Le hedge fund Obara Capital, basé à Maurice et très actif au Bénin et en Côte d’Ivoire, se félicite ainsi d’avoir, en s’appuyant sur les marchés internationaux, “mobilisé une expertise africaine aux côtés du management de Kineden” pour offrir “à un champion agro-industriel ivoirien” les moyens de ses ambitions.
Conseillé par Obara Capital, le hedge fund fondé par le financier béninois Bernard Ayitee, passé notamment par BNP Paribas, Kineden Commodities, le négociant ivoirien de cacao durable, vient d’annoncer avoir obtenu un financement syndiqué de 40 millions € auprès d’un pool de banques internationales. Un syndicat mené par EBI, la filiale française du groupe bancaire panafricain Ecobank, et Chaabi Bank, filiale également française du Marocain Banque Centrale Populaire (BCP).
En 18 mois, c’est le troisième deal sur lequel Obara Capital a été mandaté par le négociant ivoirien; Les deux premiers – 4,5 millions € et 8,5 millions € – ont servi à financer les dernières campagnes cacaoyères. Kineden exporte chaque année plus de 50 000 tonnes vers les marchés de l’Union européenne où les nouvelles exigences interdisent l’importation des produits issus de la déforestation.
La nouvelle facilité devrait permettre à l’entreprise d’assurer “une partie de ses besoins de financement” sur les trois prochaines saisons, la campagne qui vient de s’ouvrir, y compris. Une enveloppe de 12,5 millions € devrait d’ailleurs être débloquée pour financer la nouvelle campagne lancée début octobre, alors que le négociant tente de consolider ses acquis dans le cacao durable et affiche de nouvelles ambitions. Elle pense notamment à la diversification. La transformation sur place de la noix de cajou et le négoce de noix de cajou en ligne de mire.
“Grâce à cette capacité à lever des financements supplémentaires, Kineden pourra se lancer dans la transformation locale du cacao et accélérer le négoce d’autres matières premières agricoles, notamment la noix de cajou”, souligne un communiqué conjoint de l’entreprise ivoirienne et d’Obara Capital.
La “banque d’affaires” lancée en 2018 par l’ancien VP en charge des fusions et acquisitions chez le géant français BNP Paribas n’est pas à son premier coup. Obara Capital qui se revendique, premier hedge fund en Afrique, s’est illustré l’an dernier au côté de la Sodeco, première égreneuse de coton en Afrique. Entre 2019 et 2021, le conseiller en levées de fonds a réussi à accompagner la société béninoise à lever près de 200 millions € auprès de banques internationales de premier plan, notamment Natixis.
Bras de fer
Ce financement intervient dans un contexte d’incertitudes croissantes dans le secteur cacaoyer à l’échelle mondiale. Situation marquée par un bras de fer depuis 2019 entre, d’une part le tandem Côte d’Ivoire-Ghana, qui représente à lui seul près de 70% de la production de l’or brun, et l’industrie chocolatière mondiale.
Les deux pays ouest-africain qui ont créé une alliance dénommée “l’opep du Cacao”, militent pour faire entendre leur voix, afin, insistent-ils, de « réhabiliter » la place des cacaoculteurs dans la chaîne de valeur. Selon la Banque mondiale, en Côte d’Ivoire par exemple, plus de la moitié des planteurs vivent sous le seuil de pauvreté. Ces derniers pourtant, maillon essentiel de la chaîne, ne perçoivent que moins de 6% des 130 milliards $ de revenus que génère la filière chaque année. Une situation que les deux pays s’acharnent à corriger. David contre Goliath! Face à la puissante industrie chocolatière, Abidjan et Accra font désormais front commun pour faire accepter définitivement aux industriels le différentiel de revenu décent (DRD) sur le prix du cacao. Un mécanisme qui consiste à verser aux producteurs sur chaque tonne de cacao vendue à l’exportation une prime de 400 $, qui vient s’ajouter au prix de vente normal. Une bataille loin d’être gagnée.