La situation actuelle de l’Afrique, responsable d’environ 4% des émissions de gaz à effet de serre mais subissant l’un des impacts les plus importants par rapport au changement climatique, interpelle. Avec des pertes potentielles estimées à 15 % du PIB selon la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et un risque de recul de l’ordre de 30 % du PIB par an à l’horizon 2040 selon les estimations de la Banque africaine de développement (BAD), il y a urgence à formuler des réponses adéquates. Ces réponses techniques et concrètes sont proposées par la finance verte, un domaine qui concentre 35 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion. « Si les obligations vertes ont dépassé le cap des 1000 milliards de dollars à la fin novembre 2022, à peine 1% de cette manne revient à l’Afrique », regrette Seyni Nafo, keynote speaker de la cinquième édition des Financial Afrik Awards tenue le 8 décembre 2022 à Lomé et dont voici le rapport.
Ainsi, avertit le négociateur africain à la COP, si l’on n’y prend garde, le gap sera difficile à combler. Qui plus est, dans un contexte de rattrapage sur les infrastructures (des besoins africains estimés entre 75 et 100 milliards de dollars par an d’ici 2030) et sur l’accès universel à l’énergie (75 milliards de dollars par an d’ici 2030). Bien pris en compte, la question du climat est une source d’opportunités, poursuit Seyni Nafo, décrivant l’offre et la demande en la matière.
Les pays les mieux préparés sont repartis de la dernière COP (tenue en novembre 2022 à Charm El Sheikh , en Égypte) avec d’importants engagements obtenus en matière de finance verte. Ainsi, l’Afrique du Sud a conclu 8 milliards de dollars pour financer sa transition énergétique. L’Egypte en a fait de même pour 10 milliards de dollars et l’Indonésie pour 20 milliards de dollars. Il s’agit ici de packages combinant financement concessionnel, non concessionnel et garantie avec différents partenaires. L’Egypte a en outre signé entre 83 à 85 milliards de dollars avec une quinzaine de partenaires pour la production de l’hydrogène vert.
Ces exemples avancés par le keynote speaker illustre des opportunités de la finance verte. Il faudrait au préalable que les pays se dotent de stratégies de financement intégrant l’ensemble des segments. L’offre de finance verte est structurée en pyramide avec à la base, le Fonds vert pour le climat (FVC) basé en Corée du Sud, le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et le Fonds d’adaptation au changement climatique (FACC).
Après ce premier étage, viennent les banques de développement (BAD, BEI, BEI, Banque mondiale) qui ont des cibles climat pour certaines, des cibles énergie et des fonds d’adaptation au changement climatique pour d’autres.
Ensuite, les marchés des capitaux puis, un étage encore au dessus, de la la finance innovante comme le marché carbone, la philanthropie…Vous avez en gros ce qu’on appellerait de la création monétaire avec comme exemple le plus parlant la redirection des DTS du FMI vers les questions de soutenabilité et de développement durable.«Tout en haut de la pyramide, nous avons de l’assouplissement quantitatif. Le processus est de générer du green quantitative easing pour accélérer la transition énergétique et accélérer la lutte contre les changements climatiques», explique Seyni Nafo invitant les praticiens à regarder toute la pyramide de la finance verte.
Lire tout le rapport sur la finance verte issu de la cinquième édition des Financial Afrik Awards.