Par Mokoko Theophane.
La « GREEN FINANCE », finance verte en français ou encore qualifiée de finance durable désigne de façon simple, un ensemble d’activités financières et de pratiques réglementaires allant dans le sens de la préservation de l’environnement. Sur la décennie 2012-2022, le volume de transactions (capitalisation boursières, private equity, émissions d’obligations) au niveau mondial est passé de $5.2 milliards USD à près de $600 milliards USD, pour un pourcentage cumulé de 4% sur l’ensemble des opérations sur les marchés financiers, contre a peine 0.1%, 10 ans auparavant. Comme on peut l’observer dans le tableau ci-dessous, extrait du rapport 2022 produit conjointement par TheCityUK et la BNP Paribas, 94,6% de ces transactions concerne essentiellement les émissions d’obligations pour exactement $511,6 milliards USD.
LA PROBLEMATIQUE DU BASSIN DU CONGO…
L’essentiel des pays du bassin du Congo sont situés dans la partie centrale du Continent. Cet ensemble géophysique d’une superficie de 180 millions d’hectares est le second poumon forestier mondiale après l’Amazonie. Ses tourbières séquestrent 10 années d’émissions mondiales de CO2, soit la première réserve mondiale et compte 206 réserves protégées sur près de 8.6 millions de km2, et concentre à elle seule 10% de la biodiversité mondiale, pour une démographie chiffrée a près de 250 millions d’habitants.
L’Afrique est peu industrialisée, de ce fait pollue peu. Mais a contrario, a pour impératif de protéger son écosystème naturel en renonçant à un développement plus rapide, en investissant davantage dans une économie durable, dans la recherche technologique et l’innovation. Seulement dans un contexte de sous-développement, avec des disparités de plus en plus palpables, l’incertitude sécuritaire, investir dans une telle économie coute de plus en plus cher. S’il est vrai que le Fonds bleu créé a la suite de la COP, valorisé en besoin a hauteur de $10 milliards USD est très faible comparé aux efforts à consentir. En effet, cela suppose une moyenne mobilisable de $588 millions USD pour chacun des 17 Etats signataire.
INNOVER POUR AGIR..
La protection des forêts est certes de la responsabilité des gouvernants, mais le secteur financier devrait mettre en place des outils lucratifs permettant de préserver l’environnement de façon efficace. Ces innovations financières peuvent concerner :
- L’acquisition sur des durées encadrées d’actifs forestiers à usages écologiques. Ce type de placements peut tout autant s’adresser a des ONG, qu’a des fonds d’investissements désireux de tirer profit des « crédits carbones » afin de lever des fonds sur les marchés. En effet, lesdits crédits carbones font déjà l’objet de « Tokenisation » par certaines sociétés, afin de convertir certains frais de transactions. La société de crédit carbone TPG Rubicon par exemple aura levé $ 1 milliard USD en 2022, afin de financer les projets visant l’objectif « Carbone Zéro ».
- Des placements financiers ouverts aux investisseurs institutionnels, fonds spécialisés tournés vers le développement de projets écotouristiques, de reboisement et autres. Le positionnement exige une certification préalable des espèces végétales et animales de nos écosystèmes. Cette approche concertée pourra permettre aux banques d’accéder à l’initiative Carbone Zéro, et de ce fait à un nouveau palier de financements plus attractifs.
LE SECTEUR FINANCIER DOIT INVERSER LE NARRATIF DU FONDS BLEU…
Si l’objectif poursuivi est louable, la stratégie quand a elle pêche dans sa forme et dans son fonds. En effet, d’après les données recueillies, 75% des projets sont issus du secteur public, 23% des ONG & société civile, et seulement 2% du secteur privé. Augmenter la participation du secteur privé a travers la mise en place d’instruments de placements spécialisés par des sociétés de gestion et d’intermédiation, l’ouverture a des souscriptions libres et plus « démocratisées ».
En somme, le secteur financier sous-régional doit saisir la « balle-au-bond », afin de ne pas subir cette transition verte, mais en être de véritables acteurs pour notre planète.