La filiale du groupe Société Générale, La Marocaine Vie a décidé d’augmenter au 1er janvier 2023 les taux servis sur le fonds en dirhams au titre de 2022 pour atténuer l’impact de la forte inflation sur le rendement de l’épargne de ses clients. « Cette hausse du taux de rendement réaffirme notre engagement envers notre clientèle dans les moments qui comptent », confie Faiçail Zahlane, directeur général adjoint de La Marocaine Vie.
Quelle évaluation faites-vous de l’activité de la compagnie en 2022 ?
Bien que nous ne disposions pas encore des chiffres définitifs, nous pouvons considérer que l’activité de La Marocaine Vie s’est bien portée cette année. S’agissant de l’activité bancassurance, les réalisations en nombre de contrats d’épargne à versements programmés, de prévoyance et de santé sont en augmentation en 2022, une véritable performance si l’on considère le contexte inflationniste affectant la capacité d’épargne des ménages et la généralisation de l’assurance maladie obligatoire (AMO) pour les travailleurs non-salariés opérée en début d’année ayant impacté les offres d’assurance santé individuelle de base (destinées aux personnes ne bénéficiant jusque-là d’aucune couverture santé).
Parallèlement, dans un contexte de marché marqué par un manque de visibilité pour les investisseurs, l’épargne patrimoniale affiche un niveau de collecte équivalent à celui de l’année précédente, avec un maintien de la part des unités de compte au même niveau élevé que 2021, tandis que le segment épargne en unités de compte accuse cette année un net recul sur le marché marocain. Même constat pour la retraite complémentaire qui enregistre un volume d’activité comparable à celui de 2021 malgré un léger ralentissement ces deux derniers mois, au lendemain de la présentation des orientations du projet de loi de finances 2023.
Aviez-vous des appréhensions sur les changements de la fiscalité des produits d’épargne ?
Même s’il peut impacter (de façon contenue) le chiffre d’affaires des assureurs s’il est perçu par le client comme une perte d’avantages, nous accueillons ce changement avec sérénité. C’est que la loi de finances 2023 devrait renforcer la vocation du régime de retraite complémentaire. En fixant notamment une retenue à la source de 15% (au lieu des 30% initialement envisagés) et en relevant l’abattement de 40 à 70% pour les contrats d’épargne-retraite (tout en baissant l’âge requis de 50 à 45 ans pour bénéficier de sa retraite complémentaire à taux plein), la constitution d’une épargne à long terme est davantage encouragée, favorisant ainsi la préservation du pouvoir d’achat des clients à leur départ à la retraite, en palliant les insuffisances des régimes de base ne pouvant maintenir le niveau de vie des classes moyennes et aisées marocaines.
Nous avons évidemment également un rôle à jouer en tant qu’assureurs pour accompagner ce changement. A La Marocaine Vie, nous avons prévu en 2023 plusieurs actions de sensibilisation et de pédagogie à l’attention du plus grand nombre et une démarche commerciale adaptée, rappelant les avantages très attractifs devant inciter à miser très tôt sur les produits de retraite par capitalisation pour vivre plus sereinement ses vieux jours.
Avez-vous intégré le fait que certains clients soient tentés par le rachat anticipé de leur épargne ?
Alors qu’il n’était encore qu’au stade des discussions, le projet de loi de finances a immédiatement suscité de vives réactions parmi nos clients disposant d’un produit de retraite complémentaire qui ont très rapidement manifesté de nombreuses craintes. Notre mérite a été de réagir vite et de façon adaptée. Dès la publication des orientations du projet de loi de finances en octobre dernier, nous avons immédiatement mis en place une « task force » regroupant nos conseillers clients, nos équipes gestion et nos forces commerciales mobilisées sur le terrain pour accompagner au mieux nos clients dans ce contexte. Cette organisation nous a permis d’affronter l’afflux soudain d’appels et la hausse des demandes de simulation et de rachat provoquée.
Comment la forte inflation et la baisse des taux d’intérêt réels impacte-elle les placements d’assurance-vie ?
Il est vrai que face à l’envolée des prix, les clients semblent de plus en plus s’interroger sur l’intérêt des placements financiers qui détruiraient de la valeur selon eux, générant des taux de rendement aux alentours de 3% face à une inflation plus importante (de l’ordre de 6,6% en 2022 selon les prévisions de Bank Al Maghrib). Soulignons néanmoins que ce doute concerne dans ce contexte tous les instruments financiers. Si l’assurance-vie ne fait pas exception, elle a le mérite de présenter d’autres arguments convaincants (comme la diversification, le surplus de rendement et la transmission du patrimoine en cas de décès en toute sécurité). Précisons également que ce n’est pas une tendance que nous subissons. A travers une proximité renforcée et un conseil personnalisé,
nous proposons aux épargnants des alternatives en identifiant pour eux les bonnes opportunités de placement dans ce contexte. La hausse du taux directeur (pour juguler l’inflation) générant notamment une hausse du rendement des obligations, nous pouvons les inciter à investir progressivement dans des obligations mieux rémunérées.
L’effet de la baisse des marchés actions fait aussi apparaître de grandes opportunités de placement en unités de compte pour fructifier son épargne. Parallèlement, nous ajustons notre stratégie d’investissement en diversifiant les supports, notamment immobilier et actions. Enfin, nous pouvons annoncer que nous avons pris la décision, au bénéfice de nos clients, d’augmenter au 1er janvier 2023 les taux servis sur le fonds en dirhams au titre de 2022.
Consacrant des efforts pour limiter l’impact de l’inflation au profit de nos assurés, cette hausse du taux de rendement réaffirme notre engagement d’être aux côtés de nos clients dans les moments qui comptent.
Avec le recul, quelle incidence de la pandémie du Covid-19 avez-vous relevé sur la sinistralité des produits d’assurance-vie ?
S’il est délicat de se prononcer avec certitude en l’absence d’étude dédiée, la hausse de la sinistralité observée ces dernières années peut indiquer un lien de cause à effet avec le contexte de crise sanitaire de covid-19. Le constat concerne en particulier nos offres santé et l’assurance emprunteur. Sur la santé (et après l’élargissement du périmètre de
couverture aux actes médicaux liés à la covid-19 dès mars 2020), l’augmentation du nombre de déclarations et du montant des sinistres pendant les exercices 2021 (par effet collatéral après les périodes de confinement vécus en 2020) et les premiers mois de 2022 laisse supposer une forte corrélation entre ces événements et l’épidémie de covid-19.
La hausse du taux d’incidence observée depuis 2020 en matière d’assurance emprunteur amène à en tirer la même déduction, la covid-19 étant le seul fait majeur relevé durant la période concernée auquel il soit possible de rattacher ce bilan.