«Notre succès repose sur le strict respect des fondamentaux de la bonne gouvernance»
Président de la République du Botswana depuis 2018, Mokgweetsi Masisi était l’une des vedettes du sommet d’affaires Etats-Unis – Afrique qui a eu lieu à Marrakech du 18 au 21 juillet 2022. A la tête du seul pays africain investment grade (A3 auprès de Moody’s et BBB+ chez S&P Global Ratings) ce professeur de sciences sociales a su maintenir la bonne réputation de son pays auprès des investisseurs étrangers, du marché financier en général, en poursuivant les réformes dans la tradition de la transparence de l’administration initiée par ses prédécesseurs et en réussissant à convaincre les acteurs du secteur diamantifère et minier à investir dans la transformation locale. Pays avec un taux d’alphabétisation de plus de 80%, le Botswana est un cas d’école en matière de préservation des équilibres macroéconomiques, de redistribution des recettes de l’industrie extractive à travers un fonds souverain, le Fonds Pula, fondé en 1993, qui dispose aujourd’hui de réserves équivalentes à 10 % du PIB constituant de facto le garant de la stabilité de la monnaie nationale et, in fine, de la protection sociale de ce pays voisin de l’Afrique du Sud. Exclusif.
Qu’est ce qui explique la success story du Botswana, en tête de tableau des pays les plus notés d’Afrique depuis longtemps ?
Notre succès repose principalement sur le strict respect des fondamentaux de la bonne gouvernance. Le second point est un partenariat étroit avec le secteur privé dans les projets PPP ou dans les projets strictement privés. Il y a aussi la prévisibilité de nos réformes et de nos engagements. Tout cela repose évidemment sur la stabilité politique et l’Etat de droit. En deuxième lieu, il y a nos politiques d’incitations au profit des investisseurs. Ceux-ci peuvent rapatrier leurs bénéfices et même le capital investi sans contrainte, à tout moment et dans la devise de leurs choix. Il n’y a pas de contrôle de change au Botswana.
Comment arrivez -vous à créer de la valeur dans le secteur des ressources minières ?
Nous le faisons premièrement par de la régulation et en veillant à ce que l’exploitation minière se fasse dans le strict respect de l’environnement et des communautés. Nos réformes et politiques minières sont menées dans le but d’optimiser la chaîne de valeur. Dans le secteur diamantifère, le Botswana est connu pour être un membre important du processus de Kimberley. C’est le choix de la transparence et de traçabilité. La gestion rigoureuse de ce secteur stratégique dans la transparence nous permet d’augmenter sa valeur et sa contribution dans l’économie.
A Marrakech, vous étiez l’une des vedettes du sommet d’affaires entre les Etats-Unis et l’Afrique. Quel est l’état de vos relations avec les USA ?
Les Etats-Unis constituent un partenaire incontournable pour le Botswana. C’est notre premier marché d’exportation de nos diamants. Avec la mise à jour de nos réformes et une bonne diffusion des avantages que nous octroyons aux partenaires, nous pouvons augmenter nos exportations vers ce pays. En plus des incitations offertes, nous avons une monnaie relativement stable (NDLR: 1 dollar USD = 12,64 Pula BWP) qui réduit le risque de change. L’autre argument fort qui milite en notre faveur est l’intégrité de notre compagnie diamantifère certifiée sur le marché américain et qui dispose de process conformes aux plus hautes exigences du marché international.
Selon Moody’s et Standard and Poor’s, vous êtes le pays le moins risqué d’Afrique. Est-ce toujours le cas ?
Je ne peux pas dire plus que ces agences de notation qui fondent leurs opinions sur des paramètres mesurables, de l’analyse des données et des enquêtes auprès des investisseurs. Comme je vous l’ai dit plutôt, notre succès auprès de ces agences et de la communauté des affaires dans le monde se fonde sur la bonne gestion et la transparence. Je vous invite à venir passer en revue nos fondamentaux, observer et évaluer et je vous assure que vous vous en rendrez compte.
Dernière question, monsieur le président, quel est votre sentiment vis-à-vis de la Zone de libre échange continental (ZLECA) ?
Nous y sommes engagés et sommes convaincus de sa pertinence. Nous devons nous engager pleinement dans les réformes, les négociations tarifaires et non tarifaires. Par ailleurs, nous devons relever la cadence des investissements dans la logistique routière, ferroviaire, portuaire et aéroportuaire pour faciliter les échanges avec nos différentes économies.