Sous le signe de la mobilisation des fonds pour les infrastructures durables
Les assemblées générales du fonds Africa 50 se sont ouvertes le 19 juillet 2022 à Marrakech et devront être prolongées mercredi par la 14 éme édition de la rencontre US -Africa Business Summit organisée en partenariat avec Corporate Council On Africa. Dans son propos liminaire, Nadia Fettah Alaoui, ministre de l’Economie et des Finances du Maroc, a estimé qu’il est indispensable que la coopération africaine se renforce. La mise en place de la Zone de libre-échange continental (ZLECA) devrait jouer le rôle de catalyseur d’une plus grande intégration devant aider les pays africains à faire face aux chocs extérieurs. «L’assemblée générale du fonds Africa 50 se déroule à un moment crucial. Nous devons apporter des réponses fortes aux défis communs», a estimé madame la ministre en mettant l’accent sur le contexte géopolitique actuel, les conséquences de la crise ukrainienne, la restructuration des chaînes de valeur mondiales imposée par la pandémie de Covid-19 et la nécessité de la modernisation de l’agriculture africaine. “Le continent dispose de plus de 80 millions de terres arables”, rappelle la ministre estimant que le défi de la sécurité alimentaire doit être relevé en prenant en compte le changement climatique, l’intégration de l’énergie propre et la transformation digitale.
Pour sa part, Akinwumi Adesina, président de la BAD et président du conseil d’administration d’Africa 50, a tout d’abord salué la résilience de l’économie marocaine. “La Banque africaine de développement et le Maroc sont liés par un partenariat historique depuis plus d’un demi-siècle, avec plus de 170 opérations financées dans le Royaume, pour plus de 12 milliards de dollars américains.
De plus, le Maroc a été l’un des premiers pays à soutenir la création d’Africa50, dont j’ai l’honneur de présider le conseil d’administrat ion. Le Royaume est le pays hôte du siège d’Africa50 et c’est un actionnaire majeur à double titre : à travers la participation de l’état marocain et celle de la Banque Al Maghrib dans le capital d’Africa50”.
Combler le gap des infrastructures
Les investissements dans l’Agriculture, l’énergie, le transport et les télécommunications sont les clés d’une croissance résiliente. La BAD a investi 40 milliards de dollars dans les infrastructures sur les sept dernières années. “Ces investissements ont par exemple permis à 21 millions d’Africains d’avoir accès à une électricité améliorée, à 69 millions de personnes d’avoir accès à des transports améliorés et à 50 millions de personnes d’avoir accès à une eau et un assainissement améliorés”.
Au Maroc, la Banque africaine de développement a investi environ 9 milliards de dollars dans les infrastructures. “Ces investissements ont permis d’augmenter le pourcentage de personnes dans les zones rurales ayant accès à l’électricité de 18% en 1995 à 99,74% en 2020, touchant 12,8 millions de personnes”, détaille Dr Adesina.
Le financement de la Banque africaine de développement pour l’eau et l’assainissement au Maroc a obtenu des résultats impressionnants, offrant un accès à l’eau à 15 millions de personnes. “Je me réjouis que le financement de la Banque africaine de développement ait soutenu le secteur social marocain, et notre financement depuis 2005 a permis d’élargir l’accès à la couverture médicale dans le pays à 20 millions de personnes, soit 62 % de la population”., déclare Dr Adesina.
En outre, la Banque africaine de développement a approuvé des investissements de 1,3 milliard de dollars pour soutenir les infrastructures énergétiques transformatrices au Maroc, notamment Noor Ouarzazate, la plus grande centrale solaire à concentration au monde.
Dans son ensemble, l’Afrique a un gap de 107 milliards de dollars en matière de financement des infrastructures. L’argent provenant des institutions publiques ne pourra pas combler le gap à lui seul. Les institutions multilatérales, les institutions privées et le secteur privé sont mises à contribution.
C’est pour répondre à cette question essentielle que le fonds Africa 50 institué il y a 6 ans a lancé le fonds Africa50 Infrastructure Acceleration Fund en 2021. Aujourd’hui, estime Alain Ebobissé, “le rôle d’Africa50 est donc, à notre avis, plus que jamais d’actualité, en tant que catalyseur de l’investissement privé et en PPP dans les infras africaines. Notre objectif est de contribuer, à équiper les pays africains d’infrastructures modernes, compétitives et durables, pour leur permettre de concrétiser les opportunités de croissance dans divers secteurs clés, tels que l’énergie, les transports et les TICs, mais aussi les infrastructures sociales telles que la santé et l’éducation”.
Africa 50 compte un portefeuille de 16 projets à fort impact valorisés à 5 milliards de dollars. Canal essentiel entre les États, les institutions financières de développement et le secteur privé, Africa 50 a relevé la cadence avec le financement de projets d’infrastructure et de transition énergétique (Azura Edo au Nigeria, 6 centrales du parc Benabar en Égypte, des lignes de haute tension au Kenya avec Power Grid of India, le projet pont, route, rails entre Kinshasa et Brazzaville, Kigali Innovation City, centrale de Malicounda au Sénégal…) .
En outre, avec le lancement d’un nouveau fonds (Africa 50 Infrastructures) qui vise une taille cible de 500 millions de dollars, Africa 50 s’est positionné véritablement en pont entre les institutionnels et les autres parties prenantes.
Ce nouveau fonds dirigé par Vincent Le Guennou, figure marquante du capital investissement en Afrique, devrait mobiliser l’argent des institutionnels autour des projets bancables dans les domaines des infrastructures et du changement climatique.
Cette volonté pour Africa 50 de jouer le rôle pivot de catalyseur des investissements dans les infrastructures s’est traduite à Marrakech par la signature d’un MOU en marge des assemblées générales entre Africa 50, la BAD et African Sovereign Investment Funds (ASIF), association des fonds souverains récemment lancés et représenté à la cérémonie par Obaïd Amrane, CEO du fonds souverain marocain Ithmar Capital.
Dans cet élan pour la mobilisation des fonds, les pays partenaires ne seront pas de trop. “Au niveau mondial, les investisseurs institutionnels pèsent 2 000 milliards de dollars. Environ 40% de cette manne est entre les mains des institutionnels américains, renseigne Florie Liser, qui appelle les acteurs africains à comprendre les facteurs clés déclencheurs des décisions d’investissement de ces grands fonds.
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Plus que jamais engagé dans le financement des infrastructures, Africa 50 veut rester un centre d’innovation dans l’arrangement et la structuration financière des grands projets. Après avoir bouclé avec succès en 2018 , la première titrisation synthétique au monde, pour un montant de 1 milliard de dollars avec uniquement le cash flow du projet (sans recours au capital des investisseurs),
l’institution immatriculée à la Casablanca Finance City est engagée à fonds dans un chantier essentiel: le recyclage des fonds inutilisés par les gouvernements et les institutions vers les projets d’infrastructure. A noter que seuls 56% d’africains ont accès à l’électricité et 42% seulement accèdent à l’eau potable. Ce qui en dit long sur l’importance du gaz dans l’accès à l’énergie et le développement. “L’Afrique doit se positionner en solution dans un monde en crise”, estime Akinwumi Adesina appelant à la transformation du potentiel africain.