« Le Compendium des compétences féminines ivoiriennes est désormais porté par l’Unesco, l’UA et l’OIF comme une référence continentale »
Depuis une décennie, les compétences féminines ivoiriennes sont répertoriées dans un Compendium. Au mois de juin dernier (23-24-25), la Côte d’Ivoire a célébré les 10 ans de cet outil de valorisation du genre. Euphrasie Kouassi Yao, ancienne ministre de la Promotion de la femme et actuelle conseillère du président Alassane Ouattara en charge des questions du genre est l’initiatrice et maitre d’ouvrage de ce compendium. Dans cette interview, elle explique comment cette initiative ivoirienne est aujourd’hui portée par l’Unesco et l’Union Africaine comme une référence continentale.
Propos recueillis par Mireille Patricia Abié
Cela fait 30 années que vous êtes dans la défense du genre et du développement équitable partout où on peut faire bouger les lignes. Qu’est-ce qui vous fait courir ?
La première des choses, c’est que je suis enseignante de formation et au sein des structures dans lesquelles j’ai enseigné, j’ai pu voir que les jeunes filles et les jeunes dames étaient compétentes et dynamiques. Ensuite, je me suis retrouvée au ministère de la Femme comme sous-directrice de l’encadrement. Et en regardant les statistiques au niveau des travailleurs dans tous les domaines, j’ai pu noter qu’il n’y avait 10 % à 15 % de femmes dans les secteurs économique, politique, social et autres. Je me suis donc posée des questions pour savoir les raisons de cette sous représentation des femmes. Et après, j’ai découvert l’approche genre et développement qui est une stratégie qui permet de corriger et de réduire les inégalités sociales, économiques, politiques et culturelles entre les femmes et les hommes, entre les filles et les garçons. J’ai dès lors compris que je venais enfin de trouver la solution, l’outil qui allait me permettre d’affronter les problèmes du genre que je constatais sur le terrain. Il y a aussi le fait que, comme je l’explique toujours, je suis orpheline, je n’ai pas connu ma mère. Mais selon ce qu’on m’a dit d’elle, c’était une femme brave et courageuse. Je la retrouve donc à travers toutes ces femmes que je rencontre sur le terrain et je me dis que c’est un devoir pour moi de les aider à être autonome, à se réaliser.
Il y a 10 ans, vous avez élaboré un compendium qui est un répertoire des compétences féminines de Côte d’Ivoire. Quel était l’intérêt et l’objectif d’une telle initiative ?
En 2011 lorsque le président Alassane Ouattara est arrivé au pouvoir, il a constaté qu’on ne savait pas où trouver les femmes pour les nommer à des postes de décision. Il y avait un gap entre les situations des femmes et les conventions que la Côte d’Ivoire avait ratifiées un peu partout sur l’égalité des genres. Il nous a donc demandé de recenser les femmes pour qu’il puisse les nommer, pour qu’il puisse les représenter. L’objectif en fait c’est de renforcer la visibilité, la participation et le leadership des femmes dans la gestion des affaires publiques et privées. Le deuxième objectif, c’est de créer une base de données, de fournir des informations utiles en temps opportun aux décideurs qui ont besoin des femmes. Nous avons donc aujourd’hui 15.000 femmes dans la base de données. Le troisième objectif c’est d’identifier les secteurs où il n y a pas assez de femmes. Il y a par exemple des secteurs comme celui des mines où on ne trouve pas vraiment les femmes parce qu’on se dit que c’est un domaine réservé aux hommes. Il faut donc aller trouver ces secteurs pour corriger les inégalités. Le quatrième objectif c’est de créer ce vaste réseau où toutes les femmes, qu’elles soient cadres de haut niveau, jeunes filles avec des compétences affirmées, femmes rurales, femmes de la diaspora, vont se mettre ensemble pour pouvoir faire bouger les lignes parce qu’il y a trop d’inégalités. Voilà les raisons qui nous ont motivé la création de ce compendium.
