Bank Al-Maghrib relève son taux directeur à 2%.
Dans une réunion marathon tenue ce mardi 27 septembre, le Conseil de la Banque du Maroc tire les leçons de l’accélération de l’inflation en décidant de relever le taux directeur de la Banque centrale de 50 points de base. Celui-ci se situe désormais à 2%. L’Institut d’émission acte par ailleurs le ralentissement de l’activité économique. La croissance s’établirait à « seulement » 0,8% cette année avant de rebondir à 3,6% en 2023.
Bank Al-Maghrib table désormais sur un taux d’inflation à 6,3% sur l’ensemble de l’année, contre 1,4% en 2021, avant de revenir à 2,4% en 2023. Portée par la hausse des prix des produits alimentaires qui y sont inclus, sa composante sous-jacente passerait de 1,7% à 6,3% en 2022 puis décélérerait à 2,5% en 2023.
Pour prévenir tout désancrage des anticipations d’inflation et assurer les conditions d’un retour rapide à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix, le Conseil a décidé de relever le taux directeur de 50 points de base à 2% tout en continuant à suivre de près la conjoncture économique, aux niveaux national et international, et en particulier l’évolution des pressions inflationnistes, indique le communiqué de Bank Al-Maghrib.
La croissance marquerait, selon les projections de la Banque centrale, un net ralentissement cette année à 0,8%, résultat d’un recul de 14,7% du PIB agricole et d’une décélération à 3,4% du rythme des activités non agricoles. En 2023, elle s’accélérerait à 3,6% en lien avec la hausse prévue de 11,9% de la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’un retour à une production céréalière moyenne de 75 millions de quintaux. Le PIB non agricole continuerait en revanche de ralentir, son rythme devant revenir à 2,5%.
Sur le plan des comptes extérieurs, la dynamique des échanges devrait se poursuivre cette année avec une hausse des exportations de 34%, tirée essentiellement par les ventes du phosphate et dérivés qui atteindraient 144,5 milliards de dirhams et celles du secteur automobile qui se situeraient à près de 100 milliards. En 2023, un recul des exportations de 1,1% serait enregistré, avec la baisse relative des cours du phosphate et dérivés. En parallèle, les importations ressortiraient en progression de 34,5% en 2022, sous l’effet de l’alourdissement de la facture énergétique à 135,1 3 milliards de dirhams et de l’accroissement des achats des demi-produits à 167 milliards.
En 2023, elles diminueraient de 4,6%, en lien principalement avec les replis prévus des cours des produits pétroliers et des approvisionnements en blé. Bénéficiant, pour leur part, de la réouverture des frontières et de la régression notable de la pandémie au niveau mondial, les recettes voyages connaitraient une nette amélioration à 79,8 milliards de dirhams cette année et se stabiliseraient à ce niveau en 2023. Tenant compte des performances enregistrées depuis le début de l’année, les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) devraient continuer de progresser pour totaliser près de 100 milliards de dirhams sur l’ensemble de l’année avant de revenir à 92,4 milliards en 2023. Dans ces conditions, le déficit du compte courant se situerait à l’équivalent de 3,2% du PIB en 2022 avant de s’alléger à 1,9% en 2023.
Concernant les IDE, les recettes avoisineraient l’équivalent de 3,2% du PIB annuellement sur les deux prochaines années. Au total, et sous l’hypothèse notamment de la concrétisation des levées des financements extérieurs par le Trésor, les avoirs réserves de change s’établiraient à 343,7 milliards de dirhams à fin 2022 et à 360,7 milliards à fin 2023, assurant ainsi une couverture autour de 6 mois d’importations de biens et services.
Pour ce qui est des conditions monétaires, la forte appréciation du dollar vis-à-vis de l’euro, induite notamment par la divergence des rythmes de resserrement des politiques monétaires de la FED et de la BCE, se reflète sur le taux de change effectif nominal du dirham. Après une hausse de 2,1% en 2021, ce dernier devrait enregistrer une légère baisse sur l’ensemble de l’année avant de s’apprécier de 1,7% en 2023. Tenant compte des niveaux d’inflation domestique inférieurs à ceux des pays partenaires et concurrents, ce taux ressortirait en dépréciation en termes réels de 1,8% en 2022 avant de s’apprécier de 0,4% en 2023.
Sur le même registre, les évaluations trimestrielles réalisées par Bank Al-Maghrib continuent de montrer l’absence de signes de désalignement du dirham par rapport aux fondamentaux de l’économie nationale. Quant aux taux débiteurs, ils ont connu une quasi-stabilité au deuxième trimestre de 2022 recouvrant notamment un recul de 18 points de base pour les crédits à la consommation ainsi que des hausses de 29 pb pour ceux à l’équipement et de 30 pb pour les prêts immobiliers destinés aux entreprises. S’agissant du besoin de liquidité des banques, il se creuserait à 85,1 milliards de dirhams à fin 2022 et à 89,6 milliards à fin 2023. Concernant le crédit bancaire au secteur non financier, il devrait augmenter de 4% en 2022 et de 3,6% en 2023.
ENCADRE
Le déficit budgétaire à 5,5% du PIB
Au niveau des finances publiques, l’exécution budgétaire au titre des huit premiers mois de l’année fait ressortir une amélioration de 24,5% des recettes ordinaires portée principalement par l’augmentation des rentrées fiscales. En parallèle, les dépenses globales se sont alourdies de 13,1% reflétant en particulier la hausse de la charge de compensation. Tenant compte notamment de la progression attendue des recettes fiscales, de la mobilisation des ressources au titre des financements spécifiques ainsi que de l’évolution prévue de la charge de compensation, le déficit budgétaire devrait, selon les projections de Bank Al-Maghrib, passer de 5,9% du PIB en 2021 à 5,5% en 2022 avant de s’atténuer à 5% en 2023