Lauréat du Prix Mo Ibrahim pour la gouvernance, décerné il y a deux semaines à Nairobi lors du Mo Ibrahim Forum (Financialafrik avait couvert l’événement), le nigérien Mahamadou Issoufou a été fêté le 19 mai à Niamey dans une salle archicomble en présence de son successeur, Mohamed Bazoum et d’influentes personnalités du landerneau politico-économique local. Ce prix de 5 millions de dollars versé sur dix ans est décerné aux chefs d’Etat qui quittent le pouvoir de manière démocratique.
Les illustres lauréats sont Joachim Chissano, ancien président du Mozambique, récipiendaire de l’édition 2007, suivi du Botswanais Festus Mogae en 2008, Pedro Pires du Cap-Vert en 2011, le président Hifikepunye Pohamba de Namibie (2014), la la présidente Ellen Johnson Sirleaf du Libéria (2017) et Mahamadou Issoufou en 2021 avec remise du trophée en 2023.
Le Prix Mo Ibrahim sert de valeur pédagogique dans un continent où encore les enjeux de conquête et de conservation du pouvoir l’emportent sur les enjeux du développement.
L’on se rappelle, après deux quinquennats (2011-2020) à la tête du Niger, le président Issoufou avait décidé de ne pas être candidat à un troisième mandat lors des élections présidentielles de décembre 2020, conformément à la constitution du Niger.
Sous son magistère, le PIB du Niger est passé de 7,9 milliards de dollars US en 2010, année de la junte militaire, à 12,9 milliards de dollars US en 2019, soit une augmentation de +64,3 % (5,1 milliards de dollars US). Sur cette période de dix ans, le pays a enregistré des taux de croissance du PIB positifs, allant de +2,4 % en 2011 à +10,5 % en 2012. Le taux de croissance du PIB pour 2019 était de +5,9 %.
Cependant, le Niger a également connu le troisième taux de croissance démographique le plus élevé au monde pour la période 2015-2020 (+3,8 %) et, entre 2010 et 2019, la population du pays a augmenté de 6,8 millions d’habitants (soit l’équivalent de la population actuelle de la Libye).
À titre de comparaison, le PIB du continent africain a augmenté de +21,9 % au cours des dix dernières années, pour un taux de croissance démographique de +2,5 %, sur la période 2015-2020.
Encadré
Bazoum remet les pendules à l’heure
Présent lors de la cérémonie, le président Mohamed Bazoum a opposé un démenti formel aux rumeurs de prétendues tensions, voire de clash entre lui et son devancier. Il n’en est rien, clame l’homme fort de Niamey, invoquant un célèbre auteur français.
Le Président Mohamed Bazoum a félicité Issoufou pour avoir rendu l’alternance possible envers et contre tous les pronostics m. «Votre nom est passé à la postérité pour avoir été associé à un geste tout d’élégance et de panache», a affirmé le Chef de l’Etat. Le chemin est désormais balisé pour ceux qui voudront accéder à la magistrature suprême.. «lls n’ont plus d’autre choix que de respecter la constitution et éviter à notre pays les tribulations inhérentes à la tentation du pouvoir éternitaire», a déclaré Bazoum dans un torrent d’applaudissements.