“En Mauritanie, notre production anticipée est de 1 700 000 tonnes par an d’hydrogène et 10 000 000 de tonnes d’ammoniac”
Avant de rejoindre CWP Global en mars 2021 en tant que Country Manager en Mauritanie, Samba Diallo a travaillé pendant 8 ans en tant que spécialiste économique et commercial auprès du Département d’État américain à l’ambassade des États-Unis en Mauritanie. À ce titre, Samba a travaillé dans la mise en œuvre des programmes prioritaires du gouvernement américain tels que le Millennium Challenge Cooperation, l’African Growth Opportunity Act, le Port Security Program et Power Africa pour l’accès à l’électricité en Afrique du Nord. Auparavant, Samba a acquis une expérience internationale au Danemark et en Namibie dans le domaine de l’environnement et de la lutte contre le réchauffement climatique. Samba est un boursier Fulbright, titulaire d’une maîtrise en relations internationales et en économie de l’Old Dominion University en Virginie.
Propos recueillis par Elhaj Ibrahima Dia
Vous comptez développer avec le gouvernement Mauritanien un projet qui produira une des énergies propres les moins chères au monde. Pouvez-vous nous présenter les grands axes de ce projet ? Où en est-il aujourd’hui?
Effectivement, le projet AMAN est l’un des plus grands projets de CWP, c’est un projet qui va produire de l’énergie à partir de ressources renouvelables. Les grands axes de ce projet consistent à installer des dizaines de GW de capacité d’éoliennes et de panneaux solaires, qui génèreront de l’électricité verte. Cette électricité sera utilisée pour produire de l’hydrogène vert, à travers l’électrolyse, sur place. Une quantité de cet hydrogène vert sera utilisé pour produire de l’ammoniac vert, pour l’export et la consommation locale. La production anticipée est de 1 700 000 tonnes par an d’hydrogène et 10 000 000 de tonnes d’ammoniac, ce qui fera de la Mauritanie un des exportateurs principaux de ces deux produits écologiques. L’eau nécessaire pour l’électrolyse viendra de la mer et sera dessalée et déminéralisée puis ensuite traitée pour pouvoir être potable et servir aux communautés.
Au cours de cette procédure, une grande quantité d’eau potable et des excédents d’électricité seront mis à la disposition des communautés locales à des prix très bas.
Aujourd’hui, nous sommes également dans des discussions avancées avec le gouvernement au niveau du projet de l’électrification rurale. Ce projet avec l’appui du ministère permettra l’approvisionnement en électricité dans plusieurs localités reculées en Mauritanie.
Nous assistons à l’annonce de plusieurs projets d’hydrogène vert à travers le monde. Quelles en sont les implications pour votre projet en Mauritanie en termes de mobilisation des financements, de compétitivité économique et d’accès aux marchés ?
Aujourd’hui, le monde entier est en train de se tourner vers les énergies renouvelables dans le cadre de la transition énergétique. CWP développe des projets d’énergie renouvelable depuis 20 ans et compte parmi ses réussites le plus grand projet éolien on-shore en Europe (Fantanele-Cogealac, 600 MW) ainsi que le Sapphire Renewable Energy Hub en Australie, le plus grand projet d’énergie renouvelable hybride (solaire, éolien et batteries) dans le New South Wales. Depuis 2015, CWP a décidé d’investir son expérience et expertise très riches dans des projets à large échelle d’hydrogène vert. Un des projets notables dans cette sphère est le Asian Renewable Energy Hub, en Australie, qui produira de l’hydrogène vert à partir de 26 GW d’électricité verte éolienne et solaire. Le projet AMAN est l’un de nos plus grands projets, plus grand encore que le Asian Renewable Energy Hub.
Considérant que les électrolyseurs sont au cœur du développement de l’hydrogène vert, ne craignez-vous pas un goulot d’étranglement dans leur fabrication dans la perspective d’une explosion de la demande ?
L’électrolyseur est une partie centrale dans la production de l’hydrogène vert, son coût aujourd’hui est certes élevé, mais en train de baisser partout dans le monde. La fabrication de plusieurs modèles d’électrolyseurs va contribuer certainement à la diminution des coûts de production de l’hydrogène. Les producteurs anticipent la hausse de la demande et seront prêts à parvenir aux besoins du marché.
Dans le cadre de la réalisation de votre projet en Mauritanie, envisagez-vous le développement d’une industrie locale dans la chaine d’approvisionnement en composants ?
La vision de CWP est de fabriquer les outils essentiels du projet à partir des industries locales. Cependant, nous sommes conscients que cela demandera un renforcement des capacités locales et une nouvelle éducation de main d’œuvre qualifiée. C’est pourquoi nous sommes en train de préparer notre projet prioritaire d’appui aux petites et moyennes entreprises mauritaniennes afin qu’elles soient à jour à la phase de production.
Pour réussir l’industrialisation, il faut impérativement maîtriser les coûts de production qui dépendent fortement à nos jours du coût de l’énergie. Comment votre projet contribuera-t-il dans l’accélération de cette industrialisation ?
Absolument, le coût de l’électricité a un grand impact sur l’industrialisation. Le développement du secteur industriel est étroitement lié à l’approvisionnement de l’énergie à des coûts favorables. En effet, notre projet va produire de l’énergie à partir des ressources renouvelables dont le coût sera bas grâce à leur abondance – c’est en fonction de la richesse de cette ressource que nous choisissons les régions pour nos projets, entre autres facteurs décisifs.