Une chronique de Abderrahmane MEBTOUL, Professeur des universités, expert international docteur d’Etat 1974.
L’Algérie a interdit les médicaments importés depuis 2008. Une stratégie gagnante mais qui n’est pas sans défis.
L’industrie pharmaceutique est le secteur économique qui regroupe les activités de recherche, de fabrication et de commercialisation des médicaments pour la médecine humaine et animale. Cette présente contribution au développement national (Algérie) sur un sujet extrêmement sensible doit beaucoup à de nombreux amis praticiens et de professeurs d’université de médecine et de sociologie qui ont requis l’anonymat, que je tiens vivement à remercier.
Les enjeux internationaux du marché mondial du médicaments
L’épidémie de Covid-19 a mis en lumière la dépendance de l’industrie pharmaceutique de bon nombre de pays vis à vis de ses fournisseurs chinois et indiens, qui produisent 60 à 80% des principes actifs chinois pour des traitements aussi vitaux que les antibiotiques, les anticancéreux et les vaccins. .L’industrie pharmaceutique en Inde devrait atteindre 65 milliards de dollars d’ici 2024 et 120 milliards de dollars d’ici 2030 étant évaluée en 2022 à 50 milliards de dollars, étant un exportateur majeur de produits pharmaceutiques, avec plus de 200 pays desservis par les exportations, fournissant plus de 50 % des besoins de l’Afrique en génériques, environ 40 % de la demande de génériques aux États-Unis et environ 25 % de tous les médicaments au Royaume-Uni, représentant également environ 60 % de la demande mondiale de vaccins et est l’un des principaux fournisseurs de vaccins DTC, BCG et contre la rougeole. 70% des vaccins de l’OMS (conformément au calendrier de vaccination essentiel) proviennent d’Inde. Replacé dans le contexte mondial, les États-Unis et la Chine sont les deux plus grands marchés pharmaceutiques du monde, représentant respectivement 38,3% et 17,5% du marché mondial. Le marché nord-américain reste le plus important avec 47,2 % des ventes mondiales, loin devant le marché européen, qui réalise 24,5 % de parts de marché. La Chine totalise 9,7 % des parts de marché, tandis que les autres pays des zones Asie et Pacifique représentent 13,2 %. Les exportations de médicaments et de produits pharmaceutiques s’élèvent à 2052,78 millions de dollars en septembre 2022.
Un marché dominé par les États-Unis
Le marché du médicament est dominé de très loin par les États-Unis (45 % des ventes mondiales), devant la Chine (8,3 %), le Japon (7,8 %), l’Allemagne (7,8 %) et la France (3,7 %) . La région MENA avec 27 Mds de $US représente à peine 2,1% de part du marché mondial. dont les dix plus grands laboratoires sont les suivants par ordre décroissant . – Pfizer (USA) : 100,0 milliards de dollars ; Johnson & Johnson (USA) : 95,0 milliards de dollars – Roche (Suisse) : 63,3 milliards de francs suisses – Merck & Co (USA) : 59,3 milliards de dollars — AbbVie (USA) : 58,1 milliards de dollars — Novartis (Suisse) : 50,5 milliards de dollars – Bristol-Myers Squibb (USA) : 46,2 milliards de dollars – Sanofi (France) : 42,3 milliards d’euros – Astra-Zeneca (Royaume-Uni) : 44,3 milliards de dollars – GSK (UK) : 29,3 milliards de livres (pounds). Nous avons d’autres grands laboratoires pharmaceutiques globaux comme Takeda Pharmaceutical (Japon), Eli Lilly (28,5 milliards de dollars en 2022 et certains grands laboratoires pharmaceutiques chinois (ex. Sinopharm) actifs surtout dans les vaccins pourraient intégrer cette liste. Cette structuration mondiale de la production pharmaceutique, est intimement liée aux nouvelles transformations économiques et sociales. Nous avons les effets des nouvelles technologies qui influent sur les comportements les nouveaux besoins e tle système de santé , les agression de la nature et les inquiétudes vis-à-vis de l’avenir, notamment de trouver un travail pour les enfants, les divorces la détérioration du pouvoir d’achat, les contritions de logements, d’hygiène, la mal vie et l’éclatement de la cellule familiale, qui servait de tampon social, tout cela engendrant des angoisses avec des effets psycho sociologique et donc des traitements spécifiques nécessitant une médecine et des médicaments adaptés.
