Hier en début de semaine, le président russe Vladimir Poutine arborait une mine glaciale à la sortie d’un briefing avec les responsables des services de renseignement, les généraux en charge de l’opération spéciale en Ukraine et, surtout, les responsables de Gazprom. Ces derniers confirmeront la terrible nouvelle : lea prix du gaz s’est effondré de 80% sur le marché spot par rapport au pic du mois d’août. Moscou qui ne décolérait pas à propos du programme européen de plafonnement des prix n’avait pas vu que ce projet n’était qu’un leurre “à la dimension du débarquement de Normandie”, souffle un stratège, destiné à détourner son attention de l’augmentation rapide des stock européens et du très sophistiqué système de solidarité énergétique mis en place entre la France et l’Allemagne et, au delà, devant s’étendre à tous les pays de l’UE.
Les cours devront encore s’effondrer à voir le long corridor des méthaniers faisant cap vers l’Europe. Les services russes qui comptaient sur l’arrivée de l’hiver pour augmenter la pression sur le vieux continent doivent chercher d’autres alternatives. Face à ce retournement de situation, le chancelier allemand Olaf Scholz penserait accélérer le plan de désengagement du gaz russe. Le sabotage de Nord Stream dont les auteurs ne sont toujours pas connus impose cette donne. Maintenant que les prix de gaz sont plus bas qu’avant février 2022, la question est de savoir comment la Russie, mise en échec en Ukraine, arrivera-t-elle à reconstituer sont matelas de devises ? Les chiffres sont éloquents.
Sur les neuf premiers mois de l’année, l’excédent courant de la Russie a atteint 200 milliards de dollars alors qu’entre 2007 et 2021, il s’élevait en moyenne à 50 milliards de dollars sur la même période, selon les calculs de Robin Brooks, chef économiste de l’Institut international de la finance (IIF), cité par Les Échos. Mais dans l’ensemble, l’économie russe se porte mieux que prévu. Alors que le FMI prévoyait au printemps une chute de 8,5 % du PIB du pays en 2022, l’institution ne table plus que sur une baisse de 3,4 %.