À l’ouverture ce 1er mars du One Forest Summit à Libreville, Lee White, ministre gabonais des Eaux, des Forêts, de la Mer, de l’Environnement, chargé du Plan Climat et du Plan d’Affectation des Terres, a d’emblée placé la barre haut: «ce n’est pas un sommet de plus, c’est un sommet de solutions », lance-t-il devant une salle bondée de représentant des États, d’experts climat et d’observateurs. Ce sommet qui se tient deux mois après la COP 15 de Montréal sur la biodiversité et 3 mois après Sharm-El-Sheikh ne doit pas «courir après de nouveaux accords ou de nouvelles déclarations d’intentions. Nous sommes réunis ici pour un sommet d’action et de solutions. Nous voulons mettre en œuvre nos engagements ».
Toute la gageure de cette rencontre présidée par les présidents Ali Bongo et Emmanuel Macron du Gabon et de la France et de s’inscrire dans une dynamique positive dans le sillage, rappelle le ministre, de l’accord «historique »adopté en décembre à Montréal pour mettre fin à la perte de la biodiversité et la restaurer.
Cet accord de Montréal contient des cibles fortes ambitieuses, comme la protection de 30% des terres et des océans, la restauration des écosystèmes dégradés, ou encore des engagements financiers très importants. Pour l’emblématique ministre gabonais, « ces engagements ne suffisent pas. Il faut désormais les METTRE EN ŒUVRE ! ». Or c’est là où le bats blesse. Les engagements climat des pays du Nord, reconduits annuellement depuis la signature de l’accord de Paris en 2015, ont tendance à ne pas être suivis d’effets. Et les forêts, notamment celles du bassin du Congo, d’Amazonie et d’Asie du Sud-Est, ces trois grands poumons de la planète, en pâtissent.
« Les forêts absorbent 2 fois plus de CO2 qu’elles n’en émettent, près de 7,6 milliards de tonnes par an, davantage que les émissions annuelles des Etats-Unis !
Le défi de la biodiversité ? Alors qu’elle couvrent à peine 10% de la planète, les forêts tropicales abritent 70% des espèces végétales connues et 90% des espèces vertébrées », poursuit le ministre, biologiste, botaniste et archéologue, qui a vécu dans la forêt gabonaise de 1989 à 2000 dans le cadre de ses nombreuses recherches sur la faune et la flore de ce pays axial du bassin du Congo.
Actuellement, 350 millions de personnes dépendent directement des forêts tropicales pour vivre, et 1,6 milliards indirectement, poursuit le ministre, déroulant des chiffres préoccupants. Ainsi, en 40 ans, les forêts tropicales mondiales ont perdu 20% de leurs superficies. « Cette déforestation tropicale est responsable de 13% des émissions mondiales de CO2… », poursuit celui qui est considéré comme l’architecte de l’inscription de la forêt tropicale dans l’accord de Paris.
Concrètement, ce sommet travaillera sur trois axes : renforcer la coopération scientifique entre les trois grands bassins tropicaux, développer des filières plus durables pour élaborer des produits respectueux des forêts à des prix justes et définir des financements innovants pour la protection des forêts.
Le financement constitue le nerf de la guerre. Partenaire de ce sommet, la France s’est engagée à doubler
ses financements internationaux pour la biodiversité pour atteindre 1 milliard d’euros dès 2025.
« Pour les forêts du bassin du Congo, je ne vais pas devancer les annonces du Président de la République (NDLR: Emmanuel Macron) mais je peux d’ores et déjà vous dire que la France va poursuivre et accélérer son effort, notamment via l’initiative CAFI pour les forêts d’Afrique centrale », a de son côté déclaré Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d’État français chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux.
Pour l’heure, le bassin du Congo capte sur 11% des financements internationaux pour les forêts. Le forum qui finit le 2 mars étudiera les moyens de mettre en place un marché du carbone « premium » de haute intégrité et à haute valeur environnementale qui incorpore des co-bénéfices pour la nature et les populations.