Directeur Général de l’Agence Nationale pour la Promotion des Investissements de la République Démocratique du Congo (ANAPI), Anthony Nkinzo Kamole aborde les opportunités d’investissement dans son pays, «un marché prometteur» en raison de sa position géostratégique au cœur du continent.
Monsieur le Directeur Général, présentez nous L’ANAPI ?
L’ANAPI a été créée par la Loi n° 004/2002 du 21 février 2002 portant Code des Investissements. Établissement public à caractère technique, doté de la personnalité juridique, de l’autonomie administrative et de gestion, l’ANAPI est placée sous la tutelle du Ministre ayant le Plan dans ses attributions.
Ses principales missions sont d’œuvrer à l’amélioration du climat des affaires, promouvoir les investissements publics et privés en RDC, recevoir et analyser les projets d’investissement à agréer dans le cadre du Code des Investissements ainsi que les projets d’investissements régis par les Lois particulières, décider de l’agrément de ceux relevant du Code des Investissements et émettre des avis techniques sur les autres.
L’ANAPI est chargée d’assurer en permanence un plaidoyer en vue de l’amélioration du climat des investissements et jouer, en cette matière, le rôle de conseil du Gouvernement central et des Gouvernements provinciaux ; de travailler à la promotion d’une image positive de la RDC comme pays d’investissements et d’opportunités pour les investisseurs ; d’identifier et de promouvoir, auprès des investisseurs nationaux et internationaux, les opportunités spécifiques d’investissement en RDC ; d’assurer aux investisseurs qui décident d’établir ou d’étendre leurs activités économiques sur le territoire congolais un accompagnement qui facilite et accélère les procédures administratives nécessaires à la réalisation des investissements et à la création d’entreprises dans les meilleures conditions de délai et de transparence.
Quelles sont les opportunités d’investissements qu’offre la RDC ?
La République Démocratique du Congo est un marché prometteur pour les investisseurs en raison de sa position géostratégique au cœur du continent et de sa démographie avantageuse, ouvrant l’accès à un marché de plus de 250 millions de consommateurs avec ses neufs pays voisins. L’importance de ses ressources naturelles, celles de ses 80 millions d’hectares de terres arables, de son exceptionnel potentiel énergétique, de sa forêt avec des ressources environnementales inouïes, de ses réserves en minerais stratégiques, etc., sont autant d’atouts spécifiques qui
conduisent les investisseurs à considérer la RDC comme une destination privilégiée, voire incontournable pour les affaires. Depuis l’avènement à la présidence de la République de Son Excellence Monsieur Félix A. Tshisekedi, un vent nouveau souffle véritablement sur le pays.
Grâce à sa dotation en ressources naturelles, notamment en minerais stratégiques qui entrent dans la composition des batteries lithium-ion, la RDC se positionne comme la destination la plus compétitive du monde pour installer des usines de fabrication de ces batteries, et entend impulser le développement d’une chaîne de valeur régionale autour des véhicules électriques et des énergies propres. C’est ainsi qu’il faut comprendre le Protocole d’accord signé dernièrement entre la RDC, la Zambie et les États-Unis pour développer une chaîne d’approvisionnement pour les batteries de véhicules électriques.
Par ailleurs, la RDC a engagé plusieurs réformes : libéralisation des secteurs de l’énergie et des assurances, guichet unique pour les investisseurs, rationalisation du système fiscal et l’opérationnalisation effective des structures spécialisées de lutte contre la corruption et les crimes économiques. Ces réformes, les autres engagements pris auprès des institutions multilatérales, ainsi que la volonté du gouvernement d’améliorer le climat des affaires indiquent que le pays est prêt à attirer les investissements directs étrangers (IDE).
Et les perspectives économiques du pays sont extrêmement positives. Les initiatives prises par le Gouvernement de la République ont permis non seulement au pays de mieux résister durant la pandémie de Covid-19 (1,7% du PIB réel en 2020), mais surtout de rebondir plus rapidement après (6,2% en2021et6,6%en2022). Tousles indicateurs d’appréciation du risque pays renseignent une perspective stable à long terme de l’économie congolaise, comme l’indiquent les agences de notation Moody’s, Standards & Poor et Bloomfield.