Au niveau des sociétés, nous avons le développement de l’alcool avec une influence sur le développement de nombreuses pathologies, cancers, maladies cardiovasculaires et digestives, maladies du système nerveux et troubles psychiques; des effets nocifs du tabac où un cancer sur trois est dû au tabagisme, le plus connu étant le cancer du poumon, dont 80 à 90 % des cas sont liés au tabagisme actif avec d’autres impacts : gorge, bouche, lèvres, pancréas, reins, vessie, utérus ; de la drogue où l’économie des drogues représenterait un marché de 400 à 500 milliards de dollars par an avec des effets sur la santé , : dépression respiratoire, intoxication, contamination, surdose, vulnérabilité psychique ou physique. ect…Nous assistons à l’apparition de nouvelles maladies (le coronavirus ) ,et des impacts sur la santé de l’environnement dont le réchauffement climatique où la pollution de l’air ambiant étant un des facteurs pour lesquels l’impact est le plus connu : acidification de l’air , formation d’ozone troposphérique, appauvrissement de la couche d’ozone ; particules et les effets respiratoires des substances inorganiques. Selon différents rapports de l’ONU, entre 2030 et 2050, on s’attend à ce que le changement climatique entraîne près de 250 000 décès supplémentaires par an, dus à la malnutrition, au paludisme, à la diarrhée et au stress lié à la chaleur et que le coût des dommages directs pour la santé (à l’exclusion des coûts dans des secteurs déterminants pour la santé tels que l’agriculture et l’eau et l’assainissement) se situe entre 2 et 4 milliards de dollars US par an d’ici 2030, coût impossible à supporter pour les surtout les plus vulnérables.
L’Afrique ne produit que 3% des médications qu’elle consomme
Ainsi l’Afrique ne produit que 3 % des médicaments qu’elle consomme et si certains pays possèdent des unités de production comme l’Egypte, l’Algérie, le Maroc , l’Afrique du Sud ou encore le Sénégal, cette dépendance extérieure s’est rappelée de manière dramatique aux gouvernements au moment de la pandémie de Covid-19.
Le continent a été le grand perdant dans la course mondiale aux vaccins et aux médicaments. Cet épisode a provoqué une prise de conscience sur la nécessité de produire davantage localement avec la ratification du traité sur la création d’une Agence africaine du médicament qui traînait en octobre 2021. Mais beaucoup d’obstacles doivent encore être surmontés pour renforcer la production pharmaceutique, notamment liés au manque de compétences locales, avec l’exode massif des compétences favorisant les pays développés.
Par ailleurs, il existe un lien dialectique entre sous nutrition, productivité baisse du niveau scolaire santé et besoin de médicaments les conséquences économiques, sociales, médicales et sur le développement de la charge mondiale de la malnutrition étant graves et persistantes aussi bien pour les individus et leurs familles que pour les communautés et pour les pays. Selon bon nombre de professeurs en médecine et sociologues, face à cette demande, la société est une proie facile pour certaines stratégies commerciales, à diffuser sur le marché différents produits alimentaires , certains compléments alimentaires ou des régimes amaigrissants, la nutrition et l’alimentation devenant ainsi l’objet d’un marché dans lequel la rentabilité économique prime sur la santé.
Ce qui amène à poser la problématique de faux médicaments circulant au sein de la sphère informelle, une menace pour la sécurité nationale. D’après l’Institut international de recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRACM), un investissement de 1.000 euros dans les médicaments contrefaits génère un bénéfice de 200.000 à 400.000 euros pour une prise de risques négligeable. Une étude du World Economic Forum estime que le chiffre d’affaires mondial des faux médicaments représente 10 à 15% du marché pharmaceutique, soit 100 à 150, voire 200 milliards de dollars.
Les faux médicaments, un marché florissant
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère que 10 à 15% des médicaments qui circulent dans le monde sont des médicaments falsifiés y compris les psychotropes fabriqués dans des laboratoires clandestins, qui font d’ailleurs ravage en Algérie, qui mettent en danger la santé de ceux qui les utilisent. Ces faux médicaments selon un rapport de l’ONU fin 2021 sont estimés à 605 tonnes de produits médicaux faisant l’objet d’un trafic qui ont été saisies rien qu’en Afrique de l’Ouest et sont à l’origine d’un demi million de décès en Afrique subsaharienne.