C’est un mouvement de transformation sociale, économique et politique mais on le fait toujours avec des outils.
Et quel en est aujourd’hui le bilan ?
En terme de bilan, je pense que notre première réussite c’est l’engouement des femmes. En moins de 5 ans d’existence, notre base de données qui comptait déjà près de 15000 femmes est devenue obsolète. Et parmi ces 15000 femmes, on a identifié des cadres qui ont été répertoriées dans un annuaire selon leurs références et leurs situations professionnelles avec l’appui de l’Institut national de statistiques. Au-delà de cela, on a travaillé avec des femmes pour avoir des impacts. Au niveau politique, on a formé près de 1000 femmes pour qu’elles s’intéressent à la politique. Et en moins de 6 mois, on a eu 328 femmes candidates aux élections en 2016 alors qu’en 2011, le nombre de femmes candidates était de 105. En 2021, on est passé à 452. Ce qui veut dire que les coaching, les formations et l’accompagnement personnalisé marchent au niveau politique. Au niveau économique, on a aussi des résultats. Par exemple, on a travaillé avec des banques qui voulaient financer des femmes. Aujourd’hui il y a un engouement au niveau de l’entrepreneuriat féminin. On a formé quelques femmes qui sont dans l’entrepreneuriat pour qu’elles puissent briguer ces financements. Et sur près de 15 personnes qui avaient eu le financement l’année, il y avait au moins 10 femmes. Parce qu’il y a un travail qui a été fait à la base. Il y a des femmes aussi qui sont dans des secteurs réservés aux hommes, comme le domaine des TIC, qu’on accompagne et qui ont pu décrocher de gros marchés. Il y a des jeunes filles à qui on apprend à faire des CV pour pouvoir postuler à des emplois, à des appels d’offres et il y en a aussi qui créent leurs propres entreprises parce qu’elles ont été formées à travers nos réseautages. Au niveau social, c’est vraiment le grand mouvement qui touche même les directeurs généraux. On les forme en ingénierie du genre. Et ça change le regard, la mentalité et la perception qu’ils ont des femmes. C’est un travail qu’on fait sur les décideurs pour les emmener à promouvoir les compétences féminines au sein de leurs entreprises. Et grâce à ce mouvement de valorisation des compétences féminines, la conscience collective est en train de changer. C’est un mouvement de transformation sociale, économique et politique mais on le fait toujours avec des outils.
Quels sont ces outils ?
Nous avons l’ingénierie du genre. Cet outil nous permet de former pendant 9 mois des cadres de tous les secteurs qui ont au moins le Bac + 3. On a formé des généraux des Eaux et Forêts, des colonels de la présidence de la République, des directeurs généraux comme celui de la CNPS ainsi que ceux de la CGRAE, de la SIB. C’est tous les secteurs qui viennent se former. Et chacun à son niveau commence à travailler parce que sa mentalité a changé. C’est une histoire de culture, de norme, de perception, de stéréotype. Il faut donc déployer toute une stratégie pour que ça change. Parce que si on ne s’occupe que des femmes entrepreneurs elles-mêmes et qu’on ne touche pas du doigt l’environnement dans lequel elles travaillent, ce sera peine perdue. Il faut que les autres aussi soient au même niveau de perception.
On a aussi créé un outil qu’on appelle GECE (Genre et Compétitivité des Entreprises). C’est un label que nous avons créé. Le lancement de ce label a suscité un engouement auprès des entreprises. Nous avons déjà une liste de 67 personnes en attente, mais nous n’avons pas encore commencé ce chantier parce que c’est un nouveau projet
En Côte d’Ivoire, votre activisme pour l’autonomisation de la femme vous a permis d’entrer au gouvernement où vous avez joué les premiers rôles en tant que ministre en charge de la Promotion de la femme. Quels sont les acquis ?