Les secteurs les plus porteurs sont ceux définis comme prioritaires dans le Programme national stratégique de développement (PNSD) et dans le Programme du Gouvernement : agriculture, infrastructures, énergie, industrie, nouvelles technologies de l’information et de la communication, tourisme, santé et éducation, etc. Les opportunités d’investissements en RDC sont immenses, c’est indéniable. Encore faut-il pour les investisseurs qui s’y intéressent d’avoir la bonne approche et de suivre le processus tel que décrit dans notre loi.
Monsieur le Directeur Général, que dites-vous à ceux qui hésitent à faire le pari de la RDC ?
La RDC représente aujourd’hui un modèle de démocratie en Afrique francophone. Autrefois mis au ban de la communauté internationale, le pays est redevenu fréquentable. À l’image de la récente visite du Pape François à Kinshasa, ou même celles du Secrétaire d’État américain Anthony Blinken et du Président turc Recep Tayyip Erdogan l’année dernière, Kinshasa vit depuis un moment un ballet diplomatique incessant qui replace la RDC au centre des intérêts géoéconomiques au niveau régional et mondial.
Dans son dernier rapport annuel sur les IDE dans le monde, la CNUCED a classé la RDC parmi les 10 premiers pays africains les plus attractifs pour les IDE avec un flux estimé à 1,87 milliard USD en 2021. L’édition 2020 du classement de l’Africa CEO Forum et du Cabinet Deloitte a également placé la RDC dans le Top 10 des pays africains les plus attractifs en matière d’investissement.
Aussi, le Fonds Monétaire International (FMI), avec lequel la RDC est en programme formel, a conclu en décembre 2022 de manière satisfaisante la troisième revue de l’accord de facilité élargi des crédits en faveur de la RDC. Un exercice qui a permis un décaissement immédiat d’environ 203 millions USD pour répondre aux besoins de la balance de paiement portant le décaissement
total à ce jour à environ 812,4 millions USD. Cela permet au Gouvernement de la République d’une part, d’accélérer l’opérationnalisation des projets importants tels que la construction du port en eau profonde de Banana avec DP World et la mise en œuvre du Plan de développement local de 145 Territoires ; et d’autre part, de poursuivre les réformes structurelles qui favorisent l’activité du secteur privé, mobilisent les investissements directs étrangers et renforce la résilience de notre économie face au chocs externes.
Ce sont là des signaux majeurs de l’attractivité retrouvée du pays, au moins dans le regard porté sur nous par les décideurs économiques mondiaux. On ne fait pas, en effet, progresser ses investissements sans qu’aient été remplies un certain nombre de conditions : une meilleure gouvernance, une anticipation d’une croissance soutenable, une meilleure qualité des facteurs de production, un rendement plus élevé du capital, la faculté de rapatrier ses profits, etc.
Tous ces progrès, ces réformes réalisées depuis quelques années, sont, d’une certaine manière, avérées et authentifiées par les flux de fonds qui viennent créer de l’activité en RDC. J’invite donc les entreprises qui s’intéressent à la RDC à se renseigner sur nos lois, les modifications positives intervenues ces dernières années, et surtout à venir se faire leur propre idée sur le terrain. Pour cela, ils trouveront un des meilleurs interlocuteurs possibles, à l’occurrence l’ANAPI, disposée à leur fournir tout l’accompagnement requis au déploiement de leurs activités en RDC. Mais j’insiste : le moment d’oser la RDC, c’est maintenant ! L’avenir du monde se joue en Afrique, mais celui de l’Afrique se joue certainement en RDC.
Quels sont les grands chantiers de l’Agence cette année et dans les années à venir ?
L’ANAPI s’emploie à demeurer au cœur de la transformation socio-économique de la RDC, et de l’émergence d’une véritable classe moyenne congolaise. Notre mandat, 20 ans après la création de l’Agence, est tout aussi urgent que capital. Celui-ci doit pourtant évoluer pour nous permettre de jouer pleinement notre rôle de catalyseur de développement. Ainsi, l’ANAPI nourrit l’ambition de se muer en Agence de promotion et de « développement » des investissements, avec une présence assurée sur tout le territoire national et à l’international à travers des hubs régionaux. Les réflexions sur une critique de l’actuel Code des investissements ont déjà été entamées en vue de sa révision au regard des enjeux de l’heure. Aussi pour les cinq prochaines années, un focus sera mis sur le renforcement des ressources humaines au sein de l’Agence, à la recherche des spécialisations sectorielles.