« Notre notation crédit fait de ATI la 2ème institution multilatérale la mieux notée en Afrique »
Créée en 2001 sous l’initiative conjointe de la Banque mondiale et des Etats africains, l’Agence pour l’assurance du commerce en Afrique (ACA), African Trade Insurance Agency (ATI) en anglais, est un organisme multilatéral couvrant le risque politique et le risque de crédit commercial en Afrique. Présente dans plus d’une vingtaine de pays, l’institution ambitionne d’étendre sa présence sur tout le continent. Kodjo Attaty, souscripteur en charge des pays francophones, de passage au Sénégal, en parle avec ‘Financial Afrik’.
Propos recueillis par Dominique Mabika
Quelle est la composition du capital de l’ATI et quelles sont ses missions ?
Notre capital est généralement composé par les Etats membres. A ce jour, nous avons 21 États membres sur les 55 pays du continent. Ce qui veut dire qu’il y a encore du chemin à parcourir. Dans la zone UEMOA, il y a le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Niger. Le Burkina Faso a presque achevé son processus d’adhésion, le Mali aussi a vraiment bien avancé dans le processus d’adhésion à notre institution.
Le premier mandat de l’African Trade Insurance Agency (ATI) est d’attirer l’investissement direct en Afrique, afin que le pays qui reçoit l’investissement participe au développement économique du continent. Le second mandat est de promouvoir l’investissement direct étranger en garantissant les risques politiques, également promouvoir le commerce en garantissant le risque de crédit. Nous sommes une institution qui a une notation assez acceptable A stable par Standard Poor’s, et A3 stable par Moody’s. Cette notation crédit que nous avons fait de notre institution la deuxième multilatérale la mieux notée en Afrique, derrière la Banque africaine de développement.
Où en est-on avec les nouvelles adhésions de pays comme le Sénégal ?
Le Sénégal a adhéré. C’est la raison pour laquelle nous sommes ici, pour discuter avec les autorités d’un commun accord. L’ATI va très bientôt procéder au lancement officiel des opérations au Sénégal. Deuxième économie de l’Uemoa après la Côte d’Ivoire, le Sénégal est un pays sur lequel nous comptons beaucoup.
C’est lorsqu’il y a des difficultés que les talents se découvrent
Comment analysez-vous les risques des pays et opérateurs africains dans un contexte de hausse d’inflation et de montée des taux ?
C’est un problème certes, mais ce n’est pas un problème propre à l’Afrique. C’est le monde entier qui en souffre. Il y a par exemple Silicon Valley Bank aux Etats-Unis qui a déjà fait défaut. Mais c’est lorsqu’il y a des difficultés que les talents se découvrent. Donc, nous sommes une institution de risques et de couverture de risques, nous n’allons pas fuir le risque. Nous allons travailler de concert avec les gouvernements de Etats membres pour trouver des solutions.
Comment se positionne l’ATI par rapport à la Zleca ?
La Zleca est au centre de nos réflexions. Nous travaillons pour la promotion du commerce, et nous ne pouvons pas être à l’écart du projet de la Zone de libre-échange continentale africaine. Pour le moment, ce sont les décisions politiques qui sont prises, et l’ATI travaille avec l’Union africaine pour implémenter ces décisions qui sont capitales et nécessaires pour la promotion du commerce en Afrique. Nous nous sommes rendu compte que les échanges commerciaux entre l’Afrique et l’Asie, l’Amérique, l’Europe sont assez importants, mais il n’y a pas cette fluidité entre les États africains, et c’est ce que la Zleca veut corriger.
Pour finir, que pouvez-vous nous dire de vos perspectives pour 2023 ?
African Trade Insurance Agency est dans une série de progression et nous allons continuer à soutenir nos États membres à la réalisation de grands projets d’infrastructures, qui participent au développement économique des États. Nous travaillons aussi avec le secteur bancaire, parce que nous voulons participer au financement de l’économie des Etats membres. C’est la raison pour laquelle, lorsque nous sommes arrivés sur le marché ouest africain, nous avons introduit une demande à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pour que notre signature soit reconnue par la Banque centrale, pour la pondération des risques par les banques. Et la banque centrale nous l’a facilement accordé. C’est un atout, une valeur ajoutée pour les banques commerciales, afin de les aider à catalyser les opérations de crédit, et les exciter à financer l’économie africaine.