Par Rahima Coulibaly*
Les femmes, en particulier les jeunes femmes, sont désormais habituées aux déclarations
d’intention, aux professions de foi et aux célébrations. Elles se laissent facilement séduire par
des promesses d’interventions susceptibles de changer leur vie et, en cette Journée
internationale de la femme (8 mars), divers acteurs publics, entreprises privées et organisations
non gouvernementales présenteront de nouvelles promesses qui se poursuivront jusqu’à
l’année prochaine.
Au-delà des promesses annuelles, les femmes ont besoin d’accéder à l’emploi, aux opportunités et d’avoir la capacité de gérer des entreprises prospères. Les Petites et Moyennes Entreprises (PME) jouent un rôle essentiel entre l’État ou les grandes entreprises à travers leurs besoins en biens et services et les femmes. En Côte d’Ivoire, plus du tiers des PME sont dirigées par les femmes.
Selon l’ENV 2015, les femmes représentent 38,6% de l’emploi en Côte d’Ivoire. Cette répartition monte à 40% dans les services et à 60% dans le commerce. Cependant les PME sont confrontées à des défis qui entravent leur croissance, limitent leurs capacités à recruter des femmes et à investir dans leur formation. Cela est dû à un manque de capital, qui conduit également à des relations de travail informelles et à l’incapacité d’établir des cadres de protection pour les femmes contre le harcèlement et la discrimination. Le financement des PME est une solution pour renforcer l’autonomie des femmes et leur permettre de prospérer dans le secteur des affaires.
Malheureusement, 80% des PME finissent par fermer après trois ans d’existence, selon les
statistiques officielles. Les difficultés rencontrées par toutes les PME sont bien documentées,
mais ces défis ne sont pas relevés par les solutions de financement existantes. Les PME ont
besoin de fonds de roulement pour couvrir six mois d’activité, ainsi que d’avances de trésorerie
rapides qui peuvent être déboursées dans les 72 heures afin de pouvoir saisir les opportunités
dès qu’elles se présentent.
Les PME sont souvent nées dans un contexte opportuniste, ce qui signifie qu’elles ont peu de fonds propres et qu’elles vivent les yeux rivés sur leur solde bancaire. En outre, il n’existe pas de polices d’assurance accessibles en cas de non-paiement ou de retard. Au lieu de cela, les entreprises se voient imposer des délais de paiement de 60 jours qui, en réalité, sont doublés, voire triplés, entre le début de l’exécution d’un projet et le moment du paiement. Ces problèmes affectent davantage les femmes, soit en tant que promotrices de PME qui sont sous pression face aux difficultés financières, soit en tant qu’employées de PME, dans le retard à recevoir le salaire conditionné par le recouvrement des dettes.
Il ne s’agit pas ici de s’apitoyer sur le sort des femmes, mais de constater la capacité des PME
à autonomiser les femmes, à contribuer à la croissance économique de nos pays et par conséquent améliorer la sécurité humaine. Actuellement, si 98% des entreprises ivoiriennes sont des PME, elles ne contribuent au PIB qu’à hauteur de 20% et ne représentent que 23% des emplois et 12% de l’investissement. “Notre problème c’est que nous n’avons aucune banque spécialiste des PME en Côte d’Ivoire. Aucune banque et aucun banquier ne comprend les problèmes des PME.
Et notre système bancaire ne travaille pas réellement pour accompagner les PME. Parce qu’elles ont peur de prendre des risques. Malgré tous les mécanismes qui ont été mis en place notamment celui de la BCEAO qui est un dispositif de refinancement des banques qui acceptent de donner des fonds aux PME ». J’emprunte à Monsieur Félix Anoblé, ancien ministre de la Promotion des PME de Côte d’Ivoire, ce qu’il disait en 2022, pour inciter à des solutions nouvelles et adaptées.
Les innovations technologiques et digitales, sont des leviers qui peuvent apporter les solutions.
Au Nigeria, des startups comme Pennee et Payhippo proposent des prêts aux PME du pays. ».
En s’appuyant sur une technologie de scoring basée sur la science de données, le taux de
remboursement des prêts chez Pennee et Payhippo est supérieur à 95%. En février 2022,
Payhippo a déboursé plus de 10 millions de dollars en prêts à des entreprises nigérianes. Selon
Zach Bijesse, cofondateur de Payhippo, « 97 % de l’argent prêté au cours des deux dernières
années a été remboursé Une autre startup, Triift Africa, revendique un taux de remboursement
de 100% pour les PME dirigées par des femmes qu’elle a soutenues. La preuve si besoin en était, les innovations technologiques peuvent apporter des solutions au financement des PME, favoriser plus d’inclusion et changer la donne pour les femmes.
*Rahima Coulibaly
Rahima Coulibaly est la Directrice Financière de THOP The Holding Opinion and Public, un
groupe d’agences de communication intégrée, fournissant des services de communication
stratégique et de relations publiques en Afrique Francophone.