Le président de la Banque africaine de développement, M. Adesina, appelle à une mise en œuvre urgente des réformes.
Le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, a réaffirmé aux partenaires au développement et aux créanciers l’engagement de son gouvernement à mettre en œuvre des réformes essentielles afin de résoudre la dette et les arriérés du pays, qui s’élèvent à près de 8,3 milliards de dollars.
Il s’exprimait lors du forum de haut niveau sur la résolution de la dette qui s’est tenu lundi à Harare, la capitale du pays. Le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, et le facilitateur des dialogues de haut niveau, l’ancien président du Mozambique Joaquim Chissano, ont également pris la parole, de même que des représentants du gouvernement, des partenaires au développement, du secteur privé, des anciens propriétaires d’exploitations agricoles et des organisations de la société civile.
« Malgré les défis associés au surendettement et exacerbés par l’albatros des sanctions économiques illégales, le Zimbabwe est en train de franchir des étapes clés pour faire avancer notre pays pour l’intérêt de notre peuple », a rassuré le président Mnangagwa. Les quatre principaux piliers de mise en œuvre du programme de réforme du Zimbabwe sont la réforme de la gouvernance, la réforme du régime foncier, l’indemnisation des anciens exploitants agricoles et la résolution des accords bilatéraux de protection des investissements.
Une dette insoutenable
M. Adesina, qui est le champion officiel de l’apurement des arriérés et de la résolution de la dette du Zimbabwe, a exprimé sa profonde inquiétude concernant la dette du pays, préoccupé par l’« accumulation de la dette due à des arriérés dont on ne voit pas la fin. »
Selon M. Adesina, « le Zimbabwe ne peut pas gravir la colline de la reprise économique en portant un sac de dettes sur le dos. Il est temps de procéder à un apurement complet des arriérés et de résoudre le problème de la dette du Zimbabwe. Mais il ne s’agit pas d’une promenade de santé. Nous devons faire face à l’histoire, pour faire l’histoire ».
Il a ajouté que « les sanctions économiques enfoncent le Zimbabwe dans une dette insoutenable. La dette elle-même n’est pas aussi débilitante que les arriérés de paiement, qui empêchent le pays d’accéder à des financements concessionnels internationaux ou à d’autres sources de revenus ou de financement moins onéreuses pour rembourser ses obligations. »
La majeure partie de la dette bilatérale et multilatérale combinée du Zimbabwe, qui s’élève à 8,3 milliards de dollars, est constituée d’arriérés. Le pays publie actuellement des statistiques sur la dette publique et des informations sur le paiement de la dette afin de garantir la transparence et la responsabilité. « Il est nécessaire d’entretenir la confiance et la bonne volonté qui continuent de croître entre toutes les parties », a déclaré le président Mnangagwa.
Il a ajouté que la reprise économique durable du pays nécessitait un processus complet d’apurement des arriérés et de résolution de la dette, soutenu par les institutions financières internationales et la communauté internationale dans son ensemble.
Dans son allocution, M. Chissano a déclaré que la situation du Zimbabwe était préjudiciable à la région : « La crise dans le pays a des conséquences terribles pour la région, car le Zimbabwe se trouve au cœur de l’Afrique australe. De nombreux plans de développement d’infrastructures régionales, notamment des routes, des chemins de fer et des lignes de transport d’électricité, sont au point mort, car ces infrastructures doivent traverser le pays. Le libre-échange continental est également compromis par la situation qui prévaut au Zimbabwe ».
Mobiliser 3,5 milliards de dollars pour l’indemnisation
En ce qui concerne les réformes foncières et les indemnisations, M. Adesina a déclaré que la banque travaille avec le gouvernement du Zimbabwe pour développer des instruments et des structures financières innovants qui peuvent être utilisés pour avancer la mobilisation de 3,5 milliards de dollars pour les indemnisations.
Il a mis en garde contre de nouveaux retards, qui pourraient éroder la confiance. « Le temps compte, la réactivité compte et la viabilité financière compte », a-t-il déclaré.
M. Adesina a appelé les partenaires au développement « à travailler ensemble sur cette structure proposée qui peut aider à tirer parti des marchés de capitaux pour financer les compensations sans dette supplémentaire pour le Zimbabwe. »
Le dirigeant de la Banque africaine de développement a félicité le gouvernement pour sa décision de mettre à disposition des titres fonciers afin de renforcer la sécurité des terres agricoles commerciales. « Ces titres seraient délivrés pour des baux de 99 ans qui sont également commercialement viables, bancables et transférables », a-t-il recommandé.
Engagement en faveur d’élections libres et équitables
En ce qui concerne les réformes électorales, le président Mnangagwa a assuré aux parties prenantes que le pays avait mis en place les mécanismes nécessaires pour garantir des élections pacifiques, libres, équitables et crédibles, prévues pour le mois d’août de cette année.
« Mon gouvernement est déterminé à consolider le constitutionnalisme, l’État de droit, la bonne gouvernance et à protéger les droits et libertés consacrés par la Constitution », s’est engagé M. Mnangagwa.
M. Adesina a félicité le gouvernement du Zimbabwe et a noté que « le peuple du Zimbabwe et la communauté internationale suivront la situation de très près. La force du réengagement avec la communauté internationale dépendra de cela. Cela dépendra également non seulement de l’élection, mais de l’ensemble du processus électoral qui garantit une élection crédible », a insisté M. Adesina.
Il a en outre souligné la nécessité pour les parties prenantes de veiller à ce que des progrès concrets et mesurables soient réalisés en ce qui concerne la Loi sur la démocratie et la reprise économique au Zimbabwe (ZIDERA), qui est essentielle pour le réengagement avec les États-Unis et pourrait être utilisée pour soutenir le plaidoyer en faveur de la levée de certaines sanctions imposées par le Congrès américain.
Le dirigeant de la Banque africaine de développement et M. Chissano se sont rendus aux États-Unis au début du mois de mai pour rencontrer des responsables du Congrès américain, du département du Trésor, du département d’État et d’autres agences américaines.
M. Adesina a synthétisé : « Un soutien clair pour ce dialogue de haut niveau s’était alors dégagé avec l’espoir qu’il se traduira par des progrès concrets et mesurables sur le terrain afin d’éclairer l’examen de la levée des sanctions en vertu du ZIDERA. »
En décembre 2022, le gouvernement zimbabwéen avait mis en place une plateforme de dialogue structuré avec l’ensemble des créanciers et des partenaires au développement, afin d’institutionnaliser un dialogue structuré sur les réformes économiques et de gouvernance pour soutenir le processus d’apurement des arriérés et de résolution de la dette.