Déjà, après avoir travaillé pendant au moins 20 ans avant d’être membre du gouvernement, ce qui me manquait c’était les lois. Vous savez, on peut bien travailler mais quand cela n’est pas encadré par des lois pour faire bouger les lignes, c’est difficile. J’ai donc passé mon année de ministère à travailler sur les lois. J’ai eu la chance que c’était en 2016, une année où le président Alassane Ouattara avait lancé l’élaboration de la nouvelle Constitution. J’en ai donc profité, avec ma voix d’experte Genre, titulaire de Chaire UNESCO, pour qu’il y ait beaucoup d’éléments de genre dans la constitution. Mon plaidoyer a porté et la question du genre a même été inscrite dans le préambule de la constitution. J’ai aussi beaucoup travaillé sur la loi sur le quota parce que je me dis qu’on peut former des hommes, des femmes, des jeunes mais il y aura toujours des gens qui sont encore ‘’Gender Blend’’ parce que c’est une question de mentalité. Je me suis dit qu’il faut donc des quotas pour donner plus de visibilité aux meilleures des femmes. Pour ce qui concerne d’ailleurs l’ingénierie du genre, l’OCDE a estimé que c’est une très bonne pratique que nous devons vulgariser et partager comme le compendium. Les gens ont souvent tendance à dire qu’il n’y a pas de femmes dans l’entreprenariat, ou que les femmes n’entreprennent pas. Mais la simple dénonciation ne peut pas changer les choses parce que c’est une question de mentalité. Il faut que les stratégies soient mises ensemble pour que la conscience change afin que les hommes eux-mêmes décident de venir avec nous pour faire bouger les lignes. A juste titre, lors de notre colloque, nous avons eu un panel dont le thème était ‘’les hommes dans la valorisation des compétences féminines’’.
Il faut donc donner le pouvoir de décision à cette femme dans la gestion d’une chose qui coûte cher à l’humanité pour que tout marche bien.
Nous allons donc justement rebondir sur ce thème dont vous venez de parler pour aborder une préoccupation purement sociale. Une femme compétente, c’est d’abord une femme épanouie à la maison. Est-ce que votre activisme pour la promotion des femmes s’étend aux ménages où il faut sensibiliser les hommes à la valorisation de leurs épouses ?
Absolument ! Et sous plusieurs angles. Il y a par exemple un DG que nous avons formé. Et au moment où je m’attendais à ce qu’il aille reformer son entreprise, il a plutôt été touché par la gestion de sa famille. Il a décidé d’utiliser ce qu’il a appris comme outils pour gérer autrement sa femme et ses enfants pour que tout le monde soit épanoui. Il y a également le cas d’un monsieur dont la femme avait été formée et qui a souhaité lui aussi suivre cette même formation. Il y a aussi mon propre exemple. Avec mes 30 ans d’expérience dans le domaine du genre, j’ai rencontré des difficultés dans mon foyer au début de ma carrière. Pour surmonter ces difficultés, j’ai écrit un livre où je me suis totalement ouverte. Le livre s’intitule ‘’Le secret d’une aventure : celle qu’on n’attendait pas au sommet’’. J’ai expliqué comment tout au long de ma vie professionnelle, j’ai pu débloquer des stéréotypes ; comment dans ma vie familiale, j’ai pu surmonter et ma belle famille et mon époux lui-même et mes enfants ; comment j’ai pu concilier ma vie professionnelle et ma vie familiale. J’ai pu tout expliquer parce que j’ai vu justement que les femmes avaient des problèmes dans la conciliation de ces deux. On ne doit pas briser les familles parce que si on le fait, cela voudra dire qu’on a échoué. J’ai donc décidé de partager mon expérience à travers ce livre. Et selon les retours que j’ai pu avoir, la plupart des personnes qui ont lu le livre ont pu changer. Il y a au moins une vingtaine de témoignages de femmes leaders, de femmes de décision qui me disent merci d’avoir pu sauver leur foyer. Il y a aussi des témoignages de jeunes et d’enfants. La ministre de l’Éducation nationale m’a même suggéré que tous les enfants de Côte d’Ivoire puissent lire ce livre qui est disponible dans toutes les librairies. Je le conseille donc vivement à toutes les personnes qui aspirent au changement.
