À peine un an après sa dernière levée de fonds de 2 millions de dollars, Julaya vient de sécuriser 5 millions de dollars d’investissements. Financial Afrik a échangé avec son Country Manager au Sénégal, Olivier Houben, qui évoque, entre autres, les projets de la fintech et le développement du secteur.
Votre fintech vient de sécuriser 5 millions de dollars d’investissements après avoir levé 2 millions de dollars l’an dernier. Concrètement, qu’est-ce que Julaya apporte aux PMEs d’Afrique de l’ouest ?
Julaya est une fintech qui permet de faciliter les paiements des petites et moyennes entreprises, des grandes entreprises et des institutions au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Nous proposons une plateforme web qui permet d’effectuer des transferts de masse vers tous les portefeuilles Mobile Money et des virements bancaires. Cette année, nous avons lancé les cartes bancaires prépayées physiques et virtuelles adaptées aux dépenses professionnelles avec nos partenaires Mansa Bank et Mastercard. Depuis peu, nous proposons un service de digitalisation des encaissements en espèces qui aide les entreprises, particulièrement celles du secteur agricole et des produits de grande consommation, à effectuer des encaissements rapides et sécurisés. Concrètement, nos solutions permettent aujourd’hui à plus de 500 entreprises de payer leurs salariés, fournisseurs et partenaires non bancarisés, de sécuriser leurs paiements et encaissements, d’avoir une traçabilité de leurs transactions, de faciliter leurs dépenses professionnels (voyages, paiements en ligne…) et surtout d’améliorer leur efficacité opérationnelle. Et bientôt, nous proposerons des prêts en partenariat avec notre banque sponsor.
La sous-région ouest africaine et le continent en général connaît un réel développement des start-up et des fintech en particulier. Pensez-vous que c’est une tendance durable, et comment Julaya se positionne pour participer à ce dynamisme de croissance économique pour les États et les populations ?
Le marché mondial des fintech connaît une croissance rapide et devrait atteindre près de 700 milliards de dollars d’ici 2030. En Afrique, d’après un récent rapport de McKinsey d’août 2022, le marché des fintech pourrait atteindre les 30 milliards de dollars d’ici 2025 et la zone Afrique de l’ouest est celle qui a la croissance la plus rapide. Les fintech ont des perspectives de développement intéressantes en raison de plusieurs tendances de fond en Afrique de l’ouest comme l’augmentation du nombre de smartphones, l’adoption du mobile money et donc l’accès à des services financiers, l’extension de la couverture réseau, la population jeune et urbaine en pleine croissance. La pandémie de Covid-19 a accéléré ces tendances existantes en matière de digitalisation. Le fait que les fintech affectent chaque industrie est aussi l’une des nombreuses raisons pour lesquelles elles connaissent une forte traction. Les solutions de Julaya répondent aux défis de la croissance économique de la région ouest-africaine en permettant aux entreprises l’accès à des solutions de gestion des transactions efficaces et sécurisées, la réduction de la dépendance aux espèces et l’inclusion financière aux populations non bancarisées. Nous sommes ravis de participer à cette transformation qui crée une nouvelle donne pour les entreprises et les populations.
Vous avez décidé de consacrer les fonds levés à l’expansion de Julaya dans trois nouveaux pays à savoir le Bénin, le Togo et le Burkina Faso. Qu’est-ce qui justifie ces choix ?
Effectivement, nous avons prévu de déployer les services de Julaya au Bénin, au Togo et au Burkina Faso qui enregistrent une croissance économique respectivement de 6,6%, 5,3% et 8,5% en 2021. Ce sont des pays évidents dans les prochaines étapes de l’expansion de Julaya car membres de la zone UEMOA avec plusieurs caractéristiques structurelles similaires aux pays dans lesquels nous sommes déjà implantés (la Côte d’Ivoire depuis fin 2018 et le Sénégal depuis fin 2021) : une intégration économique et monétaire (une monnaie commune, une Banque Centrale commune…) et une intégration juridique (OHADA). Aussi, nous pouvons nous y déployer avec des partenaires et des technologies que nous connaissons, les habitudes des entreprises bien que différentes partagent de nombreuses similarités.
Quelles sont vos ambitions dans les 5 voire 10 prochaines années ?
Nous voulons impacter durablement la digitalisation des entreprises sur toute la gamme de produits financiers : du paiement au crédit. Notre entreprise défend et porte des valeurs d’esprit d’équipe, de coopération, de combativité et de résilience, ce pourquoi nous sommes fiers d’accueillir Edouard Mendy, élu meilleur gardien du monde en 2021 par la FIFA et champion d’Afrique 2022 avec la sélection sénégalaise, comme investisseur et sponsor de la marque sur nos marchés. Nous souhaitons devenir plus qu’un partenaire digital pour les entreprises en Afrique de l’ouest : notre ambition est de contribuer à la croissance durable du continent notamment dans le cadre sensible et primordial de la transition énergétique. Ainsi, nous avons également lancé des pilotes de financement d’actifs dans l’électro-mobilité (véhicules électriques) pour nos entreprises clientes, notamment pour le secteur de la logistique.