Gisèle Gumedzoe Ouedraogo a été promue directrice générale de Coris Bank International Burkina Faso en septembre 2022. Une promotion qui récompense la fidélité, l’engagement et le professionnalisme d’une banquière dévouée à la qualité du service client. A l’occasion du 8 mars, fête des femmes, elle répond à nos questions.
Vous êtes depuis septembre à la tête de Coris Bank International Burkina Faso. Comment expliquez-vous qu’il n’y ait pas beaucoup de femmes à la tête des banques en Afrique ?
La femme occupe une place marginale dans le secteur des finances et elles sont très peu à être appelées à de hautes fonctions, surtout en Afrique. Suivant une étude publiée en mars 2020 par le Kristalina Georgieva, Directrice Générale du Fonds Monétaire International (FMI) entre janvier 2017 et octobre 2019 et Louise Levonian, Administratrice au FMI, moins de 2% des grands dirigeants d’établissements de crédit et moins de 20% des membres des conseils d’administration sont des femmes dans le monde. Cette sous-représentation des femmes à la tête des entreprises et plus particulièrement dans les banques en Afrique s’explique principalement par les pesanteurs socioculturelles. En effet, en plus de la disparité constatée dans le monde du travail entre les hommes et les femmes, il est toujours considéré dans la société africaine que certains métiers comme la banque seraient plus « masculin ». A cela s’ajoute les obstacles « invisibles» ou « plafond de verre » qui freinent l’intégration et la progression dans la pyramide hiérarchique des femmes comparativement aux hommes avec les mêmes compétences, diplômes et expériences professionnelles.
Des études du FMI démontrent sans ambiguïté les bienfaits économiques des politiques visant à favoriser l’égalité entre les sexes. Ainsi, les entreprises bancaires ont pris conscience de l’importance de nommer des femmes à des hautes fonctions de responsabilité. Par exemple dans le Groupe Coris, sur les neuf entités bancaires, quatre sont dirigées par des femmes. Nous constatons également que de plus en plus, les parents encouragent leurs enfants à choisir des filières scientifiques et techniques qui leurs permettront d’avoir les mêmes compétences que les hommes dans le métier de la finance. Aussi, les mesures de discrimination positives comme les quotas adoptés par certaines entreprises et même au niveau des Etats sont de nature à favoriser une plus grande représentativité des femmes La tendance est donc en train de s’inverser et j’espère qu’avec ces différentes mesures, les femmes africaines seront plus représentées à la tête des banques africaines à moyen terme.
Au sein de votre banque, comment l’approche genre est -elle appréhendée?
L’approche genre implique une démarche qui consiste à promouvoir un développement participatif et équitable des hommes et des femmes, en leur assurant un accès égal aux ressources et aux sphères de décision.
Dans le Groupe Coris, et plus particulièrement à Coris Bank International Burkina Faso, l’approche genre est inscrite au cœur de notre stratégie. Elle est régie par une politique genre qui fixe l’architecture et les principes fondateurs du dispositif de promotion de l’égalité des genres au sein de la Banque. Cette politique s’appuie sur plusieurs piliers comme l’accès des femmes aux postes de responsabilité, l’égalité salariale, l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, la lutte contre le sexisme et le harcèlement.
«L’approche genre implique une démarche qui consiste à promouvoir un développement participatif et équitable des hommes et des femmes, en leur assurant un accès égal aux ressources et aux sphères de décision.»
Notre engagement en faveur du genre, de l’égalité et de l’inclusion se reflète également à l’externe à travers la mise en place de dispositifs d’accompagnement spécifiques à destination des femmes. Nous travaillons à faire profiter à nos clientes des avantages de programmes de développement de PME pilotées par des femmes proposées par nos partenaires notamment les Institutions de Développement.
Comment la dirigeante que vous êtes concilie-t-elle vie professionnelle et vie privée ?
Je pense qu’un épanouissement dans la vie professionnelle rejaillit sur la vie personnelle et l’équilibre entre ces deux milieux est gage d’une meilleure qualité de vie au travail et d’une meilleure performance en entreprise. Pour ce faire, il faut être organisé et pouvoir anticiper sur son agenda pour éviter un grand déséquilibre entre vie professionnelle et vie de famille. Il faut savoir hiérarchiser ses tâches par priorité et savoir déléguer certaines tâches autant que possible en responsabilisant les équipes.
Pour la famille, il faut privilégier les moments de qualités à la présence passive. Le soutien d’une famille unie est aussi essentiel pour réussir.
Etant la première filiale du Groupe, vous êtes cette année dans vos noces de cristal (15 ans), pouvez-vous nous parler de ce parcours ? Quelles sont les ambitions de Coris Bank International Burkina Faso en 2023 ?
Notre expérience dans le monde de la finance commence avec la reprise de la Financière du Burkina (FIB). En 2002, une restructuration de l’établissement intervient nous permettant ainsi d’obtenir l’agrément pour le financement direct de la vente à crédit et le financement des TPE (très petite entreprise). En décembre 2007 nous obtenons l’agrément de Banque universelle avec un capital social de 1,5 milliard de FCFA. A ce jour, il est de 32 milliards de FCFA et des fonds propres de 206 milliards de FCFA. Notre institution est cotée en bourse, leader sur la place du Burkina Faso depuis 2016 et troisième banque de l’UMOA selon le rapport annuel 2021 de la Commission Bancaire de l’UMOA sur les 131 banques en activités. C’est donc parti du bas de l’échelle avec un homme visionnaire Monsieur Idrissa NASSA et une équipe jeune, dynamique et motivée que Coris Bank International SA a pu révolutionner le secteur bancaire dans la sous-région et plus particulièrement au Burkina Faso. La Banque est aujourd’hui le premier partenaire de nombreux porteurs de projets à travers une approche adaptée et une célérité dans la prise de décision.
A ce jour, les résultats obtenus indiquent que nous avons fait les bonnes options et attestent que la réussite dans une activité aussi pointue que la banque peut être africaine et surtout originaire de l’espace UEMOA. Pour 2023, nous maintiendrons la dynamique de l’excellence relationnelle orienté client à travers des offres de produits et services de qualité. L’innovation technologique et le digital seront au cœur de nos actions. Nous consoliderons notre gestion holistique de risques, renforcerons notre culture de responsabilité et d’agilité organisationnelle et poursuivrons notre encrage dans le développement de la finance durable.
Quels conseils pourriez-vous donner aux jeunes filles et femmes qui souhaitent emprunter une carrière professionnelle comme la vôtre ?
Aux jeunes filles et femmes, je dirai de bien se former. Une bonne formation est la base de toute réussite. Il faut travailler avec abnégation et être toujours prête à apprendre, car c’est la meilleure manière d’accomplir ce à quoi vous aspirez. Visez l’excellence dans ce que l’on entreprend et surtout se dire que rien n’est impossible pour qui le souhaite vraiment. Ayez le courage mais restez humble. Enfin, accueillez les défis comme des étapes ou des leçons qui vous préparent à accomplir quelque chose de plus important.