Vous êtes titulaire d’une chaire UNESCO dénommée « Eau, Femmes et Pouvoir de décision ». Quelle est la corrélation entre ces trois entités ?
L’eau, c’est la vie parce que l’eau est source de vie. Et la femme est celle qui donne la vie, mais on l’oublie très souvent. Il faut donc donner le pouvoir de décision à cette femme dans la gestion d’une chose qui coûte cher à l’humanité pour que tout marche bien. Là aussi j’ai fait une expérience dans un village où il n’y avait pas d’accès à l’eau potable. J’ai mis les femmes et les hommes ensemble, j’ai encore utilisé les outils du genre, et quand j’ai présenté le projet à l’Unesco, ils m’ont décerné la médaille d’or et la chaire UNESCO pour que je réalise ce programme pour tout le monde entier. Ce village dont je parle s’appelle Diatokro et ils ont de l’eau depuis au moins 15 ans. Le développement et ce programme répondait à l’époque à 7 objectifs sur 9 du développement durable, parce que la petite fille peut maintenant aller à l’école puisqu’il y a l’eau pour tout le monde. Ils ont vendu de l’eau et ils ont pu avoir de l’argent pour créer des coopératives de manioc qu’ils appellent Lanaya. Le genre, c’est une approche de développement ce n’est pas le féminisme, ce n’est pas de l’activisme. Même le compendium répond à 9 objectifs de développement sur 17. Mais comme je suis une femme, les gens assimilent mes actions au leadership féminin. Mais quand je regarde les statistiques, je suis obligée de relever les femmes. Il ya une chose que j’aimerais souligner, c’est que chacune des 15000 femmes inscrites sur notre plateforme du compendium est meilleure dans son domaine. Et on note que de plus en plus d’hommes sont aussi victimes de violences psychologiques et verbales. Il y a même certains hommes qui ont des envies de suicide. C’est un sujet dont il faut que les questions du genre s’occupent. Il faut qu’on insiste là-dessus avec notre réseau de femmes. Nous ne sommes plus dans un contexte de leadership féminin et de féministes. On veut qu’un groupe avance pour que le développement soit durable. On veut un impact pour l’Afrique. D’où le thème du colloque qui était « les compétences féminines, quel impact pour la valorisation de l’Afrique ?».
Vous êtes conseiller du chef de l’État en charge des mêmes questions. Maintenant que vous avez l’occasion de parler à l’oreille du président de la République, que lui dites- vous concernant les violences basées sur le genre et autres maux auxquels les femmes sont confrontées ? Quelle approche lui proposez-vous pour lutter contre cette chosification de la femme qui prend et plus en plus de l’ampleur ?
J’estime qu’il faut y aller avec la transversalité du genre. Ça veut dire que chaque ministère, selon son domaine, doit utiliser les outils du genre pour travailler et éradiquer les problèmes. Par exemple pour ce qui concerne le ministère de la Femme, les questions de viols et de violences sexuelles se passent généralement dans les familles. Ça doit donc être un domaine sur lequel le ministre devrait travailler. Et effectivement, elle le fait mais comme ça se passe au sein des cellules familiales, c’est très subtil. Quand on prend par exemple le ministère de l’Economie, on constate que les femmes sont les plus pauvres par rapport aux hommes. On doit savoir quel impact les budgets qu’on donne ont sur les femmes et les hommes. Le ministère de l’Economie devrait donc travailler sur la budgétisation sur le genre. Au niveau du ministère des Mines et du Pétrole, aujourd’hui on a découvert le pétrole, alors on devrait savoir qu’est-ce qui se passe dans ce secteur, et qui fait quoi. Voila donc ce que je conseille au président et il l’entend bien. Moi je suis sa conseillère chargée du genre et en plus je mène des actions pratiques sur le terrain. Donc nous faisons tout avec stratégie mais je ne suis que conseillère. Je lui donne des conseils que je peux pour mettre en place des stratégies parce que les institutions sociales sont discriminatoires et pour y remédier, il n’y a pas que la dénonciation. Il faut des stratégies. Aujourd’hui tous les ministères travaillent à cela. La transformation et le développement, c’est long parce que c’est une œuvre de longue haleine mais l’essentiel est de poser les bons pions. Nous sommes en train de les poser et je pense qu’on aura des résultats.
