Le carré magique de Kaldor à l’horizon
Face à la presse, le gouverneur de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) est revenu, le 1er mars 2023, sur les raisons ayant poussé son comité de politique monétaire (CPM) à augmenter son taux directeur de 25 points de base. Il s’agit de la quatrième augmentation consécutive.
En juin, en septembre puis en décembre 2022, la BCEAO avait sanctionné chacune de ces réunions de CPM par une augmentation de 0,25 % de son taux directeur. Aussi, cette réunion du comité de politique monétaire (CPM) du mois de mars 2023 s’inscrit dans la même tendance d’ajustement modéré. La banque centrale porte donc son taux directeur à 3% dans l’objectif de réduire l’inflation quoique celle-ci ayant observée une inflexion significative en passant de 7% en décembre 2022 à une moyenne de 6% et poussières en janvier. Cette tendance positive devrait se poursuivre car l’objectif cible de la BCEAO comme l’a rappelé le gouverneur Jean-Claude Kassi BROU est de ramener l’inflation entre 1 et 3%. La bonne campagne agricole dans les pays membres conjuguée à une inversion de la tendance haussière des cours des produits énergétiques et des produits de base au niveau international pourront contribuer à cette décélération des prix au sein de la zone. Faut-il le souligner, du fait de la tension sur les prix à l’international, le solde des paiements extérieurs est ressorti déficitaire à environ – 3 300 milliards de FCFA en 2022, ramenant les réserves de change de 6 à 4,4 mois d’importations.
Le matelas de devises reste certes confortable, rassure la BCEAO. Au niveau du secteur bancaire local, il y a suffisamment de liquidités pour financer l’économie. Les crédits à l’économie ont augmenté de 14% en 2022 et devraient encore augmenter cette année.
Mais, dans l’ensemble, il va falloir user de la rigueur pour préserver les fondamentaux dans un contexte africain où l’inflation dans les autres zones monétaires est à deux chiffres et les taux directeurs des banques centrales élevés.
L’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) qui a terminé l’année 2022 avec une croissance soutenue de 5,6% espère repasser au dessus de la barre de 6% (plus précisément 6,5%) de son PIB en 2023, année de relance post-pandémie.
Preuve que la COVID-19 semble bien derrière nous, l’institution d’émission est revenue à une adjudication à taux variables pour mieux contrôler la liquidité en lieu et place de l’adjudication à taux fixe (2%) décidé au plus fort de la crise sanitaire. Au final, à la BCEAO comme chez toutes les banques centrales qui se respectent, accrocher le carré magique de Kaldor qui combine forte croissance, stabilité des prix, équilibre extérieur et plein emplois (quoique ce dernière paramètre étant plus du ressort des États) reste le graal..