L’un des principaux obstacles réside dans le fait que, trop souvent, la contrefaçon et le piratage sont considérés comme des infractions qui ne font pas de victimes, alors qu’ils s’inscrivent dans le cadre d’une criminalité organisée transnationale, gérée par des entreprises criminelles vastes et complexes » Selon Interpol, le trafic de médicaments est jusqu’à dix à vingt fois plus lucratif que celui d’héroïne. Selon une étude du Forum économique mondial, les médicaments contrefaits génèrent 120 à 160 milliards d’euros chaque année. Ce montant, qui a triplé en l’espace de 5 ans, représente 10 à 15 % du marché pharmaceutique mondial, où un investissement de 1000 dollars peut rapporter jusqu’à 500.000 dollars alors que pour le même investissement, le trafic d’héroïne rapporte 20.000 dollars.
La stratégie de l’Algérie pour la production de médicaments face aux besoins nationaux et à la stratégie des grands laboratoires
Avec une production de médicaments estimée à 2,4 Mds de $US, l’Algérie représente 9% de parts du marché de la zone MENA, ayant réussi à subvenir à plus de 60% de la valeur des médicaments consommés sur le marché algérien. Les efforts du secteur privé conjugués à ceux de l’entreprise publique Saidal ouvrent la voie à l’augmentation conséquente de l’offre de médicaments, à la diversification des produits mis en marché et à une pression à la baisse de leurs prix sur le marché interne. Ces efforts des entreprises sont, il faut le souligner, rendus possibles par l’administration sanitaire nationale qui va les accompagner intelligemment en aménageant graduellement le cadre technique et réglementaire : la définition de procédures claires pour l’agrément des distributeurs et des producteurs ; la mise en place d’un laboratoire national de contrôle des médicaments ; la mise en place d’un cahier des charges pour les importateurs de médicaments ; les procédures de détermination du prix des médicaments ; etc…La démonopolisation de l’activité pharmaceutique étant définitivement surmontée sur le terrain, l’autre obstacle sur le chemin était alors celui de la concurrence des laboratoires étrangers, détenteurs des technologies, des savoir-faire, des droits de licence sur les produits et qui, surtout, avaient la mainmise, établie de longue date, sur le marché interne du médicament. Les entreprises locales, privées ou publiques, qui avaient engagé des investissements souvent lourds, qui avaient installé des capacités de production importantes et commencé à former leurs techniciens, voyaient leur croissance bloquée, faute de produits nouveaux à fabriquer, les laboratoires étrangers qui en étaient détenteurs refusant de les laisser accéder aux dossiers de fabrication ou à leur concéder des droits de licence ou des transferts de savoir. C’est pour sortir de ce blocage dangereux que le gouvernement algérien prend la décision, en 2008, de suspendre l’importation de tout produit non fabriqué localement. Une décision dont les effets bénéfiques sont visibles à ce jour : croissance sans précédent de la production pharmaceutique algérienne ; baisse sensible du niveau des prix ; réduction de la facture d’importation. Un paradoxe : en dépit de ses succès, l’industrie pharmaceutique locale fait souvent l’objet d’attaques injustifiées avec des perspectives de développement prometteuses. Malgré des succès tout à fait avérés, malgré le fait que la filière pharmaceutique fonctionne de manière totalement transparente que ce soit au plan des prix qu’elle pratique, des transactions que nos entreprises y réalisent d’amont en aval, des unités de fabrication comme des produits fabriqués qui sont préalablement homologués, malgré le fait qu’elle est l’une des rares dans notre économie actuelle à échapper à l’emprise de l’informel, elle est toujours paradoxalement regardée comme entre les mains de « lobbies malfaisants » qui dictent leur loi à la puissance publique. Il y a toutes les raisons de penser que cette mauvaise image est souvent diffusée de façon sournoise par des groupes d’intérêts liés à l’importation. Il faut reconnaître que l’existence d’une industrie pharmaceutique locale, puissante, moderne et solidement établie, a clairement montré, avec l’avènement de cette crise planétaire du COVID 19, qu’elle constituait une ressource précieuse sur laquelle notre pays pouvait s’appuyer dans les moments difficiles. Force est de reconnaître que l’État algérien a beaucoup investi dans le secteur tant de la santé que des industries de production de médicament mais dont les résultats ne sont pas proportionnels à l’importante dépense monétaire devant revoir les méthodes de gestion pour optimiser l’effet de la dépense. Comme dans tous les pays du monde ( les USA considérée comme le chantre de l’oncle libérale le font), l’Algérie se doit de protéger une industrie naissante temporairement leur production locale à l’aide de mesures fiscales et douanières mais loin des mesures bureaucratiques administratives au moyen d’une régulation afin de favoriser l’équilibre offre/demande. C’est cette politique publique avisée de protection du marché interne qui, adossée d’un côté à tout un système d’incitations au développement de l’investissement et de la production pharmaceutique et, de l’autre, à un environnement économique, technique et réglementaire aligné sur les meilleurs standards internationaux, qui va impulser l’arrivée sur le marché d’une production locale de plus en plus abondante et de qualité garantie et irréprochable.
