Les investisseurs peuvent investir sur le marché financier de l’UMOA, acheter des titres et rapatrier leurs capitaux en toute liberté…
En marge des Rencontres du Marché des Titres Publics (REMTP) tenues du 24 au 26 janvier 2023 à Dakar, Financial Afrik s’est entretenu avec Banassi Ouattara, directeur adjoint chargé de l’intérim de l’Agence UMOA-Titres. Dans cet entretien, le financier est revenu sur la singularité de l’édition 2023, un évènement organisé en mode hybride après deux éditions successives en virtuel.
Propos recueillis par Dominique Mabika
Quels sont les temps forts de la 5e édition des REMPT ?
Les REMTP sont un rendez-vous annuel institué depuis maintenant cinq ans et permettant de réunir l’ensemble des acteurs de l’écosystème financier, notamment ceux qui interviennent sur les titres publics, pour échanger sur les défis et les challenges du marché. Cette année, nous avons souhaité placer ce rendez-vous sous la thématique générale de la «Diversité des investisseurs»et de «l’efficience du marché des titres publics». Nous pensons en effet que l’augmentation du nombre des investisseurs participe à l’efficience de l’écosystème financier.
A côté de ce grand thème, nous avons identifié trois sujets techniques dont un portant sur la démocratisation des titres publics et leur accès au grand public. Une réflexion est ainsi engagée auprès des différentes catégories d’acteurs, à savoir les banques, les sociétés
de gestion et d’intermédiation (SGI), les Sociétés de gestion des OPCVM (SGO), les fintech…
Le deuxième thème a porté sur le marché secondaire des titres publics. Nous souhaitons avoir un marché profond, efficient et dynamique. Cela veut dire que si vous achetez aujourd’hui un titre de quinze ans, il faut que dans un mois, dans un an, quand vous souhaiterez le vendre, que vous puissiez trouver un vendeur.
L’autre sous thème a été axé sur la dynamisation du marché monétaire. En fait, il s’agit du marché des titres publics à court terme, socle du marché financier. Il faut que ce compartiment soit bien développé pour que le marché des titres publics soit solide.
L’autre objectif de cet événement était de permettre aux représentants des Etats, émetteurs de titres publics, de partager des informations avec les investisseurs. Ils ont eu l’occasion d’intervenir sur différents thèmes et notamment sur l’approfondissement du marché, l’harmonisation de la fiscalité, la question des champions nationaux et celle portant sur l’énergie. En outre, les Etats ont présenté leur programme de financement pour l’année 2023 aux différents investisseurs présents.
Plusieurs pistes de solutions ont été avancées pour la revitalisation du marché des titres publics. Parmi elles, les incitations en direction des investisseurs étrangers à travers la mise en place d’un code réglementaire facilitant l’entrée et la sortie des devises. Qu’en est-il ?
Nous avons besoin d’attirer les investisseurs internationaux dans notre zone. Ce sont des acteurs qui viennent avec des apports, des idées et des techniques nouvelles nécessaires au développement du système. Au niveau de notre zone, il y a le règlement R09 et qui régit les relations financières des Etats avec l’extérieur. Ce règlement libéralise complètement l’investissement dans notre zone. C’est-à-dire qu’il n’y a aucune contrainte pour un investisseur de venir investir dans notre zone. Les investisseurs étrangers peuvent venir librement investir, acheter des titres et rapatrier leurs fonds en toute liberté. L’investissement sur notre marché est libre même s’il est vrai que quelques acteurs entrant dans cette catégorie ont porté à notre connaissance des difficultés rencontrées. Cela est dû souvent à des institutions financières qui ne jouent pas forcément le jeu. Donc effectivement, il va falloir que nous réfléchissions ensemble avec les régulateurs, notamment la Banque centrale (BCEAO), pour essayer de lever les entraves pratiques à l’investissement.
Un panéliste s’est justement exprimé sur la simplification des procédures afin de permettre aux SGI d’intervenir sur le marché secondaire. Y a-t-il possibilité de le faire ?
Du point de vue réglementaire, beaucoup d’efforts ont été faits. A propos de la plateforme “SAGETIL-UMOA (Système Automatisé de Gestion des Titres et de la Liquidité), certains ont posé le problème, notamment la mobilisation de moyens techniques pour se connecter à la plateforme. Des efforts sont en train d’être menés dans ce sens. Du côté de l’Agence UMOA-Titres, nous accompagnons ces efforts. A ce jour, à peu près quatre à cinq SGI sont connectées. Les autres sont dans le processus, et nous échangeons régulièrement avec la Banque centrale (BCEAO) pour voir à quel niveau se situe la difficulté.
Ila été question d’ éducation financière au cours des débats. Que faut-il en attendre ?
L’éducation financière englobe un domaine très vaste. De façon générale, quand on a une population à majorité analphabète, il faut trouver des canaux de communication adaptés. Il faudra peut-être ramener le discours à un certain niveau et trouver des relais efficaces pour essayer de porter le message à cette population. Ceci étant dit, je pense que la plupart des institutions ont des programmes d’éducation financière. Au niveau de l’Agence UMOA-Titres, nous avons un programme plutôt de vulgarisation de la culture financière.
Au final, que faut-il retenir de l’édition 2023 ?
Après deux éditions organisées sous format virtuel compte tenu de la crise sanitaire qui a duré quasiment deux ans, cette cinquième édition en mode hybride a suscité de l’engouement. Il y a eu 500 personnes en présentiel et autant en virtuel. Les investisseurs, les émetteurs, les intermédiaires du marché étaient ravis de se retrouver. Nous sommes en tout cas contents des premiers résultats sortis des sondages.
Il y a eu beaucoup de discussions, beaucoup de propositions, donc ce sont des éléments que nous allons prendre en compte. Cela va susciter forcément un programme d’activités à notre niveau ou modifier plus ou moins notre programme d’activités. Et nous allons faire des propositions aux acteurs pour voir comment orienter notre marché.