant cumulé approuvé au cours des 4 dernières années (2018 à 2021) est de 3,21 milliards USD avec une moyenne de 800 millions USD par an. « En supposant un meilleur scénario de 2 à 3 fois la moyenne des 4 dernières années, le montant total du financement climatique qui sera potentiellement approuvé en 2022 est estimé à 1,6 à 2,4 milliards USD », précise-t-on à GGGI.
L’un des instruments les plus utilisés pour la finance verte sont les obligations vertes. Il s’agit d’obligations régulières dont le produit est utilisé uniquement pour des projets verts définis. « Cependant, notez que ces instruments de financement par emprunt sont restrictifs sur les types de projets pouvant être financés et ont également des coûts administratifs et de mise en conformité importants. De plus, l’écart de rendement entre les obligations vertes et régulières n’est pas suffisamment important pour justifier l’émission d’obligations vertes pour la plupart des pays d’Afrique Subsaharienne ». En fait, les obligations vertes conviennent mieux aux émetteurs de qualité investissement, car l’écart de rendement et la liquidité sont bien meilleurs par rapport aux obligations conventionnelles.
L’autre catégorie, les obligations ESG qui prennent en compte l’environnement, les considérations sociales et la gouvernance. Si la tendance est réelle, il n’en reste pas moins que le secteur est exposé au greenwashing (écoblanchiment) et à quelques anomalies. En effet, les performances récentes des marchés des capitaux ne sont pas motivées par les facteurs économiques et de risque sous-jacents. Motivée par des facteurs environnementaux et sociaux, la finance verte reste en dépit d’un besoin d’encadrement et de normalisation, l’un des principaux moteurs de l’inclusion financière au même titre que le changement climatique.
En Afrique, en date du mois de 2022, le portefeuille des investissements dans la finance verte devrait atteindre 6,8 milliards de dollars, dominé par Green Climate Fund IRM à hauteur de 30, 8 % du volume des fonds, suivi de Least Developed Countries Fund (LDCF), à hauteur de 12,9% et Clean Technology Fund (CTF) à hauteur de 10,2%. Selon l’expert, le GGGI joue un rôle important dans le développement des projets bankables, le développement des instruments financiers innovants auprès de ces pays membres.