« En 2023, nous comptons ouvrir des corridors qui vont faire transférer de l’argent de la Cemac vers l’Uemoa »
Valentin Mbozo’o, directeur général du Groupement interbancaire monétique de l’Afrique centrale (Gimac), a pris part à la 2e édition du Forum international de l’intermédiation, du numérique et de l’innovation (FONI) organisée de 2 au 5 mai 2023 à Lomé (Togo). En marge des travaux, le Camerounais a répondu aux questions de Financial Afrik et aborde un projet capital : des corridors devant permettre des transferts d’argent entre les zones Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) et Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine). Exclusif!
Quelles sont les perspectives du Gimac dans un contexte de convergence des services bancaires, Fintech, Télécoms et Telecos ?
Depuis 2020, le Groupement interbancaire monétique de l’Afrique centrale (GIMAC) est précurseur de beaucoup d’innovations dans le domaine de la monétique. Nous avons été parmi les premiers à développer l’interopérabilité intégrale qui couvre le volet transactions cartes mobiles et transferts compte à compte, et bien d’autres. En 2023, nous avons tout un autre package de choses que nous allons développer, parmi lesquelles le paiement à la demande, le paiement instantané, les virements de cartes à comptes, et la rémittence sortante pour laquelle nous étions un peu limités à cause du règlement sur le change qui contrôle désormais les transactions financières vers l’étranger. (…)
Les concitoyens de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) ont pris goût à nos innovations et en demandent de plus en plus, parce que tout cela est fait sur base des us et coutumes; nous ‘designons’ les produits que nous offrons à travers les banques, les opérateurs Mobile Money et les établissements de paiement, sur la base de nos cultures, des habitudes et nos coutumes.
Il est beaucoup question de l’Open Banking dans le cadre de FONI 2023. Où en est la zone Cemac par rapport à cette innovation ?
L’Open Banking offre des opportunités qui intéressent nos populations. Notre culture d’entreprise au Gimac, c’est « no limit ». Si cela a été fait ailleurs, nous ne restons pas en marge de l’innovation. Et la plupart du temps, on a fait mieux. C’est la raison pour laquelle Financial Afrik a désigné le Gimac « Meilleur intégrateur monétique africain 2022 », lors des Financial Afrik Awards, le 8 décembre à Lomé.
Pourquoi l’interconnexion monétique entre le Gimac et le Gim-Uemoa a-t-elle pris du retard ?
Pour cheminer ensemble, il faut être semblable. Alors que la zone Gim-Uemoa est encore sur l’interopérabilité carte exclusivement, nous, nous sommes sur l’interopérabilité intégrale.
Outre ce facteur, il y a d’autres problèmes à régler. Il faudrait, pour qu’il y ait une interopérabilité entre les cartes de Gim-Uemoa et les cartes du Gimac, des systèmes de compensation interconnectés. Le problème a failli être résolu au niveau des banques centrales, mais leur dynamique à résoudre des problèmes technologiques est plus lente que celle des acteurs du digital que nous sommes. Mais qu’à cela ne tienne, cette année, nous comptons ouvrir des corridors qui vont faire transférer de l’argent de la zone Cemac vers les pays de l’Uemoa, par la rémittence sortante que nous allons mettre en œuvre dès cette année.
La cybersécurité est une problématique aujourd’hui sérieuse. Comment le Gimac gère-t-il ce phénomène ?
Notre plateforme est certifiée PCI DSS, le plus haut niveau de sécurité en terme de traitement des données cartes. Nous avons mis plusieurs autres niveaux de sécurité, y compris la gestion du nombre de transactions, pour rendre difficile toute facilité à pouvoir attaquer les plateformes monétiques. Depuis un certain temps, ça marche parce que nous avons connus plusieurs tentatives d’intrusion qui ont toujours trouvé nos mesures de sécurité, aussi bien physiques que logiques.
Propos recueillis par Nephthali Messanh Ledy