Le classement des 30 banques à plus fort impact régional paru dans l’édition Juillet-août de Financial Afrik met en avant le total bilan et la capitalisation boursière, deux grandeurs différentes. Tandis que le total bilan quantifie les volumes de toutes les activités de la banque, la capitalisation boursière reste, à notre sens, l’opinion du marché, tantôt en hausse, alourdie par la promesse des dividendes, ou en baisse, impactée par la peur de la contre- performance. Contrairement aux autres éditions due ce classement qui donnaient la part belle aux indicateurs de rentabilité et au réseau des agences physiques, ce cru 2022 offre une confrontation inédite entre la quantité exprimée par le bilan et la qualité résumée par le cours de l’action. C’est le cas de le dire, autant la Standard Bank, première de ce classement, reste soumise à la surveillance des investisseurs intervenant à la Johannesburg Stock Exchange (JSE), autant la National Bank Égypt, étonnante deuxième, évolue dans l’angle mort du marché, hors cote, loin des standards de transparence que dicte la modernité.
La mastodonte égyptienne brûle la politesse à First Rand, à Absa et à Nedbank, géants sud-africains en expansion en Afrique Australe mais encore peu à l’aise dans les autres zones du continent. En attendant l’ouverture tant annoncée mais toujours reportée des secteurs bancaires de l’Algérie, de l’Angola et de l’Ethiopie, ce classement offre une confrontation toujours intéressante entre le leader sud-africain et les challengers marocain et nigérian. Le Kenya fait office de juge de paix. En Afrique Centrale, la BGFI Bank et Afriland First Bank poursuivent leurs développements mais doivent selon le consensus des experts consultés pour les besoins de ce classement, augmenter la cadence. En Afrique de l’Ouest, Coris Bank International est la banque à suivre avec un bilan sain et un coût du risque maîtrisé. La Banque de Idrissa Nassa est l’une des institutions bancaires cotées les plus rentables en Afrique de l’Ouest.
Pour sûr, la zone UEMOA s’apprête à vivre des bouleversements importants avec le départ de certaines enseignes internationales (BNP Paribas, Standard Chartered) et la volonté de l’Etat de Côte d’Ivoire de se doter d’un grand pôle bancaire à travers la BNI et les institutions de prévoyance (CGRAE et CNPS).
L’avenir des banques : le poids ne fera plus la valeur ?
Du reste, ce classement 2022 intervient avec une certaine coïncidence. Il y a quelques jours, Western Union nous déposait un colis à notre bureau de Dakar. Dés le colis ouvert, l’on est freiné par ces lettres énigmatiques “ceci n’est pas un Livre”. C’en était pourtant un mais différent des autres. “Ceci est un mouvement” lit-on en continuant de dérouler l’enveloppe. “C’est une révolution”. Puis, sur la quatrième de couverture, cette invite bien British: “Nous rejoindrez-vous ? ”
L’auteur de ce recueil d’expertise est la société “Backbase”, fournisseur londonien de solutions bancaires. Dans ce livre écrit avec art et selon les codes cognitifs du nouveau monde, celui des réseaux sociaux, il est dit sans détour que les banques doivent migrer vers l’ère des plateformes interactives où le client peut accéder à son compte depuis son sofa et en même temps accéder à divers services annexes dont il pourrait avoir besoin. Pour les auteurs de cet ouvrage, l’ère des banques en mode silo est terminé. Le produit ou service bancaire doit être une architecture ouverte facilement intégrable dans d’autres univers comme les consoles de jeu, les supermarchés virtuels. Les banques doivent être un peu comme l’application Spotify de partage de musique facile d’usage et sans stress pour le client. Pour arriver à cet état de banque digitale et agile, les révolutions seront plus mentales que digitales dans un continent africain où le taux de bancarisation a toujours stagné en deçà des 15%. Il faut dire que le