Le Franc CFA meilleur que le Cedi et le Naira mais moins performant comparé au Dinar Algérien et au Rand Sud-africain.
Le Franc CFA [658,23 unités pour 1USD] s’est érodé de 11% par rapport au dollar depuis le début de l’année, entraîné par l’affaiblissement de l’euro. La plupart des devises des émergents ont subi des dépréciations spectaculaires, souligne une analyse de Marcelo Estevâo, Directeur mondial, Macroéconomie, Commerce et Investissement à la Banque Mondiale consacrée aux répercussions du dollar fort sur les marchés émergents.
Ainsi, si la parité fixe avec l’euro est toujours de mise, la fluctuation de la monnaie des 14 pays de la zone Franc par rapport au billet vert est une réalité obérée. Déjà alourdis par les conséquences de la riposte anti-Covid-19, les services de la dette constituent le poste le plus impacté par ces fluctuations. L’effet Tequila du nom de la crise mexicaine des années 90 est plus que jamais à craindre sur les psys émergents.Les remboursements desdites dettes étant libellés en dollar, le taux de change va peser sur les budgets des Etats.
Même s’il s’agit de sa baisse la plus importante en vingt ans, le Franc CFA a un sort bien meilleur que la monnaie de nombre de pays émergents et africains à l’instar du Naira et du Cédi qui ont cédé entre 20 et 40% depuis janvier. Ainsi, la Roupie Srilankaise a perdu 80% de sa valeur depuis le début de l’année contre -35% pour la livre turque et -34% pour la Hryvnia ukrainienne. A l’inverse, des monnaies ont fait mieux que le Franc CFA. Cas du Dinar Algérie qui a limité sa baisse à -5% depuis le début de l’année, dans la même proportion que le Rand Sud-africain (-5%).
Les relèvements de taux décidés par la FED vont favoriser un appel d’air des capitaux vers la zone Dollar. «Les investisseurs abandonnent leurs positions en Europe, dans les pays émergents et ailleurs, ils cherchent refuge dans les actifs libellés en dollars américains et, évidemment, ils ont besoin de dollars pour les acheter», opine l’expert de la Banque Mondiale cité ci-haut.
Le Financial Times, citant des données de l’Institute of International Finance, estime que « les investisseurs étrangers ont retiré leurs fonds des marchés émergents pendant cinq mois consécutifs, ce qui constitue la plus longue série de retraits jamais enregistrée ». Ce sont là des capitaux d’investissement essentiels qui quittent les marchés émergents pour se mettre en sécurité.
En clair, la FED oblige les banques centrales des pays africains et emergents à relever leurs taux pour rester compétitifs. Reste qu’un tel mouvement renchérit les prêts à l’économie et freine la reprise économique. Un dilemme au goût de la Tequila.