L’augmentation des prix des carburants est effective à partir de ce 1er février 2023 au Cameroun conformément à une décision du gouvernement publiée la veille. Une hausse quasiment attendue depuis quelque temps par les citoyens au regard des « faits et gestes » savamment distillés par les autorités du fait d’une double conjonction de l’environnement économique international difficile et d’un contexte endogène peu favorable.
Ainsi, le litre de l’essence super à la pompe passe de 630 FCFA (1,04 dollars) à 730 FCFA (1,21 dollars), soit une variation à la hausse de 100 FCFA (0,16 dollar), ce qui équivaut à une augmentation en valeur absolue de 15,8%. Pour sa part, le litre de gasoil coûte désormais 720 FCFA (1,19 dollar) contre 575 FCFA (0,95 dollar), soit une augmentation de 145 FCFA (0,24 dollar) qui correspond à un accroissement en valeur absolue de 25,6%, tandis que le litre du pétrole industriel revient à 590,19 FCFA (0,97 dollar), enregistrant une hausse de 36,5%.
Toutefois, le prix du pétrole lampant à la pompe reste maintenu à 350 FCFA (0,58 dollar) le litre, de même restent inchangés, les prix de gaz domestique, soit respectivement 6500 FCFA (10,77 dollars) pour la bouteille de 12 Kg et 3500 FCFA (5,80 dollars) pour celle de 6 Kg.
Ce réajustement des prix intervient une semaine après la fin d’une mission du Fonds monétaire international (FMI) au Cameroun dans le cadre de la troisième revue du deuxième programme économique et financier appuyé sur la Facilité élargie de crédit (FEC) et le Mécanisme élargi de crédit (MEDC). Le FMI qui préconisait jusqu’à l’année dernière la fin de suppression des subventions sur les carburants en ce sens qu’elles constituent « un frein à l’investissement public » a dû revoir sa copie, préconisant finalement aux autorités camerounaises une palette de propositions en cas de maintien des subventions.
Une note moins salée
Visiblement, le gouvernement qui redoute un renchérissement incontrôlé du coût de la vie avec risque d’une implosion sociale a opté pour « une note moins salée », puisque les subventions sont maintenues de l’ordre de 80% en comparaison au précédent exercice.
Autrement dit, si l’Etat ne pourrait plus débourser 700 milliards de FCFA (1,1 milliard de FCFA) pour subventionner les produits pétroliers comme en 2022, les prévisions de limiter ces subventions à 350 milliards de FCFA (1,1 milliard de FCFA) conformément à la loi de finances 2023 devraient être largement dépassées. Ceci laisse entrevoir que les subventions liées aux produits pétroliers pourraient atteindre 550 milliards de FCFA (912 millions de dollars) cette année, ce qui pourrait contribuer autant que possible à limiter une inflation galopante qui se situe à 4,8%, contre 3%, le seuil toléré en zone CEMAC.
C’est sans doute pour atténuer les effets du réajustement des prix des carburants que le gouvernement a proposé dans la foulée, une revalorisation du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) à 41850 FCFA (69 dollars) contre 36000 FCFA (59 dollars) par le passé. Cette proposition d’une hausse salariale de 5,2% « fera objet d’un examen concerté avec les partenaires sociaux dans le cadre de la commission nationale consultative de travail », a précisé le gouvernement alors que ceux-ci préconisaient une revalorisation du SMIG entre 60000 FCFA (99 dollars) et 100000 FCFA (165 dollars).
De l’avis des analystes, cette « hausse contenue » des prix des produits pétroliers ne devrait pas entrainer l’augmentation des prix des transports, bien que des automobilistes pourraient être tentés de faire de la surenchère au regard des difficultés des moyens de locomotion renforcées par l’insuffisance des infrastructures routières.
A priori, l’on pourrait dire que les pouvoirs publics ont coupé la poire en deux en essayant d’apporter une réponse aux sollicitations des bailleurs de fonds en tenant compte des préoccupations sociales.