L’AMF-UEMOA (Autorité du Marché Financier) change de dénomination en gardant intacte sa mission de régulateur du marché financier de l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine), son pouvoir de surveillance des transactions de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) et du Dépositaire Central/Banque de Règlement (DC/BR), sa fonction d’habilitation des intervenants et son rôle d’arbitre sanctionnant les infractions au nom de la protection de l’épargne. Le passage du CREPMF à l’AMF -UEMOA, marqué par un colloque de haut niveau, le 19 janvier 2023, a été l’occasion d’un bilan d’étape par Badanam Patoki, président de l’institution.
De 18 acteurs sur la période 1998-2004 à 261 acteurs sur la phase 2019-2022, le challenge du gendarme financier a beaucoup évolué. Organe autonome depuis 2015, affranchi des subventions des États, l’AMF-UEMOA s’adapte aux mutations d’un marché qui a vu, 25 ans après son démarrage, les transactions passer de quelques milliards à des centaines de milliards de FCFA.
L’introduction de la Bourse en ligne en 2019 illustre de cette volonté d’adaptation perpétuelle d’un marché appelé à aller encore plus dans la collecte de l’épargne populaire. “La poursuite de la modernisation du cadre réglementaire et prudentiel, le renforcement de l’éducation financière, la protection des investisseurs et la communication financière font partie des chantiers actuels du régulateur”, a rappelé M. Patoki.
Si en termes de volumes, le marché obligataire et le marché actions ont bien évolué, avec environ 7 500 milliards de FCFA de Capitalisation boursière et 8000 milliards d’encours obligataire, il va sans dire comme l’a rappelé Assahoré Konan Jacques, directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique, qu’il y a encore d’importantes marges de progression attendue des investisseurs. Au premier rang de ces attentes, figure la demande de maturités longues, la diversification des investisseurs et la réduction du coût de la ressource.
Sur ce lien, la réaction à chaud de Ndeye Khady Cissé, auteure du nouveau logo de l’AMF-UEMOA.
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En attendant, les intervenants se heurtent à la faible animation des compartiments secondaire du marché, ce qui laisse présager d’un risque de contrepartie encore élevé. Intervenant de référence, le Trèsor public de Côte d’Ivoire entend solliciter 3000 milliards de FCFA en 2023.
Le colloque a été marqué par la présence de personnalités de premier rang du monde de l’Economie et des Finances à l’instar de Abdoulaye Diop, président de la Commission de l’UEMOA, qui a présenté l’intégration comme soubassement de la résilience. “La croissance positive de l’UEMOA au moment où des régions d’Afrique et du monde étaient en récession témoignent de la solidité de l’intégration régionale”. Abondant dans le même sens, le gouverneur de la BCEAO, Jean Claude Kassi Brou, est revenu sur l’importance de la maîtrise de l’inflation, gage de protection du pouvoir d’achat des consommateurs et facteur de stabilité. Autant de ratios macroéconomiques qui expliquent l’attractivité de l’Union auprès des investisseurs, opine Serge Ekué, président de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), une institution engagée dans le financement des infrastructures. Pour sa part, Lionel Zinsou a souligné les acquis du marché financier de l’UEMOA en termes de stabilité et de croissance non sans rappeler l’impératif de relever les ratios de financement de l’économie, en direction des PME et du secteur privé en général.
Parmi les invités de marque, à noter Nezha HAYAT, présidente de l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), qui appelle à envisager le rôle du régulateur du marché au delà de la vision étroite du gendarme et englober le développement et la coopération.