Par Brahim Ould M’Bareck, président de TMLSA
Deux ans après avoir initié son plan de relance économique, la Mauritanie demeure tributaire des revenus de son secteur extractif, le secteur minier représentant à lui seul environ 30 % des revenus de l’État. D’où les efforts redoublés du gouvernement qui entend optimiser les recettes que le pays tire de l’exploitation de ses ressources et valoriser les opérateurs, a fortiori lorsqu’ils jouent le jeu de la « mauritanisation » et du transfert de compétences.
Dans l’intervalle, les lignes ont bougé dans le secteur extractif grâce à une double dynamique économique et réglementaire. Tout d’abord avec la création en décembre 2020 de l’Agence pour la promotion des investissements en Mauritanie (APIM) afin de drainer davantage d’IDE, ce qui lui a d’ores et déjà permis de délivrer une quarantaine de certificats d’investissement. De son côté, le Haut Conseil de l’investissement, qui rassemble autorités politiques du pays, partenaires techniques et financiers et investisseurs privés pour échanger sur les réformes et moyens à déployer pour améliorer le climat des affaires dans le pays, s’est réuni pour la première fois en septembre dernier. Le PDG de Kinross, Paul Rollinson, dont la filiale TMLSA exploite depuis douze ans la mine d’or de Tasiast, l’une des plus productives du continent, à l’honneur d’y siéger comme membre permanent.
Renforcer la démarche collaborative
Dans cette dynamique, en plus de ces signaux forts envoyés aux investisseurs internationaux, le gouvernement mauritanien œuvre à élaborer sa stratégie de contenu local pour que les activités du secteur extractif profitent au maximum à l’ensemble de la population. Une feuille de route a ainsi été élaborée en juillet 2021, sous-tendue par une même démarche collaborative associant représentants de la société civile, des différents ministères et du secteur privé mauritanien et étranger, dont TMLSA.
Car en plus d’entretenir des relations étroites avec le gouvernement mauritanien, qui a à plusieurs occasions salué l’engagement de l’entreprise pour ses nombreux investissements dans des projets au bénéfice des communautés locales et du développement des énergies vertes, nous pouvons nous targuer de la réussite de notre plan de Mauritanisation. Initié en 2016, il nous a permis d’atteindre en quatre ans les objectifs fixés par le Gouvernement et de compter aujourd’hui plus de 97% de Mauritaniens parmi nos salariés et deux tiers des cadres de l’entreprise, soit plus de 4000 employés directs et indirects. Cette approche, qui nous a également conduit à mettre l’accent sur le transfert de compétences à travers la création d’un Centre de perfectionnement des employés, sera optimisée suite à la publication d’ici la fin de l’année de l’étude commandée début 2022 à la Société Financière Internationale (SFI). Dans ce cadre, le partenariat nous liant au gouvernement a été renforcé, et nous nous sommes engagés à accentuer notre recours aux entreprises locales, dans le sillage de notre stratégie de contenu local.
Faire de la Mauritanie un hub énergétique
Alors que l’Etat multiplie les initiatives en faveur du secteur extractif et renforce le dialogue avec le secteur privé, les projets énergétiques aux perspectives prometteuses se multiplient. À commencer par le champ gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA), au potentiel de 50 000 milliards de pieds cubes de gaz naturel, dont les premières livraisons sont prévues pour 2023, et par la découverte du champ gazier de Bir Allah en 2019, l’un des plus importants dans la sous-région. Sur le front des énergies renouvelables, cette année a été marquée par la signature par l’Australien CWP d’un accord pour poursuivre le développement du projet AMAN d’hydrogène vert, une énergie propre et abordable, pour une capacité de 30GW. Porté par le britannique Chariot et Total Eren, le projet Nour permettra quant à lui de transformer l’électricité produite en hydrogène vert, à raison de 30GWh.
Nous continuons de franchir des étapes importantes pour renforcer notre engagement à lutter contre le changement climatique. Au début de l’année 2022, nous avons présenté notre stratégie en matière de changement climatique, qui définit des objectifs concrets pour notre entreprise, tout en poursuivant notre objectif de devenir une entreprise à zéro émission nette de GES d’ici 2050.
TMLSA soutient ces projets prometteurs, augmentant ainsi la part des énergies renouvelables dans ses activités. Alors que 52 % de l’électricité produite à l’échelle de l’entreprise proviendra de sources renouvelables d’ici 2021, nous sommes à la recherche de nouvelles opportunités pour augmenter cette proportion. Par exemple, le projet solaire de Tasiast a été approuvé pour 34 MW et un système de stockage par batteries de 18 MW. Le projet devrait être opérationnel à la mi-2023 et fournira 20 % de l’énergie consommée sur le site, contribuant ainsi de manière significative (58,5 %) aux objectifs fixés par la Mauritanie lors de la COP26.
Dans ce contexte porteur, reste à fixer un cap et à faire de la question du contenu local une priorité pour tous les acteurs du secteur extractif afin de libérer le potentiel des entreprises mauritaniennes, favoriser le développement économique du pays et en faire un hub énergétique majeur. Le gouvernement et les acteurs privés doivent continuer à collaborer pour la mise en place d’un cadre légal et fiscal permettant aux entreprises locales de gagner en compétitivité afin de pouvoir être pleinement intégrées aux chaînes de valeur.
Le développement de nouvelles opportunités d’affaires induira de nombreuses opportunités d’emploi que tous les acteurs devront accompagner en trouvant les moyens d’accroître l’employabilité des jeunes Mauritaniens. Il permettra en outre aux entreprises locales d’atteindre un niveau de performance qui en fera des partenaires solides aux côtés des investisseurs étrangers dans le secteur.