« Le Rwanda est la maison des fintech »
Kigali International Financial Center (KIFC) abrite depuis ce mardi 20 juin, la première édition du Forum inclusif sur la fintech co-organisée avec Elevandi, une organisation à but non lucratif créée par l’Autorité monétaire de Singapour pour favoriser un dialogue ouvert entre les secteurs public et privé afin de faire progresser le secteur de la fintech dans l’économie numérique. En marge de l’évènement, Gwladys Watrin, en charge des Relations avec les investisseurs et du Développement commercial répond aux questions de ‘Financial Afrik’ sur la promotion des fintech et leur régulation au Rwanda.
Propos recueillis à Kigali par Nephthali Messanh Ledy
Le Kigali International Financial Center, qu’est-ce que c’est ?
Le Kigali International Financial Center (KIFC), c’est la place financière de Kigali. C’est le fait d’utiliser le Rwanda comme une plateforme ouverte pour recevoir les investissements transfrontaliers, d’utiliser le Rwanda pas forcément pour investir au Rwanda, mais comme hub pour toute l’Afrique de l’est, voire l’Afrique en général. C’est un projet qui est dans la vision stratégique de notre pays, la Vision 2050, qui est de transformer le Rwanda en knowledge-based economy, un pays à revenu intermédiaire pour 2035, et à revenu élevé pour 2050. Ça fait partie des projets stratégiques qui ont été mis en place au Rwanda.
Quel bilan à mi-parcours peut-on déjà dresser ?
On a fait de très grands progrès depuis 3 ans et demi que nous avons commencé avec le centre financier. Tout d’abord, nous avons réformé 19 lois qui sont aujourd’hui dans le code des investissements. Nous avons réformé, amendé et créé de nouvelles lois pour être en règle avec les standards internationaux. C’était très important pour le centre financier de pouvoir avoir les meilleurs standards internationaux et d’être vraiment réglementaire.
Deuxièmement, nous avons mis en place une taxation qui est très attractive pour un certain nombre d’activités que nous avons jugé prioritaires pour le développement de notre écosystème, pour le développement du Rwanda et ces activités ont besoin d’un minimum de substance pour pouvoir justement en bénéficier. On travaille aussi sur tout ce qui est renforcement des compétences (il n’y a pas de centre financier sans compétences, et on a un département qui s’occupe spécifiquement d’attirer des talents, que ce soit de la diaspora, les universitaires, etc., et de les former). C’est des progrès qui sont assez spectaculaires depuis qu’on a commencé nos activités.
Vous êtes co-organisateur du Forum sur la fintech qui a lieu ici au KIFC. Pourquoi une telle initiative ?
On organise effectivement l’Inclusive FinTech Forum qui est à sa première édition. Le but, c’est simplement de faire un focus sur les fintech en Afrique, et de se positionner nous-même comme la place ou la maison des fintech en Afrique. C’est un évènement qu’on co-organise avec Elevandi de l’Autorité monétaire de Singapour qui est notre partenaire.
L’idée, c’est de se dire qu’aujourd’hui, les fintech sont un gros challenge en Afrique, mais aussi une grosse opportunité pour l’Afrique. Donc, comment faire ? On a des jeunes entrepreneurs qui ont de brillantes idées, des plus grosses fintech sur le continent, comment donc faire pour les matcher aujourd’hui avec le capital. En même temps, on a des fonds d’investissement qui cherchent à investir dans les fintech. L’idée, c’est que pendant ces 3 jours, on va aussi bien pouvoir matcher le capital avec les fintech, on va aussi bien pouvoir parler de tout ce qui est réglementation, de comment faire cette réglementation pour les fintech, et enfin, on va pouvoir aussi permettre à des fintech de se faire connaitre.
On a aussi toute une partie Carrier Forum, un forum sur les carrières, pour créer des nouveaux talents, des futurs talents dans les fintech en Afrique, et toute une partie évidemment sur les femmes, un sujet très important. Elles sont de plus en plus nombreuses dans le secteur et c’est quelque chose que le centre financier veut vraiment promouvoir notamment à travers cet évènement.
Fintech, innovations et régulations peuvent-elles faire bon ménage ?
Les régulateurs ont un très grand rôle à jouer au niveau des fintech. Aujourd’hui au Rwanda par exemple, on a créé une Sun Box, un parcours par lequel vous pouvez passer pour pouvoir être régulé le plus rapidement, mais aussi le plus efficacement possible. Autre exemple, au Rwanda, aujourd’hui si vous demandez une licence pour une fintech, vous pouvez l’avoir dans 3 mois. On a un régulateur qui est la banque centrale.
Mais on sait ce n’est pas le cas de tous les pays en Afrique, et que c’est parfois difficile d’aller sous tout ce processus de régulation. C’est un challenge pour l’Afrique. Et c’est un challenge que nous au Rwanda, on est capable de relever aujourd’hui avec justement des régulateurs qui comprennent le marché et qui sont là pour travailler main dans la main avec les fintech. Donc définitivement, les régulateurs, les banques centrales, ont un rôle clé à jouer dans le développement des fintech.
Quelles sont les autres actions de promotion des fintech que vous menez ?
Il y en a plusieurs. La première, c’est la création d’un écosystème. On est en train d’attirer, et on veut attirer encore plus d’incubateurs, plus d’accélérateurs, c’est-à-dire travailler avec des partenaires stratégiques pour aider les fintech à se développer. Aujourd’hui, on peut citer le plus grand incubateur d’Afrique qui est à Kigali, et qui permet d’accompagner les fintech parce qu’elles ont besoin de capital. Et pour avoir cet accès au capital, il faut être prêt. Pour cela, vous avez des accélérateurs qui peuvent vous aider, qui peuvent aussi, comme des pépinières, vous incuber votre projet et vous aider à grandir.
Donc, la mise en place de tous ces accélérateurs et incubateurs est importante. On supporte aussi les fintech pour qu’elles puissent se promouvoir hors du Rwanda, en Afrique de l’est globalement via notre club, le KFC Membership sur lequel on promeut nos fintech, on essaie de leur offrir d‘autres opportunités et marchés. L’idée, c’est vraiment de créer tout cet écosystème autour des fintech. En plus d’avoir tout ce qui est réglementaire, on a aussi l’écosystème qui se développe en même temps.
Votre mot de la fin…
On attend toutes les fintech d’Afrique qui veulent tester leur concept au Rwanda, pour utiliser le Rwanda comme un pays pilote. On sera évidemment ravi de vous avoir dans les prochains jours à Kigali pour l’IFF, mais aussi de vous aider tout au long de la suite des étapes pour pouvoir se baser au Rwanda qui est la maison des fintech.