Il faut des stratégies. et Aujourd’hui, tous les ministères travaillent à cela.
Pendant trois jours, vous avez célébré les 10 ans du compendium. Trois jours pendant lesquels vous avez festoyé, fait le bilan mais vous vous êtes aussi projetées sur les 10 prochaines années. Est-ce qu’on pourrait avoir une idée de vos objectifs pour la nouvelle décennie?
On a fait la fête parce que nous avons été désignés meilleur programme africain lors de la rencontre de coopération Sud-Sud. Nous avons été élus meilleur Programme en même temps que l’Afrique du Sud pour les questions de réconciliation et de paix, le Rwanda pour l’économie verte et l’Ouganda pour la prise en charge des réfugiés. Et nous sommes donc très fiers d’avoir été reconnus par nos paires comme meilleur programme africain de valorisation des compétences féminines. Nous avons également été reconnus par l’UNESCO qui a décidé de soutenir cette initiative afin que tous les pays africains se dotent chacun d’un compendium de ses compétences féminines. On a d’ailleurs des pays comme la Guinée, le Sénégal, le Togo, le Ghana, le Congo qui ont formalisé leur souhait de réaliser leurs propres compendiums sur le modèle ivoirien. L’Union africaine a également décidé de nous soutenir et d’en faire une expertise continentale. Il y a l’OIF qui nous a désignés comme programme modèle. Nous figurons même sur le site de cette organisation. L’OCDE a commencé à travailler avec nous. On a donc célébré toutes ces reconnaissances internationales. Nous avons également profité pour présenter le compendium parce que jusque-là, il y a encore des femmes qui pensent que c’est une simple base de données alors qu’il s’agit d’un mouvement de développement. Il y a eu également des panels au cours desquels on a eu droit à des partages d’expériences et de témoignages. Des femmes qui sont à des postes de décision ont expliqué comment est-ce qu’elles ont pu avancer et ce qui leur a permis de le faire. Il y a aussi des hommes dont la vision a été changée grâce aux outils genre. On a parlé du réseautage qui est assez méconnu en Afrique. Il y a également eu une soirée de reconnaissance pour toutes les personnalités, institutions, partenaires au développement qui nous accompagnent depuis 10 ans. En termes de perspectives, l’une de nos résolutions c’est d’étendre le compendium à toutes les régions de la Côte d’Ivoire. Il faut également qu’on puisse satisfaire les autres pays demandeurs. Nous souhaitons avoir plus de moyens pour en faire un programme de développement global.
Quels sont les conditions pour adhérer au compendium ?
L’adhésion au compendium est gratuite et sans aucune distinction d’ethnie et de classe sociale. Dès lors que vous avez entendu parler du compendium et que vous savez que vous êtes compétente, n’hésitez pas à vous inscrire. C’est un cadre qu’on nous a offert et dans lequel nous voulons nous-mêmes apprendre à réussir et à se mettre en lumière. Il suffit donc d’aller sur notre site www.competencesfeminines.gouv.ci pour le faire puisque nous élargi notre base de données qui peut désormais contenir jusqu’à 5.000.000 de femmes.