L’information est à la une de la presse économique et financière depuis la mi-novembre 2022. Caterpillar Afrique, fournisseur d’équipements de BTP en Afrique de l’Ouest et Centrale, rejoint le giron d’un consortium conduit par Jean-Luc Konan, le fondateur du groupe de mésofinance Cofina, un serial entrepreneur qui a encore beaucoup d’appétit. Dans cet entretien exclusif, le tout nouveau concessionnaire Caterpillar en Afrique, par ailleurs PDG du Groupe COFINA, nous partage les détails de cette opération de grande envergure.
Cette vente ne concerne pas COFINA mais plutôt l’homme, Jean-Luc Konan, et un consortium dont vous êtes le chef de file. Quelle est la composition de ce consortium ?
Dans ce consortium, j’ai comme partenaires financiers des institutions bancaires locales et internationales (pool arrangé par MCB Financial Advisers et Société Générale) et un Dealer Caterpillar doté d’une solide expérience et d’une expertise technique avérée.
Comment vous êtes-vous retrouvé à la tête de ce consortium ?
C’est une opportunité qui est venue à moi et que j’ai saisie. Je correspondais aux critères de choix du nouveau concessionnaire, à savoir être un entrepreneur avec un fort ancrage sur le continent, auteur d’une success story dans la zone, avec une bonne implantation dans les pays de présence, et doté d’une bonne réputation dans la région. Suite à ce long processus, les discussions avec JA Delmas ont été entamées. L’envergure du projet nous a poussé à chercher des partenaires avec lesquels nous avons associé nos différentes expertises marché, financière et technique du métier.
Qu’est-ce qui vous a motivé pour que vous vous engagiez dans une telle opération ?
Aujourd’hui, c’est une vraie fierté de reprendre la concession d’une marque aussi emblématique que Caterpillar. Plus stratégiquement, cela s’inscrit dans notre vision de créer un groupe financier et industriel de premier rang, mais aussi dans une politique de diversification pour l’entrepreneur que je suis et dont le cœur de métier est la mésofinance. Cette opération nous offre la possibilité de tirer profit de la complémentarité entre les secteurs de la finance, des infrastructures, des mines et de l’énergie.
Nous avons l’opportunité de répondre aux différents besoins dans ces secteurs en pleine croissance, à travers des synergies entre le concessionnaire et le Groupe COFINA, notamment sur les solutions de financement pour nos clients ; ce qui permettra aux PME locales de saisir plus aisément les opportunités d’affaires qui se présenteront à elles. C’est aussi une aventure humaine incroyable et une suite logique de notre participation au développement économique de l’Afrique, à travers le rapprochement des centres décisionnels des zones d’opérations, la participation à l’industrialisation et au développement économique de nos pays. Nous voulons bâtir un modèle économique pour les 100 ans à venir en posant les premiers jalons, en professionnalisant un secteur à travers l’investissement dans la formation et en préparant le terrain pour les générations futures.
Pouvez-vous revenir sur le déroulement de cette transaction ? Depuis quand travaillez-vous sur ce projet ?
C’est un processus qui a duré trois (03) ans, de la sélection du potentiel concessionnaire au processus d’acquisition, en passant par la structuration de la transaction.
Quel est le montant de la Transaction et le périmètre de cession des activités du concessionnaire de Caterpillar ?
Je peux juste vous dire que c’est l’une des transactions les plus importantes dans la zone subsaharienne francophone ces dernières années. Les pays concernés sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Gambie, la Guinée, la Guinée Bissau, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Togo.
Comment l’opération a-t-elle été financée ? Quelle est la part de la dette et la part de l’équity ?
Il y a eu un mix d’apports en capitaux propres et en dettes senior, tout en respectant les bonnes pratiques des ratios d’endettement.
Au-delà de la cession, qu’apporte le financier que vous êtes à la représentation Caterpillar dans les pays concernés ? Vous avez parlé de synergies possibles avec le Groupe COFINA. Qu’en est-il exactement ?
En tant que financier nous comptons apporter des solutions de financement innovantes aux PMEs et entrepreneurs de nos secteurs de prédilection pour qu’ils puissent être encore plus compétitifs. A travers des synergies d’actions, nous apporterons un vrai soutien aux « méso-entrepreneurs » du secteur.
Quels sont vos objectifs stratégiques à moyen terme ?
Nous nous inscrivons dans la continuité avec un management qui reste en place et nous avons un plan de transition sur les cinq (05) prochaines années.Nous avons des objectifs ambitieux sur le développement du service et c’est pour cela que nous investissons dans des infrastructures aux standards internationaux dont un centre de reconditionnement des composants et une académie de formation des techniciens certifiés. Nous comptons mettre un accent particulier sur la digitalisation de l’activité avec l’e-commerce et la connectivité des équipements. La RSE est également un sujet qui nous tient à cœur et qui devient de plus en plus important pour nos clients.
Devrait-on s’attendre à une fusion possible entre les entités (Groupe COFINA et l’entité qui gère ce Réseau) ?
Non, car il s’agit de deux entités totalement autonomes, avec des gouvernances et actionnariats différents. Nous allons uniquement exploiter les synergies et complémentarités possibles.
Comment allez-vous allier vos fonctions dans les deux entités ?
Au niveau du Groupe COFINA, je suis PDG et je m’appuie sur un Comité de Direction expérimenté, qui m’accompagne depuis près d’une décennie. Ma fonction est plus stratégique et tactique qu’opérationnelle. Au niveau de la concession, j’occupe le poste de Président du Conseil d’Administration et de « Dealer principal » nommé par Caterpillar. C’est un rôle stratégique et le management en place m’accompagnera sur cette mission.