L’adage dit que l’on ne prête qu’aux riches. C’est ce que mon pote Kouamé répète aussi tous les jours. «La banque te prête un parapluie quand il fait beau et te le retire quand il pleut », lance ce pur spécimen des classes moyennes africaines qui a vu son rêve entrepreneurial brisé par un banquier carré.
En fait, des histoires du genre, j’en entend par milliers. Certains ont perdu la maison acquise à crédit avec un taux variable, une main levée prévue dans 25 ans, une assurance vie, une part payée au noir et, bien entendu, les redoutés et exorbitants frais du notaire. D’autres se sont rendus compte sur le tard que la naissance d’une dette est plus aisée que son extinction. Il y a les nombreuses PME qui ont renoncé à la banque et sont devenues adeptes de l’autofinancement. Mais une fois atteint un certain seuil, ces entreprises sont obligées de passer chez le banquier pour relever le défi du développement.
Mais la plupart de ces individus, figures obséquieuses des classes moyennes africaines, commettent des erreurs fatales en allant chez leur banquier. En voici 10 à ne pas faire.
1- Evitez un business plan copié-collé
Mon gars, le business plan de ton projet, rédige-le à partir de ton intuition et de tes tripes. Or beaucoup de d’entrepreneurs débutants se font confectionner un plan d’affaires avec des graphes et des camemberts par de soi-disants experts moyennant rémunération. Gare à toi car le banquier sent le copié-collé et préfère le risque original au risque copié. Lors de l’entretien, le banquier évalue concrètement les risques de votre projet et votre capacité à l’exécuter. C’est pourquoi il est primordial d’avoir des objectifs clairs dans la tête. Si quelqu’un d’autre pense à votre place, vous serez bloqué à la première question.
-2- Montrer le projet et ne pas trop se montrer
Le banquier est un animal à sang froid. Votre Rollex probablement fausse acquise à Château Rouge, Derb Ghallef, Sandaga, Treichville ou Poto Poto ne l’intéresse pas. Ne la montrez pas trop car votre banquier (s’il est bon ) peut tout de suite déceler le vrai du faux. N’étalez pas non plus tout votre patrimoine et vos avoirs car le banquier serait heureux de les hypothéquer sans forcément réduire le taux de votre prêt.
- 3- Ne se présenter ni comme un riche ni comme un pauvre
Le banquier n’aime pas les pauvres. L’adage de Sam est vrai. Mais si tu veux le convaincre, ne ment surtout pas sur ta condition (le banquier est plus informé que l’agent de police) mais montre lui que tu as du ressort, de la suite dans les idées et, surtout, de l’assurance.
4- Ne pas tomber sur le piège du crédit conso
Et il te l’accordera plus facilement. Car le crédit conso ce n’est pas de l’investissement. C’est de la consommation. Si vous avez déjà acheté votre mouton de Tabaski à crédit, sachez que le banquier va estimer que vous n’êtes pas un entrepreneur mais un mouton à tondre. D’habitude, on accorde facilement ce type de crédit que celui lié a l’investissement..
5- Evitez de parler de vos droits de consommateurs
Face au banquier, il faudra choisir entre faire du droit ou des affaires. Sachez que ces délicats personnages qui gèrent vos dépôts et vous accordent des prêts moyennant un taux sont convaincus d’une chose : le temps c’est de l’argent. Aussi, allez droit au but, soyez clair et concis. Les propos mal exprimés augmentent la pondération du risque.. Si vous évitez ces cinq erreurs, vous obtiendrez votre crédit nécessaire à la réalisation de votre rêve.
6- Évitez le jean et le basket
Bien sûr vous parlerez de Steve Jobs comme contre exemple parfait. Lui il avait un compte bancaire en milliards de dollars et avait donc le droit de créer une tendance. Mais vous, vous cherchez un financement et vous avez intérêt à ne pas être en rupture de code avec les règles vestimentaires. Entre costumes, caftan, boubou et saharienne, choisissez en fonction de vos objectifs. Rien n’est anodin.
7- Leader oui, partition en solo non
Si le banquier vous reçoit seul, insistez quand même sur l’équipe, le rôle et le potentiel de chacun. Évitez de jouer les Hercules et les Rambos, des exemples de concentration de risques. Le “je” et le “moi” traduisent un ego dépensier et peu fiable.
8- Gardez le sourire
Le visage trop crispé, le regard hésitant et les mots entrecoupés sont le signe du stress. C’est naturel dites-vous. Oui, mais c’est ce qui avait fait que Sam n’a jamais obtenu son prêt pour son unité de torréfaction de café.
-9- Gardez la distance
Si vous parlez de votre maquis préféré dés le premier jour, vous avez acquis sans doute un ami mais pas un banquier. Et le banquier ne prête qu’à ses clients et non à ses amis .
10- Venez à l’heure
Arriver en retard chez son banquier c’est quasiment perdre 50% de chances d’obtenir son prêt. Un retard en banque se traduit par un risque accru et des pénalités.