La croissance de la demande interne aura ainsi été portée fondamentalement par celle de la production locale, avec une couverture des besoins nationaux en médicaments qui passe de 25% à 52% en l’espace de dix années. Dans une période qui a connu une poussée très forte des importations, ce secteur est l’un des rares au sein de l’économie nationale à avoir vu la production locale gagner des parts de marché substantielles par rapport à la vague irrésistible de l’importation. Malgré un ralentissement observable à partir de l’année 2018, et des pressions inhérentes aux perturbations économiques internes qui ont suivi la chute brutale des prix pétroliers mondiaux à partir de 2014, l’entrée en production des nombreux projets d’investissement engagés auparavant, vont conforter la résilience de l’appareil productif interne : le taux de couverture des besoins nationaux en médicaments sera évalué à 66% en 2022, par le ministère en charge de l’industrie pharmaceutique. Selon le ministère du secteur, le nombre de médicaments de fabrication locale a augmenté avec 2.889 médicaments sur un total de 3.641 médicaments figurant sur la nomenclature nationale. Devant être réaliste car fabriquer les matières premières pour ses propres médicaments, c’est un métier en soi et si on fabrique 2 ou 3 matières premières, il faut le faire à grande échelle, pour le marché mondial et être compétitif par rapport aux autres joueurs américains , indiens et chinois où le monde aujourd’hui s’oriente vers la biotechnologie.
Pour l’Algérie, les axes stratégiques à court et moyen terme devant être axée dans la R&D, par l’innovation pharmaceutique , les parts des princeps, génériques, le processus de fabrication/contrôle de qualité, en orientant notre production vers les bio -similaires et la création de produits issus de la culture cellulaire afin de réduire la facture d’importation car les gros montants en valeur ne sont pas les matières premières génériques. Cela explique la décision opérationnelle réaliste, conformément à ce qui se passe dans le monde pour ce segment complexe contrôlé par quelques firmes comme mis en relief précédemment, que le ministère des industries pharmaceutiques privilégiant le seul indicateur financier valable, la balance devises, la régulation des importations pharmaceutiques nationale afin de réduire la facture d’importation qui a été de 40% en 2022 par rapport à 2019, pour atteindre 1,2 Mds Usd alors qu’elle s’élevait à près de 2 mds USD avec le respect des normes requises dans le domaine de la production pharmaceutique restant l’unique condition d’investir dans ce domaine, a été décidé l’annulation de la condition portant fixation du taux d’intégration à 30% pour homologuer le produit pharmaceutique en Algérie. Le secteur pharmaceutique algérien couvre 70 % des besoins de la population algérienne en générique, les 30 % restants, ce sont des produits assez difficiles à développer, nécessitant étant la clé de la réussite de toute industrie, il faut investir dans la ressource humaine, dans les locaux, les centres de Recherche et Développement.
En quelques décennies, l’Algérie s’est hissée parmi les principaux producteurs pharmaceutiques d’Afrique. Le nombre d’entreprises pharmaceutiques activant dans le domaine de la production s’élevait à près de 200 entreprises, dont 137 spécialisées dans la production des médicaments permettant de couvrir plus des deux tiers des besoins nationaux, étant prévu, 69 nouveaux projets d’investissements, dont 42 projets de fabrication des produits pharmaceutiques et 27 projets de production des équipements médicaux. Quelque 200 unités de production couvrent près de 70 % des besoins du pays en générique, avec le dynamisme du secteur privé national, et sans être exhaustif existant d’autres laboratoires dynamiques.
