Par Khalid Cherkaoui Semmouni, professeur universitaire.
Le 24 juin 2022 , des centaines de migrants venant d’Afrique subsaharienne ont tenté de passer la frontière entre le Maroc et l’Espagne à Melilla. Ils étaient armés de pierres et de bâtons pour certains, prêts à se défendre face aux autorités. Au moins 23 d’entre eux sont morts dans des heurts depuis les barrières grillagées de la frontière. En plus des blessures graves au niveau des éléments des forces d’ordre. L’Union Africaine et l’ONU appellent à l’ouverture d’une enquête. Des associations accusent les forces d’ordre de violence et de traitements inhumains.
Tout d’abord, il est à signaler que les dégâts humains enregistrés sont provoqués par les migrants eux-mêmes qui ont tenté de sauter les barrières grillagées provoquant des bousculades dans une zone étroite et des chutes. Tandis que les forces d’ordre n’ont fait que leurs devoir de les interdire de passer à Melilla de façon non réglementaire surtout qu’il y a une convention de coopération entre le Maroc et l’Espagne en matière de migration.
Ces événements traumatisants ne peuvent cependant, en aucun cas, remettre en cause la politique migratoire du Maroc, qui a été saluée par l’Union Africaine la considérant comme «un modèle à suivre» au niveau régional.
Evidemment, sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, le Maroc a prôné, dès l’année 2013, une nouvelle approche en matière migratoire, en adoptant une approche humanitaire et solidaire, protégeant les droits des migrants et préservant leur dignité.
Cette approche de stratégie nationale d’immigration et d’asile est déclinée en quatre objectifs stratégiques: gérer les flux migratoires dans le respect des droits de l’Homme, faciliter l’intégration des immigrés réguliers, assurer une meilleure intégration des immigrés et une meilleure gestion des flux migratoires dans le cadre d’une politique cohérente, globale, humaniste et responsable.
Ainsi, cette approche solidaire et humanitaire a pu permettre la régularisation de la situation de dizaines de milliers de migrants, la prise de mesures opérationnelles pour faciliter l’intégration éducative des enfants migrants, l’accès des élèves migrants aux programmes sociaux, le soutien scolaire, préscolaire et d’enseignement des langue et culture marocaines et l’ouverture de l’accès des artistes migrants résidant au Maroc, etc.
D’autre part, en concrétisant la nouvelle politique migratoire du Maroc, le Roi Mohammed VI avait proposé, lors du 30ème Sommet de l’UA, la création d’un Observatoire Africain de la Migration (OAM). Cet organe aura pour mission de collecter les informations et de développer leurs échanges, ainsi que de faciliter la coordination entre les pays africains sur la question migratoire. L’OAM a été créé et son siège a été inauguré à Rabat et va débuter ses fonctions dès que son Directeur sera nommé.
A vrai dire, l’Afrique est désormais érigée en priorité stratégique dans l’agenda marocain, comme en témoignent les multiples initiatives de solidarité destinées aux pays du continent, et le rôle important du Maroc dans le traitement de plusieurs questions, comme l’immigration illégale et la lutte contre le terrorisme , sans oublier que le Maroc est un pays de siège de l’Observatoire Africain de la Migration. C’est pourquoi, le Royaume doit continuer cette politique migratoire qui préserve les droits humains des migrants.
A propos de l’auteur
A propos de l’auteur
Khalid Cherkaoui Semmouni est Professeur à la Faculté de droit de Rabat et dans plusieurs écoles et instituts du Maroc dans les domaines suivants: droit, sciences politiques, société de gestion et d’organisation, finances publiques, développement et développement des ressources humaines, relations publiques, communication et médias.