S’achemine-t-on à un retour vers un monde bipolaire qui a longtemps grisé les relations internationales au 20è siècle avec d’une part le bloc capitaliste ayant pour chef de file les Etats-Unis et l’Europe et le bloc communiste incarné par l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) ? Trente ans après la décapitation du communisme et le triomphe du capitalisme, les BRICS semblent déterminer à servir de contre-poids contre l’uniformisme occidental.
Selon toute vraisemblance, le 14e Sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du sud) tenu le 23 juin 2022 a donné l’occasion à ces pays de réaffirmer clairement leur détermination de peser de leur poids dans la régulation de la politique internationale.
Ouvert par le président chinois Xi Jinping, ledit sommet qui s’est déroulé par visioconférence a vu la participation des autres dirigeants des BRICS, notamment le président sud-africain Cyril Ramaphosa, le président brésilien Jair Bolsonaro, le président russe Vladimir Poutine et le premier Ministre indien Narendra Modi.
Le dirigeant chinois a notamment insisté sur la préservation de la paix et de la tranquillité dans le monde alors que « certains pays cherchent à élargir les alliances militaires pour s’assurer la sécurité absolue, à créer la confrontation des blocs en forçant les autres pays à prendre parti, et à prétendre à la suprématie au détriment des droits et intérêts des autres pays. Si nous laissons ces tendances dangereuses se poursuivre, le monde pâtira de plus de turbulences et d’insécurité » a-t-il insisté.
Visiblement offensif, il a indiqué que leur regroupement devrait se donner les moyens pour barrer la voie au diktat de l’occident, précisant que « les pays des BRICS doivent se soutenir mutuellement sur les questions touchant à leurs intérêts vitaux, poursuivre le véritable multilatéralisme, défendre la justice, l’équité et la solidarité et rejeter l’hégémonie, l’intimidation et la division ».
Les BRICS soutiennent la Russie sur la crise ukrainienne
Une allusion à peine voilée sur la crise russo-ukrainienne dont les développements démontrent de plus en plus que ce conflit est davantage une guerre idéologique opposant les Etats-Unis et l’Europe d’une part, et la Russie et ses alliés d’autre part. Si formellement les BRICS n’ont pas entériné l’annexion de l’Ukraine, l’absence d’une condamnation ferme contre l’invasion russe laisse croire que ces derniers sont solidaires de leur membre.
Aussi, dans l’optique de consolider leur position sur l’échiquier international, les BRICS ont-ils annoncé la mise en œuvre de « l’initiative pour la sécurité mondiale, à porter une vision de sécurité commune, intégrée, coopérative et durable, et à frayer une nouvelle voie de sécurité, celle du dialogue, du partenariat et du gagnant-gagnant au lieu de la confrontation, de l’alliance et du jeu à somme nulle, pour apporter plus de stabilité et d’énergie positive au monde ».
Face aux crises multiformes qui secouent le monde, ce 14è sommet a été plus politique qu’économique comme c’est généralement le cas. Ce qui montre leur détermination à peser de toutes leurs forces pour un monde plus équilibré. Les vétos opposés généralement par la Chine et la Russie au conseil de sécurité de l’ONU est un exemple de cette détermination des BRICS à servir de contrepoids contre l’unilatéralisme que tentent d’imposer les Etats-Unis et l’Europe.
Sur les autres points névralgiques qui impactent la planète, et particulièrement l’environnement des affaires, les BRICS, en tant que « marchés émergents et grands pays en développement importants », ont convenu de la nécessité « d’assumer leurs responsabilités et agir avec courage, à faire entendre la voix de l’équité et de la justice, à raffermir la conviction de vaincre la COVID-19, à former une synergie en faveur de la reprise économique, à promouvoir le développement durable, et à contribuer par la sagesse collective au développement de haute qualité de la coopération des BRICS pour apporter une énergie positive, stable et constructive au monde ».
Tout laisse croire que le BRICS entendent jouer un rôle plus important pour une redéfinition de la géostratégie à l’échelle planétaire, leur montée en puissance en Afrique par exemple s’inscrivant certainement dans cette logique.