Selon des enquêtes sur le terrain, menées par mes étudiants en doctorat, ce dynamisme est confirmé , parmi tant d’autres entreprises privées, par le laboratoire privé, Biopharm, qui commercialise depuis peu des produits d’oncologies, des anticancéreux, dont l’élaboration nécessite des infrastructures complexes et des investissements massifs, ayant mis en place un laboratoire de R&D. Biopharm développera ses prochains produits en collaboration avec le milieu scientifique et universitaire algérien avec pour objectif : promouvoir une industrie locale notamment le . le médicament générique qui représente aujourd’hui près de 85% du marché et s’il est parfaitement accepté par la population, cela tenant d’abord à une politique publique réfléchie et persévérante, au développement de la production locale qui en a fait par nécessité son vecteur principal, le marché des princeps étant pour elle le plus souvent inaccessible. On ne peut manquer de citer parmi plusieurs autres, les exemples de l’IMATINIB, un médicament pour le traitement de l’ulcère, dont le prix du princeps, fixé alors à 1600 DA/Boite, a été réduit à 200 DA/Boîte à travers un générique proposé par BIOPHARM, un avantage d’autant plus significatif que la taille du marché national était estimée entre 8 et 9 millions de Boîtes par an. Le même cas de figure s’est présenté avec le GLIVEC, un anticancéreux vendu par un grand laboratoire multinational (NOVARTIS) à 260 000 DA/Boite, pour lequel BIOPHARM a pu proposer un générique à 25 000 DA/Boite. D’une manière générale , du fait du caractère social de l’Etat, l’Algérie a pu, de la sorte et tout en prônant une politique d’élargissement de l’accès aux soins pour toute sa population, arriver à imposer des prix du médicament parmi les plus bas de la région. C’est ce qu’a pu confirmer l’étude réalisée en 2018 par IQVIA, le cabinet de renommée mondiale en matière de connaissance des marchés pharmaceutiques à l’échelle de tous les pays : « Les prix en Algérie sont notamment inférieurs aux prix moyens dans les pays de référence à travers la majorité des aires thérapeutiques, indépendamment des aires thérapeutiques chroniques ou aiguës ; la cardiologie est la seule aire thérapeutique dans laquelle nous observons un prix moyen plus élevé ». C’est sans aucun doute une grande chance pour notre pays que de disposer d’un système de sécurité sociale, qui est un instrument formidable de généralisation de l’accès aux soins pour les citoyens.. Son poids croissant dans le financement de la demande de médicaments a conduit la CNAS à jouer un rôle actif dans la fixation du prix du médicament, à travers l’instrument efficace qu’a été le tarif de référence, instrument dont la mise en place, en fixant un niveau de remboursement affiché au préalable, a poussé les fabricants à ajuster au fur et à mesure leur politique commerciale.
En conclusion, . les défis auxquels l’ industrie pharmaceutique aura à faire face au cours des années en Algérie consisteront à passer à un niveau d’organisation supérieur, non seulement pour renforcer sa place sur le marché interne, mais pour s’imposer également sur les marchés extérieurs dont l’Afrique. Une des voies, souvent évoquée, à savoir celle de la fabrication des matières premières de l’industrie pharmaceutique, dominée et solidement contrôlée par un groupe restreint de pays fortement industrialisés ainsi que certains pays émergents comme l’Inde et la Chine ne pourra être sérieusement envisagée qu’avec l’association avec de puissants laboratoires mondiaux. La clef de l’avenir de l’Algérie est clairement celle des capacités de l’innovation et de la recherche scientifique. En effet, si jusqu’ici, il s’agissait de produire des génériques tombés dans le domaine public depuis longtemps. Il faudra maintenant s’attaquer aux médicaments innovants, plus récents et plus efficaces, mais dont les droits de reproduction sont soumis à des brevets aux mains laboratoires internationaux et dont les procédés de fabrications supposent un haut niveau de capacités scientifiques. Avec la bonne gouvernance, le savoir est le fondement du développement des Nations, s’inscrivant dans les industries de la vie, et de l’avenir, pour reprendre l’expression de Jacques ATTALI.
Il s‘agit de mettre une politique appropriée afin d’atténuer l’exode massif de cerveaux qui constitue une hémorragie tant pour l’Afrique que l’Algérie où uniquement pour les médecins, sans compter toutes autres spécialisées où en 2021, on estime que 16 000 médecins et spécialistes algériens exercent dans le pays européen, et pour 2022 environ 1200 médecins algériens, de différentes spécialités, s’apprêtaient à partir en France pour travailler dans ses hôpitaux après leurs réussite aux épreuves de vérification des connaissances -EVC. La capitalisation de ce savoir est l’axe fondamental du développement et pour le segment spécifique des industries pharmaceutiques, il y a lieu d’établir des connexions solides entre les nombreux laboratoires de recherche en place dans toutes nos universités et les entreprises pharmaceutiques nationales, où bon nombre d’entre elles ont déjà mis en place leurs propres laboratoires de recherche-développement et ont entrepris d’en faire la base solide de leur croissance future.