Nouvellement porté à la tête de l’Union africaine (UA), le président comorien Assoumani Azali prend fonction dans un contexte marqué par la crise climatique, l’endettement des Etats et la problématique de la mise en œuvre effective de la Zlecaf. Des chantiers qu’il n’a pas oublié de mentionner dans son tout premier discours devant ses pairs ce samedi 18 février à Addis-Abeba.
Il s’agit de la toute première fois que son pays va assumer ces charges. « En permettant à l’Union des Comores de diriger le continent africain, notre organisation vient de prouver au monde, sa conviction que tous les pays ont les mêmes droits et jouissent des mêmes libertés », dira Assoumani Azali.
Fini l’euphorie et la gratitude envers son homologue kényan William Ruto – qui a retiré sa candidature à ce poste-, le chef d’Etat comorien a mentionné les grandes missions auxquelles il devra s’atteler au cours des 12 prochains mois.
Une annulation totale de la dette africaine
Ainsi donc, après avoir félicité son prédécesseur Mack Sall, Assoumani Azali a rappelé que 22 Etats africains sont aujourd’hui, selon la Banque mondiale, en situation de détresse au regard de leur dette, et concentrent une part notable, des 1.074 milliards de dollars de dette extérieure du continent.
« Pour une viabilité de la dette africaine, nous exhortons la mise en place d’un cadre commun de règlement de cette dette, qui sera plus inclusif, y intégrant les créanciers bi et multilatéraux, et aussi les créanciers privés, avec un soutien renforcé du FMI », a déclaré le Comorien, qui plaide aussi pour « une annulation totale de la dette africaine » dans le but de permettre une relance de l’économie post Covid et de faire face aux impacts négatifs de la crise en Ukraine.
Et d’inviter les partenaires européens à mobiliser massivement les 150 milliards d’euros du fonds de partenariat mis en place lors du Sommet Union Européenne-Union Africaine en février 2022 pour appuyer le continent.
La Zlecaf, une « mission essentielle »
En ce qui concerne la mise en œuvre de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf) – qui constitue d’ailleurs le thème de cette session – , Assoumani Azali indique qu’il entend en faire « une mission essentielle ». L’instrument est désormais mis en place, mais est ratifiée par 46 pays du continent
« Il appartient donc à chacun de nos Etats signataires, de créer, à son tour, les conditions normatives nécessaires, pour que cet outil exceptionnel serve réellement de levier, au commerce intra-africain et à son développement, car celui-ci demeure très insuffisant, à hauteur de 17% des échanges continentaux, tout comme la part de l’Afrique, dans le commerce mondial, qui stagne à 4% », a déclaré le nouveau président en exercice de l’UA.
« Nous préparer pour réussir également la prochaine COP ».
« Sans cet engagement au réalisme de tous, la Zone de libre-échange serait condamnée, à rejoindre la longue liste des occasions malheureusement manquées », a-t-il ajouté.
Le climat est également au menu de la feuille de route. L’Union Africaine, a-t-il dit, devra continuer de faire entendre sa voix à ce sujet dans le concert des nations. « Nous devons d’ailleurs nous préparer pour réussir également la prochaine COP », dit-il déjà, non sans rappeler que le continent abrite 8 des 34 principales réserves de biodiversité mondiale.
« L’adoption par la COP27, de la compensation des dégâts causés par le changement climatique déjà subis par les pays les plus pauvres, résolution dite des ‘pertes et dommages’, doit alors se concrétiser rapidement », a-t-il aussi lancé.
La concrétisation de ces missions passe par l’instauration d’un climat de paix et d’insécurité sur le continent. Sauf que ce dernier « compte de trop nombreux conflits internes », comme l’a reconnu Azali. Selon les chiffres qu’il a évoqués, ces conflits ont fait 5 millions de victimes depuis les indépendances, avec un total de 36 millions de personnes déplacées.