L’équation climat-développement interpelle l’ensemble du Sahel. La résoudre nécessite «accélération de la croissance et adaptation climatique». Ousmane Diagana en est, plus que jamais, convaincu. «Les pays du Sahel doivent accélérer la croissance et prioriser l’adaptation climatique » ; et ce, « pour mieux faire face à la crise climatique et à l’insécurité alimentaire ».
C’est ainsi que le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et centrale résume le rapport national sur le climat et le développement (CCDR, en anglais), récemment publié par le Groupe de la Banque mondiale pour les pays du G5 Sahel.
L’enjeu est de taille : «quelque 13,5 millions de personnes supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté à travers la sous-région d’ici 2050 ». Pour cause : « les chocs liés au changement climatique », pointe Diagana du doigt. Ce qui oblige à une action concrète et des mesures urgentes en matière d’adaptation, notamment au niveau des trois pays du G5 les plus vulnérables au fléau : le Niger, le Mali et le Tchad, dont « la capacité d’adaptation est fortement limitée par la pauvreté et la fragilité », stipule ledit rapport.
Il est un secret de polichinelle que depuis plusieurs décennies, le changement climatique persiste dans cette zone. Pire, il affecte sévèrement les populations. Ainsi, Ousmane Diagana tire la sonnette d’alarme : « le changement climatique remet, constamment, en cause les gains de développement durement acquis ». Et d’augmenter : «L’analyse indique que le changement climatique renforce les cycles de pauvreté, de fragilité, et de vulnérabilité dans le Sahel ». Autrement dit, « avec une population qui devrait doubler au cours des 20 prochaines années pour atteindre 160 millions de personnes, les pays du Sahel doivent accélérer leur croissance et prioriser l’adaptation climatique s’ils veulent concrétiser le dividende démographique et mettre la région sur la voie d’une croissance durable et inclusive. », conclut-il.
Les chiffres inquiètent mais…
Le rapport national sur le climat et le développement rendu publique par le Groupe de la banque mondiale est riche en matière de statistiques. Les chiffres qu’il nous apportent sont inquiétants. Et pourtant, les efforts déployés par certains États démontrent que tout est encore jouable. « Les émissions combinées des pays du G5 Sahel ne dépassent pas 1 % des émissions globales de gaz à effet de serre et ces cinq pays se sont engagés à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 », précise un communiqué de la banque. Un engagement qui mérite l’implication de tous les acteurs. Si le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad ont pris l’engagement de stopper et d’inverser la déforestation et la dégradation des terres d’ici 2030, d’autres pays doivent intégrer cette synergie porteuse aux yeux des responsables de la banque. Surtout que le financement est accessible. Il est même estimé pour les pays du G5 Sahel à quelques 30 milliards de dollars.
Soutien de la Banque Mondiale
Le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et centrale déclare qu’« au cours des trois dernières années, le Groupe de la Banque mondiale a fourni un niveau de financement record aux pays du G5 Sahel dans le cadre de sa stratégie d’aide aux pays affecté par la fragilité, les conflits et la violence. Ente autres, les financements de l’Association internationale de développement (IDA) restent les plus élevés avec 8,9 milliards de dollars sur la période.
Tout est encore jouable pour Clara de Sousa. Directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad, elle ne cache pas, non plus, son enthousiasme : « Ce rapport fournit une feuille de route pour aider les pays à accélérer les réformes et les investissements afin de diversifier leurs économies et les rendre plus résilientes et plus inclusives ». Pour elle, la récente copie propose des démarches et solutions plus adaptables et facilement réalisable . Mais comment ? « Reverdir le Sahel en restaurant les terres dégradées et stimulant les opportunités économiques pour les communautés, par le biais de programmes tel que l’initiative de la Grande muraille verte. », conseille-t-elle.
En parallèle, Sousa appelle, d’une part, à atténuer l’impact de cette crise et, d’autre part, à aider le secteur agricole à développer sa résilience climatique à moyen terme ». Pour ce faire, il suffit « d’étendre les programmes de protection sociale et les initiatives en faveur des paysages agricoles pour adopter de meilleures pratiques de gestion des ressources et accroître l’usage des technologies adaptives ». Le constat est motivant puisque « les cinq pays concernés directement par le projet développent actuellement des systèmes de protection sociale adaptative permettant d’offrir régulièrement des transferts monétaires et des services aux ménages les plus pauvres et les plus vulnérables, afin de leur permettre de s’adapter et de faire face aux chocs climatiques à venir », surenchérit le rapport.
Une vision que partage Ousmane Diagana qui cerne les recommandations dans cinq domaines ou secteurs spécifiques, à savoir « les institutions, le financement climatique et l’atténuation des risques, l’énergie, la gestion des paysages et les villes ».