Par Baudoin de Petitville, consultant en intelligence économique.
Dans un contexte économique complexe, Madagascar reçoit une bouffée d’oxygène financière. Le FMI, après des discussions approfondies, approuve la quatrième revue de l’accord avec Madagascar et débloque 32 millions de dollars. Quels en sont les enjeux et les implications pour le pays ?
Pourquoi cette décision du FMI ?
Le 22 juin 2023, le Conseil d’administration du Fonds Monétaire International a pris une décision importante concernant Madagascar. L’institution financière internationale a approuvé la libération de 32 millions de dollars dans le cadre de la « Facilité élargie de Crédit » (FEC). Ce soutien financier vise à couvrir les besoins budgétaires et de financement extérieur de l’État malgache, avec un accent particulier sur le redressement de la JIRAMA, la compagnie nationale d’eau et d’électricité. Une décision qui fait suite aux engagements pris par le gouvernement malgache d’Andry Rajoelina envers le FMI concernant la transparence et le suivi de la situation financière de la JIRAMA.
La FEC est un programme d’aide financière mis en place par le FMI pour soutenir les programmes économiques des pays confrontés à des défis économiques de longue durée. Il fournit une assistance sur une période prolongée afin de permettre la mise en œuvre de réformes structurelles. Madagascar est bénéficiaire de ce programme depuis février 2021 et recevra un total de 312 millions de dollars en plusieurs tranches sur une période de 40 mois.
Madagascar : une sortie de crise réelle, mais compliquée par la situation économique mondiale
Car Madagascar est confronté à des défis économiques et sociaux de taille. Malgré une croissance économique notable de 5,7% en 2021, largement alimentée par le secteur minier, de la construction et des services, la situation reste précaire. Les catastrophes naturelles, la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, ainsi que la faible productivité, pèsent sur l’économie. En 2022, la croissance économique a ralenti, et l’inflation a atteint 10,9%, entravant considérablement le pouvoir d’achat des ménages.
En effet, Madagascar est largement dépendant de l’agriculture, de la pêche et de l’exploitation minière. Bien que ces secteurs aient contribué au rebond économique de 2021, leur vulnérabilité aux chocs exogènes – tels que les cyclones – et aux fluctuations des prix mondiaux rend malgré tout l’économie malgache particulièrement instable.
Dans ce contexte économique et budgétaire difficile, l’accord avec le FMI pourrait jouer un rôle significatif. Les fonds reçus peuvent en effet offrir des opportunités pour améliorer les infrastructures, soutenir les secteurs clés et assister les populations vulnérables. Néanmoins, la manière dont ces fonds sont gérés sera cruciale, car l’assistance financière ne résout pas automatiquement les problèmes structurels : elle temporise, en attendant que les réformes entreprises ces dernières années portent leurs fruits.
La somme débloquée peut donc être un catalyseur pour sortir l’île de l’ornière, mais ce potentiel ne sera réalisé que si les pouvoirs publics malgaches utilisent ces fonds pour amortir la crise actuelle et préparer la croissance de demain. La route vers la stabilité économique et le développement durable à Madagascar est complexe, et l’accord avec le FMI ne constitue qu’une partie de l’équation