Par Henry Wazne, Administrateur et Directeur Général de la Sofibanque.
Le développement des infrastructures des territoires ruraux de la RDC se fera avec l’appui du secteur privé. Les banques ont un rôle incontournable à tenir dans sa réussite notamment via l’inclusion financière des régions concernées.
Pays au sous-sol riche, doté d’une jeunesse dynamique et d’une population résiliente, la République Démocratique du Congo est sans doute l’un des États qui participera le plus fortement à la transformation du continent africain au cours du 21ème siècle.
Pourtant, le pays doit encore faire face à de nombreux défis en matière de développement. Le premier de ces défis porte sur les fortes disparités entre les villes et les territoires ruraux, notamment en matière de revenus et de conditions de vie, de qualité des infrastructures ou encore du niveau d’accès aux services essentiels. Pour pallier cette situation, le Gouvernement a déployé l’emblématique Programme des 145 territoires, visant par exemple à renforcer l’accès à l’eau potable, à l’électricité ou encore à favoriser la création d’emplois pour les populations en milieu rural et périurbain.
Acteur économique centrale, le secteur bancaire devra assumer sa part de responsabilité, en collaboration avec les acteurs privés congolais, pour répondre à l’ensemble de ces enjeux et contribuer à la réussite du projet porté par l’État RD Congolais.
Des infrastructures à financer et à développer
Le montant estimé du Programme des 145 territoires de 1,66 milliards USD dépend essentiellement des ressources du Gouvernement de la République Démocratique du Congo. Bien que conséquent par rapport au budget annuel de l’État (9,9 milliards USD pour 2022), ce montant est insuffisant, et des ressources supplémentaires doivent être également mobilisées auprès des investisseurs locaux et internationaux. L’État ne doit pas être le seul à porter le fardeau du développement territorial, le secteur privé peut également y contribuer notamment dans le cadre de partenariats public-privés.
Aussi, ce dont a véritablement besoin la RDC c’est d’un appel d’air massif en faveur de l’apport de capitaux comme le Gouvernement l’avait identifié dans le cadre de sa réforme visant à améliorer le climat des affaires dans le pays à travers différentes mesures favorisant les simplifications administratives pour les entreprises.
Ces apports en capitaux nouveaux pourraient permettre la réalisation de projets. Parmi ceux-ci : le Grand Barrage Inga III, dont le coût total est estimé à 80 milliards de dollars et dont la finalisation aurait un impact important dans le développement de la RDC et de ses voisins, en permettant de répondre aux besoins énergétiques de près de 40% du continent africain.
Des partenariats qui vont dans le sens du Programme des 145 territoires peuvent aussi se construire entre acteurs privés. À Kinshasa par exemple, la Sofibanque, la compagnie Epanayo et le cimentier PPC Barnet, collaborent pour permettre la construction de logements abordables répondant aux meilleures normes internationales à destination de la population kinoise dans une première phase.
Maillage du territoire et inclusion financière
En parallèle, le développement des infrastructures de transport sera également un point cardinal de la réussite de ce programme. La connectivité entre les différents territoires du pays, via la construction de nouveaux axes (terrestre, aérien, fluviaux) ou la consolidation des voies existantes, permettrait de renforcer la présence des banques dans les zones les plus reculées du pays.
Un bon maillage du territoire avec la présence de solides infrastructures dans l’ensemble de la RDC, participerait donc fortement à la capacité du secteur bancaire de s’implanter auprès des communautés locales afin de leur proposer des services et produits financiers ciblés et adaptés à leurs besoins.
Ainsi, les banques ont déjà développé des outils efficaces, notamment à travers la digitalisation de leurs services, qui leur permettent d’atteindre en partie les populations qui se trouvent en zone rurale ayant accès à une connexion internet ou bien à un smartphone. Mais cette situation n’est pas satisfaisante si nous avons pour objectif de bancariser une grande partie des populations concernées. L’inclusion financière des zones les plus reculées du pays se fera uniquement si elle est liée à la mise en œuvre des infrastructures de base partout en République Démocratique du Congo.